La Coj a rencontré la nouvelle Ministre de la Jeunesse, Isabelle Simonis. La concertation sera au cœur de sa méthode, la poli tique jeunesse e sera, elle, soumise aux mesures d’économies de l a Fédération Wallonie Bruxelles. La Ministre en appelle à la créativité de chacun comme e carburant de remplacement.
A la mi-septembre, nous étions apparemment les premiers du Secteur à rencontrer notre nouvelle Ministre de la jeunesse, Isabelle Simonis. La CO J, via sa présidente (Semra Umay) et sa Secrétaire générale (Yamina Ghoul) a donc interpellé la Ministre sur les dossiers qui la préoccupent: décret et agréments, financement, emploi, DP, concertation politique/secteur, Plan jeunesse, Circulaire Infra, Comité Soutien projets jeunes, visas pour le volontariat international, Garantie jeunesse… Accompagnée de son chef cab’ adjoint à la jeunesse, Fabian Martin, la Ministre de la jeunesse est déjà proactive, entamant une série de rencontres sectorielles, demandant les priorités des uns et des autres. Plus d’une heure durant, la conversation fut donc franche et conviviale, là où la COJ a apporté les croissants, hésitant avec un cactus de bienvenue. A la sortie, les impressions de la COJ ? Pour la Présidente: «Rien de neuf mais une priorité sur la protection de l’emploi et le volume des détachés pédagogiques. J’ai rencontré une ministre à l’écoute». Pour la Secrétaire générale: «Une ministre attentive, qui prend des notes. On sait que la période d’austérité n’est pas terminée et elle nous le confirme. On verra mais elle semble être attentive au volet financier si fragile des budgets dits «facultatifs et à la concertation». En attendant, voici le compte-rendu en mots-clefs des intentions, propos, de notre nouvelle Ministre de la jeunesse 2014-2019.
«Une politique cohérente gagnerait en transversalité. Elle sera horizontale et verticale. Horizontale: au sein de notre Cabinet, avec mes compétences «promotion sociale», «égalité des chances», on doit pouvoir construire des passerelles. La transversalité aussi au sein du gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles notamment avec les secteurs de l’aide à la jeunesse, de l’enseignement, de la culture, etc. Et puis, je compte insuffler une transversalité verticale. Je pense aux régions et aux pouvoirs locaux. Et quand je dis «Régions», je pense notamment à la Garantie jeunesse. Par ailleurs, j’interpellerai aussi mon gouvernement sur des questions qui animent le secteur comme la Charte associative et la question des visas pour le volontariat international,des compétences qui dépendent du ministre-président de la Fédération Wallonie Bruxelles, Rudi Demotte. La transversalité doit être naturellement présente en politique».
«La Garantie jeunesse n’est pas un financement sectoriel complémentaire mais ce sont des moyens à mobiliser. Le secteur de la jeunesse doit être partie prenante dans cette volonté de faire de l’emploi et de la formation des jeunes une priorité de cette législature. Ce qui veut dire qu’une concertation assez rapide devrait s’entamer».
«Il y a des choses intéressantes comme l’instauration de la CIM, la Conférence Interministérielle qu’il faudra dynamiser avec des thématiques, dont une, prioritaire à mes yeux, liée à l’emploi et la formation des jeunes, en lien avec le dossier de la Garantie jeunesse. Pour le reste, en 2014 il n’y a plus de financement affecté pour le Plan Jeunesse».
«Dans les deux premières années (2015-2016), on devrait fonctionner à politique constante, voire même en réduction de budget (voir «rigueur» NRD). Ensuite, pour 2017-2018, il devrait y avoir des marges et donc permettre des politiques nouvelles. Ce qui veut dire que dans ces deux premières années, pour moi, la priorité sera de préserver l’emploi dans le secteur. Ce qui sera déjà un enjeu! Il faudra trouver des solutions budgétaires assez rapidement notamment à la question des détachés pédagogiques qui n’a pas été réglée. De plus, comme annoncé dans la Déclaration de Politique Communautaire, on va essayer de «maintenir l’emploi» dans un contexte où, en effet, les mécanismes d’aides à l’emploi vont être remis à plat. Je n’ai pas de baguette magique mais mon cadre est: 2 ans où il faudra préserver l’emploi.»
«Il faudra qu’on voit avec l’ajustement budgétaire en cours comment les choses se passent par ailleurs. De plus, on vient d’arriver. On n’a donc pas encore eu le temps d’aborder avec l’administration les dossiers déjà rentrés. Enfin, une des exigences sera sur la mise à disposition des bâtiments sous-utilisés. Il faut aller plus loin avec les pouvoirs locaux. On devrait pouvoir créer des conventions-type pour faire en sorte que les bâtiments déjà sous-utilisés puissent être mis à disposition des associations. C’est de pouvoir activer cette créativité-là sans les moyens nouveaux mais on ira frapper aux portes des bourgmestres, on sera pour le secteur une sorte de «facilitateur» en la matière. Concernant les circulaires, les pérenniser en décret n’est pas un absolu. Je proposerai un décret que si on a les moyens pour l’appliquer. Toutefois, la Circulaire Infra reste une priorité. »
«On est en période – je n’aime pas le mot «rigueur» – mais en tout cas de questionnements et d’économies générales où il faut affecter tout euro public de la meilleure manière qui soit. Pour cela, il va falloir faire preuve de créativité. Il faudra peut-être revoir certains mécanismes. Dans les économies budgétaires, il y a des secteurs plus identifiés que d’autres. La jeunesse n’est pas visée directement mais il y a des mesures d’économies qui vont s’appliquer partout et cela concerne particulièrement les subventions facultatives avec des réductions d’un petit pourcentage pour l’année 2015. C’est ce qui est prévu dans l’accord du gouvernement.»
«On ne fera pas des promesses qu’on ne pourra pas tenir. Actuellement, ce qui nous attend en 2015, c’est l’évaluation des décrets. Quelles situations, depuis 2009, du Décret des organisations de jeunesse et depuis 2010 du Décret Centre de jeunes? Comment ces décrets ont évolué et où en est-on? Quelle est l’efficacité de ces fameuses grilles d’application? De plus, en concertation, il faudra mettre à plat les questions sur les reconnaissances des OJ, sur leur évaluation, le contrôle des organisations, etc.»
«Venant de l’extérieur: quelle complexité dans les mécanismes! À partir du moment où un permanent, dans une structure de jeunesse, passe plus de temps à essayer de comprendre tel ou tel appel à projets, telle forme de subventionnement ou telle manière de stabiliser sa structure, je trouve qu’il y a sans doute moyen de gagner en énergie et en simplification. La simplification administrative – parfois considérée comme une notion éculée – reste un impératif! De plus, l’objectif nous permettra d’effectuer des économies en termes de ressources humaines. Si on peut dégager des ressources humaines dans moins de travail administratif, c’est le rendre efficacement au secteur. C’est un moyen créatif où l’on simplifiera un maximum pour que les OJ se concentrent sur l’essentiel, s’occuper des jeunes. C’est donc une piste qui, même si elle ne dégage pas des moyens nouveaux, apportera une bulle d’air dans le secteur. Dans les moments de crise, il faut être créatif.»
«Il s’agira rapidement de faire du dialogue et de la concertation le fil rouge de ma politique. Avec mon équipe, on entamera cette législature en (re)donnant la parole au secteur dans toute sa diversité et ses dimensions. Dans les six prochains mois, on va avoir un dialogue concentré dans le temps puis, tout au long de la législature, en faisant en sorte que le dialogue soit permanent. J’aimerais d’abord avoir une sorte de panorama de ce que le secteur attend. Comment on peut satisfaire ses attentes dans le contexte qui est le notre. C’est une nécessité si on veut que les quatre prochaines années suivent une politique cohérente. Évidemment, je n’ai pas de programme ici et maintenant. Ce sera à construire ensemble avec le secteur et, selon les accords du gouvernement avec lesquels chaque ministre est tenu.
Le rôle d’un Cabinet ministériel est de tenter de faire une synthèse en visant l’intérêt général, avec parfois des organisations qui sont d’accord, parfois qui ne sont pas d’accord. J’irai évidemment aussi sur le terrain pour me rendre compte, rencontrer le secteur dans son travail. Tout cela se met en place, et prendra un peu de temps.»
Propos recueillis par Nurten Aka