La COJ a rencontré Solayman Laqdim, le nouveau Délégué Général aux Droits de l’Enfant après son élection très médiatisée et une entrée en fonction expresse. Avec un parcours de 20 ans essentiellement dans le secteur de l’aide et de la protection à la jeunesse, il porte une attention particulière aux enfants et jeunes en situation de précarité. Celui qui qualifie la fonction de Délégué Général aux Droits de l’Enfant de “garde-fou démocratique” démarre son mandat de 6 ans une fois de plus au service des enfants.
Solayman Laqdim, c’est l’équilibre entre homme de terrain et homme institutionnel. “J’ai un parcours de terrain et je pense qu’il faut y rester connecté parce que sinon on passe à côté de notre mission et on perd en légitimité. De l’autre côté, j’occupe une fonction qui a un capital symbolique important et donc forcément une posture institutionnelle mais c’est aussi une force car cela me permet d’être un haut-parleur et une caisse de résonnance par rapport à ce que l’associatif ou les autorités administratives perçoivent.”
Le secteur Jeunesse a toujours été un secteur ami avec lequel le nouveau délégué a eu l’habitude de dialoguer. Il en apprécie particulièrement la philosophie du “par et pour les jeunes” ainsi que l’objectif de former des CRACS (Citoyens Responsables Critiques et Solidaires). “Il y a une philosophie d’éducation permanente derrière cela, tendre vers une émancipation des jeunes pour en faire des personnes qui développent un esprit critique, qui font partie de la solution et dont la parole est une parole agissante. Je trouve cela très précieux.”
Il évoque également ses frustrations concernant la définition d’un jeune en Fédération Wallonie-Bruxelles : “Ce que j’apprécie particulièrement dans le secteur Jeunesse c’est l’âge cependant je suis un peu frustré que la tranche d’âge qui définit un jeune en Fédération Wallonie-Bruxelles ne soit pas identique à toutes les instances, elle varie entre 18 et 30 ans. C’est peut-être un chantier sur lequel il faudrait réfléchir : Qu’est-ce qu’un jeune en Fédération Wallonie-Bruxelles ?”
“Que ce soit tout seul ou avec son équipe, le Délégué Général aux Droits de l’Enfant n’est rien” selon le nouveau Délégué Général, si on veut respecter les droits de l’enfant il y a de nombreux enjeux fondamentaux sur lesquels les réflexions sont à faire en dialogue avec le secteur Jeunesse. “Comme par exemple la réflexion sur les congés scolaires de l’enseignement obligatoire et supérieur qui ne sont pas les mêmes. Cela crée des soucis pour les jeunes du supérieur qui sont habituellement animateurs durant ces périodes mais dont les congés ne correspondent plus avec ceux des jeunes du fondamental et du secondaire. Il y aurait dû avoir des discussions au préalable avec le secteur Jeunesse.”
On l’entend bien, Solayman Laqdim compte travailler main dans la main avec le secteur Jeunesse pour parvenir à faire valoir au mieux les droits des enfants. Mais il souhaite également rendre plus visible les actions de l’institution qu’il représente. “Si on veut que les enfants exercent leurs droits, il faut qu’ils les connaissent. Aujourd’hui, ils sont présents sur leurs smartphones et les réseaux sociaux, nous devons donc investir ces plateformes-là mais actuellement, c’est un peu notre faiblesse. Nous devons y travailler. “
Son autre cheval de bataille, la précarité, conjointement avec le numérique mène à des enjeux importants comme l’inclusion et la fracture numérique dont il est conscient. “En Belgique, au-delà de ceux qui n’ont pas accès au numérique, beaucoup de gens ne le maitrisent pas. On retrouve énormément d’enfants très actifs sur les smartphones mais ceux-ci sont bien moins à l’aise sur les sites internet car leur utilisation n’est pas aussi intuitive que celle des réseaux sociaux. C’est un réel enjeu sur lequel il faudra avoir une vraie vigilance face à notre objectif d’investir le numérique.”
Toujours dans cette dynamique de travail de collaboration avec le secteur Jeunesse et de visibilité des actions des droits de l’enfant, Le Délégué Général exprime son désir de pouvoir construire des projets avec le secteur Jeunesse, créer des activités dans une philosophie de “par et pour les jeunes”. “Il faut créer une réelle dynamique entre partenaires avec les médias traditionnels, présence digitale et une présence indispensable sur le terrain.”
À retenir : Solayman Laqdim, un homme dévoué à la cause des enfants, le garde-fou démocratique, prêt à investir le numérique et le secteur Jeunesse pour respecter au mieux les droits de l’enfant.
Propos recueillis par Manon Réeff
© Sylvain Reygaerts