Début juin, des acteurs du secteur de la jeunesse, dont la COJ, ont été invités au cabinet de la ministre de l’enseignement Joelle Milquet. Objectif : définir comment faire participer les jeunes à son Pacte pour un Enseignement d’excellence.
En charge de l’éducation depuis juillet dernier, Joëlle Milquet a lancé le 26 janvier son Pacte pour un Enseignement d’excellence. Il s’agit d’une sorte de grande consultation de tous les acteurs du secteur, articulée autour de quatre thématiques assez générales (compétences et savoirs, élèves, gouvernance, professeurs et direction). A ce stade on n’en sait donc pas énormément sur le contenu : des groupes de travail doivent en effet élaborer des plans d’actions concrets, soumis in fine au Gouvernement à l’été 2016.
Pour le moment, le Pacte est « une coquille vide », comme le signalait un membre du Cabinet Milquet. Ce qui résume bien la volonté du projet: fournir un cadre et des échéances mais laisser aux acteurs de l’enseignement le soin de déterminer le contenu.
Somme toute, fournir la voiture et l’essence, fixer le point de départ mais laisser au conducteur la décision des routes à prendre et surtout de la destination finale. On espère en tout cas que cela sera le cas, mais il ne faut pas se mentir: ce genre de processus participatif n’est parfois que de la poudre aux yeux, une vague consultation sans réellement léguer le pouvoir de décision.
Si nous avons été invités à cette réunion, c’est parce que les initiateurs du Pacte ont estimé que les élèves avaient également droit au siège du conducteur. Deux questions se sont profilées: comment sensibiliser les jeunes à ce processus de transformation de l’école et comment, par la suite, les y faire participer.
Pour une question comme pour l’autre, la première difficulté est que l’on parle tout de même de près de… 890 000 élèves! Un expert du secteur le souligne : « il est très difficile d’associer ‘les jeunes’ ». C’est pourquoi il préconise de passer par les OJ désireuses de s’associer au projet. « Attention néanmoins à ce qu’elles ne soient pas instrumentalisées » met tout de même en garde une personne proche des OJ.
De la consultation à la participation
En parallèle, plusieurs idées sont évoquées pour sensibiliser les élèves: placer un bus à la sortie des écoles où des animateurs rentrent en contact avec eux, relayer la vidéo de présentation du Pacte et une version du texte (rédigée spécifiquement pour les jeunes) sur les réseaux sociaux, etc. Tout cela dès la rentrée, voire avant. Pourquoi en effet ne pas profiter des nombreux festivals d’été ?
Définir comment les jeunes vont pouvoir participer, c’est un autre tour de manche. A un moment, un des intervenants se doit de rectifier : « Là on est dans la consultation et non dans la participation. On passe de l’un à l’autre donc ce n’est pas toujours très clair ». Un autre renchérit : « On est vite dans un processus de récolte de parole plutôt que de participation ».
De nombreuses solutions sont imaginées: passer par des élèves-ambassadeurs jouant le rôle de courroie de transmission avec leurs camarades ou faire du qualitatif avec un groupe d’étudiants (30 ? 50 ? 200 ?) pendant un weekend à la Marlagne par exemple. Il serait alors crucial d’y inclure des élèves en décrochage, de différents milieux, régions, etc. Et cela pose des défis pratiques évidents: qui pour animer ces sessions ? Pour agglomérer les résultats ? Quel budget serait disponible ? Comment s’assurer que leurs contributions seront réellement prises en compte dans le processus ? Des pistes de réponses, souvent intéressantes, mais encore du pain sur la planche.
La volonté d’associer les jeunes à l’élaboration du Pacte est à saluer et à soutenir énergiquement. « C’est en citoyennant qu’on devient citoyen », affirme la conseillère du cabinet. Faisons participer les élèves à cet ambitieux projet, ils en ressortiront avec une expérience indéniable, mais assurons-nous que ce soit réellement de la participation et que des moyens suffisants y soient consacrés. Sans quoi ce ne sera une fois de plus que de la poudre aux yeux.