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Chaque lieu d’animation défend ou voudrait défendre l’émancipation. C’est la dimension politique de notre métier, c’est la mission que l’état nous a confiée. Plus facile à dire qu’à faire, diront certains ! Et c’est vrai … être animateur aujourd’hui n’est pas un métier facile ! Petit tour d’horizon des défis de la profession en 2015.
Là où la société, l’école, les loisirs et parfois la famille ont tendance à placer les jeunes dans un rôle de consommateurs, les animateurs doivent parvenir à prendre du recul par rapport au mode de fonctionnement dominant. Proposer une approche alternative, qui met le jeune au centre, demande un changement radical de perspective qui n’est pas forcément dans l’air du temps.
Que fait-on quand la plupart des jeunes sont à l’accueil uniquement pour utiliser le Wifi gratuit ? Que fait-on avec des jeunes qui ne s’engagent plus qu’à la dernière minute et/ou en fonction du nombre de « like » que votre événement a suscité ? Quelle relation développer avec ces « mutants » leurs formes spécifiques de communication et de connectivité à tout ce qui se passe autour d’eux ? Qui leur permet souvent d’être mieux informés que les animateurs eux-mêmes… ?
Ce n’est un secret pour personne, les plans de résorption du chômage ont largement contribué à la professionnalisation du secteur. PTP, TCT et PRIME aux débuts, APE et ACS par la suite, mais aussi ACTIVA et autres Article 60 constituent l’essentiel des équipes d’animation. Cela amène des emplois, mais exige des employeurs un accompagnement des nouveaux travailleurs. Car les nouvelles recrues sont parfois sélectionnées plus pour leurs statuts que pour leur adhésion au projet politique du secteur ou pour leur maitrise de ses méthodologies particulières. La formation professionnelle est, aujourd’hui encore, un enjeu majeur du secteur socioculturel !
Pas facile de croire en l’utilité de son métier quand on est celui qui « joue au kicker avec des jeunes ». à quelle reconnaissance peut prétendre un animateur socioculturel que ce soit dans le grand public, sur le marché de l’emploi ou encore pour obtenir une équivalence de diplôme ? à quand une réelle valorisation des compétences acquises par l’expérience et dans les formations sectorielles ?
Pour un animateur engagé à temps plein, combien de vacataires, de bénévoles, de contrats précaires faits de bric et de broc ? La crise aidant, les postes stables et à durée indéterminée se font rares. Et celui qui décroche le sésame de l’emploi n’est pas à l’abri pour autant : il faudra qu’il tienne le coup dans des locaux pas toujours chauffés et des horaires ultra flexibles… S’il ne fait pas de burn-out, il sera sans doute licencié quand son ancienneté sera devenue impayable…
Chercher à comprendre la société dans laquelle il vit, questionner les tensions qui s’y développent, c’est la base du métier d’animateur. Dans un monde de plus en plus complexe, il est nécessaire de multiplier les points de vue et de nuancer les analyses. Mutualiser les connaissances, croiser les ressources et les expertises, tisser des liens avec d’autres, participer à des réseaux de mobilisation …. Voilà des leviers sur lesquels s’appuyer pour agir !
Un enjeu actuel ? Ne pas rester seul !
Julie Reynaert et Benjamin Cambron
Article publié par L’Antre’Toise N°117, trimestriel de la FMJ,
consacré à L’animateur socioculturel, www.fmjbf.org