Politique,Rencontre & Réflexion
Inspecteur général des organisations de jeunesse, Freddy Cabaraux assume en "bonus" la Direction Générale la Culture, ad intérim jusqu'en 2015. Il parle de transversalité lui qui jadis eut envie de… "changer le monde"
Avec 20 ans de métier à l’Inspection. Freddy Cabaraux reste un fonctionnaire heureux à vérifier le bon usage des subventions.« C’est que, dit-il, je m’attache à la qualité de l’action, qui permet de participer à l’évolution des politiques culturelles. Tout en faisant respecter la règle, on remonte ce qui se vit sur le terrain. Pas vraiment médiatique mais un travail de fond qu’on fait toujours pour un autre: pour le ministre, pour l’administration, pour l’opérateur. C’est un métier d’engagement et de résultats». On le croit lui qui, à côté de son de métier, s’est toujours investi dans des engagements «privés» politiques (PS) et associatifs (Scouts, Faucons Rouges, maisons de jeunes). Conseiller de CPAS à 26 ans, il enchaîne au cours de sa carrière divers mandats dans des intercommunales, des centres culturels, conseiller provincial et communal, bourgmestre de Viroinval… Un engagé précoce. «Ca date de mes 15 ans. J’étais dans la chorale des Troubadours de l’Eau Noire de Couvin – avec laquelle on a sillonné Israël (villes et kibboutz) où, je suis tombé sur la réalité palestinienne. L’écart m’a bouleversé et a éveillé ma conscience politique».
A cet instant, nous, on «bugge» sur la chorale du petit. Catho? Socialiste catho!? «En effet. J’étais un chrétien socialiste, pas évident au PS à une époque de sectarisme laïc. Peu à peu, je suis devenu laïc puis agnostique me disant que finalement la question de Dieu appauvrissait et occultait les questions existentialistes. Un parcours initiatique que je ne refoule pas car je me suis confronté à des valeurs d’humanisme universel comme l’amour, le pardon, l’accueil des défavorisés, la justice sociale…».
On l’aura e compris, chez Freddy Cabaraux, le terme «inspecteur» masque une sensibilité envers «les gens», aux actions plus qu’au pouvoir et au contrôle. Fils aîné d’une fratrie de six enfants, père chauffeur de bus, mère au foyer, le jeune homme voulait changer le monde. «Oui, j’avais les cheveux longs, j’espère pas les idées courtes. J’écoutais du folk. Les années septante, dans un village wallon, entre la libération sexuelle, féministe… et l’arrivée de la crise pétrolière, économique. Le monde du travail s’effondrait. On parlait de « rationalisation ». Dans ma région de Couvin, ce sont des PME familiales qu’on ratiboisait, loin des décisions politiques et des syndicats. Encore aujourd’hui, les questions d’emploi me sensibilisent ainsi que le déterminisme social et environnemental. »
Le regard dans le rétroviseur, il aurait rêvé d’être chef d’orchestre, lui qui apprend le piano à 52 ans. Mais, tel un passé cohérent, Freddy Cabaraux entame des études de travailleur social. «A l’époque, c’était tranché. Soit tu faisais assistant social, un travail de normalisation, soit tu étudiais l’animation socioculturelle, du travail d’émancipation. Ce que je choisis, avec un stage et un mémoire sur les centres culturels. Très vite, j’ai été « embrigadé » dans le ministère comme adjoint d’inspecteur. Je suis resté. ». Quid de la carte «avantages» du PS? «Cela m’a simplement amené à assumer des mandats, jamais dans une conquête de pourvoir. Je n’en suis pas fan mais je ne suis pas un naïf. Si il le faut, je préfère l’avoir plutôt que quelqu’un qui n’aime que ça.»
Aujourd’hui, à la Direction Générale de la Culture, il est déjà intarissable et passionné. «C’est intéressant. On est dans la vision transversale des politiques culturelles. Ce matin, j’étais sur les questions de la numérisation. On numérise quoi ? Comment ? Entre deux mondes: les documentalistes (soucieux de l’inventaire) et le «marketing» (soucieux de montrer de belles choses). Transversale aussi est le chantier «culture et jeunesse» que je veux lancer, qui est par ailleurs une des volontés de l’actuelle majorité. Quand on parle de politique culturelle de la jeunesse, on imagine le secteur – centres de jeunes et organisations de jeunesse. Or, d’autres secteurs de l’administration générale s’investissent dans la politique culturelle pour les jeunes. Je voudrais donc entamer une réflexion de fond sur cette transversalité». La formule s’impose: à bon entendeur… Mais déjà, la porte du bureau s’ouvre sur un autre rendez-vous. Freddy Cabaraux est un homme fort occupé, à l’accueil affable.