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Rencontre & Réflexion

Collectif21, la suite…

  19 Juin , 2021   ,    COJ

Dernièrement, le Collectif 21 organisait une visioconférence : Engagement, profession, passion, burn out… Les relations de travail dans l’associatif.

Le Collectif 21 poursuit ses débats autour de la question associative. Pour rappel, en 2020, les ASBL ont été intégrées dans le Code des Sociétés et des Associations. Au-delà des conséquences en terme d’éthique, d’essence et de financement pour le secteur associatif, le Collectif 21 (s’) interroge sur le « faire association aujourd’hui et demain ». La COJ a rejoint ce collectif, co-créé par notre OJ-membre, les CEMEA. Dernièrement, le Collectif 21 organisait une visioconférence : Engagement, profession, passion, burn out… Les relations de travail dans l’associatif.

En invités : Pierre Malaise, directeur de la CESSoC, formateur en matière de gouvernance des ASBL et de relations collectives de travail, Michel Roland, médecin, Fédération des Maisons médicales, président du CBCS (Conseil Bruxellois de Coordination Sociopolitique) et Camille Wernaers, journaliste et auteure de l’article « Burn out militant : changer le monde, oui, mais sans s’oublier ! Comment tenir sur la longueur ? » pour AxelleMag.

Hypothèse de départ par rapport aux relations de travail dans l’associatif : si celui-ci contribue au bien commun, à des enjeux collectifs et à la démocratie, peut-on y voir à contrario du monde marchand un fonctionnement plus horizontal et moins d’exploitation au sein des relations de travail ? A l’origine d’une association : un combat militant, porté par des bénévoles. En se transformant en ASBL, l’association se structure, se professionnalise, recherche des financements. Quelle (in)adéquation entre combat militant et réalité d’un cadre professionnel ? Pour Michel Roland, le bilan est globalement positif : au sein des maisons médicales, militance et professionnalisation se conjuguent si bien qu’elles ne se distinguent pas. Selon lui, la professionnalisation a même permis aux médecins des conditions de travail plus agréables, tout en maintenant les valeurs militantes. Pour Pierre Malaise, l’apparition et le développement de la concertation sociale a polarisé les rôles « militant / travailleur ». Avec les normes sur les conditions de travail et les rémunérations, les travailleurs militants deviennent « plus des travailleurs que des militants ».

Que dire des employeurs ? Sont-ils des patrons comme les autres ? P. Malaise rappelle qu’à partir des années 2000, la concertation sociale a pris une place déterminante. Avec l’augmentation des barèmes, les employeurs et CA ont eu tendance à en attendre plus des travailleurs, mis sous la pression des pouvoirs publics… De son coté, Camille Wernaers témoigne de son vécu : les conditions de travail dans son ancienne association se rapprochaient, selon elle, de celles du secteur marchand. Paradoxalement, le CA lui disait « tu es trop militante, pas assez pragmatique ».

Autre point du débat : auto-gestion, solution ? Dans les maisons médicales, chacun est employeur et employé. Elles sont citées comme exemple de réussite dans la pratique autogestionnaire. à l’inverse, C. Wernaers a expérimenté l’échec de l’autogestion dans son association. « L’autogestion a été décrétée mais elle ne faisait pas l’objet de pratiques ». De plus, elle y voit une déconstruction des rapports hiérarchiques, mais pas des autres rapports de domination (liés par exemple au racisme, au sexisme, à la pauvrophobie, …) qui, eux, peuvent persister…

Le débat abordait aussi la question du burn out dans l’associatif. Un état qui semblerait difficile à avouer, voire à reconnaitre dans le milieu associatif. Les trois intervenants livrent des vécus et réflexions différents. Le fait de devenir agréées avec des missions subsidiées a permis aux maisons médicales de mieux répondre aux besoins des usagers tout en protégeant davantage les travailleurs (en leur offrant par exemple un cadre horaire). Pour Pierre Malaise : « il y a une légitimité à respecter son horaire, pour avoir une vie familiale, personnelle, militante, en dehors de son travail ». Il y a une
« culpabilité de ne pas faire assez », signale Camille Wernaers. Lors de son enquête journalistique, elle a relevé l’impossibilité de lâcher-prise des travailleurs et travailleuses de l’associatif et du non marchand. Une militance qui peut rendre malade. D’où l’enjeu de taille « comment garder ses employés dans la joie ? »...

Le débat est à écouter sur www.collectif21.be , ici.