La prison, pour un jeune de 18 ans, les conditions, le vécu, les conséquences… sont des questions qui m’ont toujours interpellé. J’ai proposé à Maxime d’en discuter avec moi. Puis a Karine, d’apporter son regard d’accompagnante psychosociale. Rencontre en Regards croises...
Maxime avait 18 ans à l’époque. Etudiant en droit, il s’est fait arrêter par la Police pour trafic de cannabis. Il a passé deux mois en prison. Karine est accompagnante psychosociale. Elle travaille dans un centre de santé mentale à Wavre. C’est dans ce cadre qu’elle a été amenée à travailler avec Maxime.
Karine : « Maxime était obligé de venir. Il n’était pas volontaire. La justice l’a obligé à venir me rencontrer car c’était une garantie. Tu vas pouvoir sortir de prison mais on te met des conditions, c’est un suivi psychologique qui est proposé car ce que tu as fait n’est pas « normal » au regard de la loi… Donc, même si le caractère obligatoire parait contraignant, mon rôle est d’essayer de mettre à profit cette rencontre… On va se rencontrer, on va tenter de développer une relation de confiance, et peut être parler de complètement autre chose, et pas forcément de la drogue car souvent, avoir affaire à la justice, ça génère des troubles. En tout cas quand on est jeune, ça ne remet pas forcément les idées en place quant à la consommation».
Maxime : « Aujourd’hui j’ai 22 ans, j’ai arrêté mes études l’an passé parce que j’avais raté 3 premières, en Haute Ecole et Université …et là j’ai trouvé un p’tit boulot à mi-temps dans un supermarché. J’ai fait un mois et demi de prison. Normalement j’aurais pu être libéré après 5 jours mais le Procureur a fait appel. C’est sûr, maintenant je ne fais plus de bêtises…j’ai compris la sentence mais j’avoue, c’était quand même assez fort de se retrouver avec des tueurs ou des voleurs. Ca s’est pas bien passé ces rencontres, des gens voulaient me frapper. J’étais encore un gamin, j’avais la trouille quand on sortait dans la cour, où y’avait pas de gardiens pour surveiller. ».
Karine : « Je trouve qu’il y a quand même un truc qui va pas avec les consommateurs et la justice, quoi ! C’est pas des criminels les consommateurs. Un consommateur d’héroïne, un grand alcoolique, c’est quelqu’un qui est malade, qui a un problème. Il faudrait, plutôt que de la répression, des rencontres entre les services qui s’occupent du soin et la justice. Ça commence à se faire certes, mais il faut amplifier le mouvement ! On criminalise trop vite. Quelqu’un qui se fait prendre pour la première fois, même en tant que vendeur, il faut se poser la question de comment et pourquoi il est arrivé à vendre avant de lui dire, bon bin voilà, tu vas faire deux mois de prison … pour Maxime, c’est ce qui s’est passé. Et ça n’a que reporté une dépendance sur une autre … ».
Maxime : « Oui, en sortant, on m’avait privé de liberté… alors j’avais envie d’en profiter à fond, j’ai beaucoup bu en cercle, j’ai eu un décrochage à l’Université. J’étais en droit. Tout l’auditoire savait que j’avais fait de la prison. C’était pas le plus simple et je n’étais pas vraiment à mon aise (rires). J’ai remplacé un peu le joint par la boisson on va dire … ».
Karine : « j’suis un peu plus branchée alcool, parce que c’est une grande entreprise de démolition, chez les jeunes en particulier. Bien plus que l’herbe par exemple ! Les jeunes ont besoin de modèle. Si les OJ ont un rôle à jouer, c’est un rôle global de prévention. En se posant en modèle. Pas forcément de grande campagnes de prévention, juste être modèle pour les plus jeunes… »
Maxime a été jugé il y a seulement quelques mois, près de 3 ans après son incarcération. Il a été condamné à 120 heures de travaux d’intérêt général. Il attend. Et comme il est fiché, quand il se fait arrêter par la police pour un simple contrôle, son véhicule est entièrement fouillé, son gsm analysé, ses messages écoutés… Karine, quant à elle, continue de recevoir des personnes qui cherchent à décrocher, ou juste une oreille attentive.