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International,Rencontre & Réflexion

La mobilité des jeunes vue de France

  25 Nov , 2014   , ,    coj

Françoise Doré est Déléguée Nationale de Cotravaux, association française. Cotravaux est un réseau d’acteurs du travail volontaire, constitué aujourd’hui de 19 associations nationales et régionales. Son rôle est de promouvoir et valoriser les actions volontaires. C’est un  lieu permanent d’échanges et de réflexions, de partage de pratiques et d’expériences, d’élaboration d’actions communes et de prises de positions, au niveau national, comme au niveau régional.

L’incitation à la mobilité des jeunes est entrée dans le paysage français depuis plusieurs années déjà par les programmes, souvent soutenus par l’État : échanges et volontariats en Europe, volontariat de solidarité internationale.

Les collectivités territoriales l’ont encouragée par le biais de coopérations bilatérales entre régions / pays, par des incitations particulières pour de jeunes demandeurs d’emploi, issus des missions locales, de quartiers urbains…

L’apparition de tous ces programmes pourrait faire oublier que depuis longtemps les associations travaillent dans des réseaux européens et internationaux pour encourager et promouvoir l’intérêt de vivre des expériences « hors de chez soi », dans son pays ou à l’étranger. Se confronter à d’autres cultures et modes de vie, dépasser des préjugés, porter un autre regard sur des coutumes, rencontrer des jeunes d’autres pays et comprendre leurs préoccupations, découvrir des contextes sociaux ou politiques autrement que par les feux des actualités, etc., autant de buts visés par des associations, notamment celles qui organisent des chantiers internationaux de bénévoles et des volontariats long terme, qui, dès leur origine en 1920, ont voulu que l’humain soit au cœur des échanges internationaux.

Précision importante : les associations n’envisagent la mobilité ni comme seul moyen, ni comme finalité.

Plan interministériel

Depuis 2013, en France, le ministère de la jeunesse a lancé le plan « Priorité Jeunesse » dont l’un des 47 axes concerne la mobilité européenne et internationale : l’objectif est d’accroître et diversifier les offres de mobilité, ceci rejoint les ambitions du nouveau programme ERASMUS+ qui s’est mis en place en 2014 pour favoriser les opportunités de vivre une expérience en Europe, à tout moment de la vie : école, études, emploi, loisirs. D’où la mise sur pied d’un Comité Permanent de la mobilité Européenne et Internationale avec des groupes de travail.

Les groupes de travail avec les différents ministères [1] et les conseils régionaux [2] répondent à la logique d’amplifier la mobilité des jeunes français vers d’autres pays. Bien que ces groupes aient associé les associations, la tendance est de ne considérer que les programmes portés par l’État (accords bilatéraux avec l’Allemagne, le Québec par exemple), service civique à l’international, l’Europe (Erasmus+) qui prennent le pas sur les initiatives – souvent méconnues  sous l’angle « mobilité » –des associations.

C’est une préoccupation majeure des associations de Cotravaux, mais aussi partagée par les mouvements d’éducation populaire et de jeunesse.

 

Freins à la mobilité

Les obstacles financiers, sociaux, culturels, administratifs ne permettent pas la participation de tous les jeunes à des projets de mobilité. Toutefois, le focus se fait sur les jeunes avec moins d’opportunités bien sûr, d’où un travail d’approche des missions locales pour les inciter à développer la mobilité. Les coûts de déplacements, comme les problèmes de visas sont souvent négligés par une vision de la mobilité trop européenne. Les associations défendent l’idée que la mobilité n’est pas à sens unique : ces freins existent dans l’accueil de bénévoles et volontaires en France : réciprocité à laquelle nous sommes attachés.

Nous savons par nos propres expériences que le danger d’écarter certaines nationalités existe : aujourd’hui les chantiers internationaux accueillent très difficilement des jeunes du Maghreb, d’Afrique. L’accueil de jeunes étrangers dans des programmes « nationaux » tel le service civique, ne garantit pas toujours l’obtention des visas…

Françoise Doré,

Déléguée Nationale de Cotravaux, association française. www.cotravaux.org 

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[1]Jeunesse, Affaires Étrangères, Éducation nationale, enseignement supérieur, agriculture, intérieur, Outremer, agences  Erasmus+ et , agence du Service civique

[2]Association des Régions de France