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Politique,Rencontre & Réflexion

Le BIJ : l’organisme qui fait voyager des jeunes !

  27 Juin , 2022   , , , ,    COJ

Installé à Bruxelles, Le Bureau International de la jeunesse, le BIJ, a été créé en 1986 suite à l’arrivée des premiers programmes européens (1). La communauté française a alors fondé ce guichet unique de la mobilité des jeunes. Particularité institutionnelle du BIJ : l’organisme était, et est toujours, co-géré par le ministre des Relations internationales et celui de la Jeunesse2. Depuis 2007, le BIJ dispose également d’une réelle personnalité juridique, ce qui lui permet d’être stabilisé dans le temps et de disposer d’une certaine autonomie. 2022 étant l’année européenne de la jeunesse, c’était l’occasion de se pencher sur le travail de cette institution-phare qui est « Agence Nationale pour Erasmus+ Jeunesse en Action & Corps Européen de Solidarité » du côté francophone. Interview avec sa directrice, Laurence Hermand.

Quelles sont les missions du BIJ ?

Notre première mission est l’accompagnement des jeunes dans la réalisation de leur projet de mobilité internationale. Cependant, la mobilité n’est pas une fin en soi : la mobilité n’est jamais qu’un outil d’apprentissage dans le cadre de l’éducation non-formelle. Aussi, nous avons pour mission de former les jeunes à devenir des CRACS (des Citoyens Responsables Critiques et Solidaires). Mais nos missions ne s’arrêtent pas là car nous formons et accompagnons également les travailleurs jeunesse. Enfin, nous avons des missions de représentation de la politique jeunesse, notamment au Conseil de l’Europe et d’autres institutions internationales.

Certains diront que la mobilité internationale est pour une jeunesse « dorée ». Est-ce que le BIJ met en place une politique particulière pour se rendre accessible aux jeunes moins favorisés ?

Tout à fait. C’est une de nos priorités : 54% de nos projets sont financés à destination des jeunes avec moins d’opportunité (JAMO). Cela comprend des jeunes encadrés par des associations de terrain, mais aussi des groupes informels de jeunes qui viennent nous trouver. Il ne s’agit pas uniquement de jeunes moins favorisés, mais aussi des jeunes en difficulté d’apprentissage, porteurs de handicap ou éloignés du marché du travail. Ce n’est pas rare de trouver des jeunes qui, à 35 ans, n’ont toujours pas eu de premier emploi, malgré qu’ils puissent être hautement diplômés. Les fonds dégagés pour tous ces jeunes proviennent majoritairement de l’Europe, avec les programmes Erasmus + et le Corps Européen de Solidarité (CES). Cependant, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région Wallonne injectent également un budget pour des projets en dehors des cadres européens. Ces programmes nationaux (programme Québec, Axe Sud, Artichok, Entrechok, Minimob, Bel-J, Tremplin jeunes) peuvent servir de « tremplin » vers les programmes européens car l’accessibilité aux programmes européens est plus difficile. Les dossiers sont plus exigeants.

Avez-vous des relations/collaborations avec le JINT, votre homologue flamand ?

Oui beaucoup, avec nos collègues germanophones également. D’une part, il y a des réunions de coordination. Et d’autre part, les projets sur lesquels on coopère ensemble. Il y a évidemment le programme Bel-J3. Puis, il y a l’évènement annuel du volontariat européen qui est une journée où l’on rassemble des structures qui encadrent des volontaires européens. Enfin, on est en contact avec nos homologues via les réunions intra-belges concernant la politique de la jeunesse européenne. On a d’excellentes relations. Le 30 septembre prochain se tiendra une journée évènement autour du programme Bel-J.

Quels programmes fonctionnent le mieux et le moins bien ? Pour quelles raisons selon vous ?

Je pense que tous les programmes fonctionnent bien. La preuve est qu’en 2019 tous les financements ont été épuisés. Après, il y a eu la crise covid donc il y a eu une baisse importante de la mobilité internationale. Il faut savoir que les programmes du BIJ ont été construits à partir des besoins et désirs des jeunes. Ils répondent donc à une vraie demande. Certains programmes sont même victimes de leur succès puisqu’entre 30% et 40% des dossiers doivent être refusés par manque de moyens. Le programme Erasmus + « partenariats stratégiques » fonctionne un peu moins bien car ce sont des projets assez lourds. Il s’agit de partenariats entre structures jeunesse sur des thématiques nouvelles qui doivent se baser sur des faits avérés. Il y a donc une recherche documentaire importante à réaliser en amont. Les résultats exigés sont également importants. Au niveau de la logistique, il faut beaucoup de personnel pour pouvoir répondre à ce cahier des charges assez exigeant.

L’Europe a déclaré que l’année 2022 serait l’année européenne de la jeunesse : qu’est-ce qui a été mis en place dans ce cadre ?

L’annonce a été très tardive : fin 2021, voir même début d’année 2022. Donc, il n’y a pas eu de réflexion en amont. Le BIJ a coopéré avec le service de la Jeunesse de la FWB pour mettre en place un appel à projets portant sur la démocratie et la participation des jeunes. Les projets sélectionnés recevront un label ainsi que des financements. Par ailleurs, il a été demandé de labelliser les projets qui auront lieu cette année via le portail européen de la jeunesse. Les partenaires du monde de la jeunesse peuvent introduire leur projet en ligne, et nous validons. On organisera également un évènement de visibilité qui mettra en évidence les projets financés. Et enfin, une campagne de communication va être menée sur l’importance du travail de la jeunesse.

Ces dernières années, au sein de l’associatif et du secteur Jeunesse, notamment en Fédération Wallonie-Bruxelles, on entend beaucoup de critique sur le système des « appels à projets ». Certains épinglent le risque d’allégeance aux pouvoirs publics, voire de sous-traitance de politiques venues d’en haut. Qu’en pensez-vous ?

Le BIJ a très peu d’appels à projets. Nos programmes se font sur la durée et cela nous semble vraiment important. Les appels à projets ne permettent pas une réelle réflexion et préparation en amont. Je suis assez contre l’aspect « démagogique » des appels à projet avec cet « effet d’annonce ». Cela ne traite pas le problème en profondeur. La stabilité est importante pour le monde associatif. L’injonction continuelle à s’adapter n’a pas de sens. Ce n’est pas pour cela que les cadres des programmes doivent être figés.

En tant qu’organisme qui propose des séjours à l’étranger, quelle politique adoptez-vous en termes de mobilité durable ?

C’est quelque chose sur lequel nous sommes très attentif. Pour le moment, nous sommes en train de réaliser une étude qui compare les modes de transport et leur prix dans l’optique de modifier nos forfaits de mobilité. La pratique c’était : on rembourse le ticket de transport le moins cher. Et ça, aujourd’hui, ça ne va plus du tout. On accepte donc de rembourser des billets de train qui coûte 2 à 3 fois le prix d’un billet d’avion, pour autant que ça ne dépasse pas les 1000 kilomètres. En termes de durabilité, beaucoup d’autres actions sont menées chez nous. Déjà, en interne, nous avons mis en place toute une série de mesures. Puis, on sensibilise les structures à l’importance du durable : une check-list à l’attention des porteurs de projets a ainsi été rédigée. On est également en train de recenser toutes les publications qui pourraient être utiles aux Organisations de Jeunesse sur ces questions. C’est une sorte de boîte à outils qu’on mettra en ligne sur notre site. Enfin, le BIJ va aussi mettre à disposition une pièce de théâtre autour de la thématique du durable pour sensibiliser le public jeune. Nous nous sommes en effet rendu compte que beaucoup de jeunes ne sont pas assez informés. Il faut leur fournir une information accessible.

Propos recueillis P.V.

 

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1. Il existait avant l’agence Québec Wallonie-Bruxelles (crée en 1984), mais le programme se limitait à ces deux régions.
2. Postes occupés aujourd’hui par, respectivement par Pierre-Yves Jeholet (MR) et Valérie Glatigny (MR).
3. Bel’J a été mis en place par les ministres de la jeunesse des trois Communautés belges pour permettre aux jeunes de 16 à 30 ans de découvrir leurs cultures respectives et d’améliorer leurs compétences linguistiques. Le programme Bel’J permet de découvrir la Communauté flamande ou germanophone à travers un projet de volontariat, de mobilité des travailleurs de jeunesse ou un échange de jeunes. (Source, www.bij.be )

 

Soutien aux organisations et animateurs/responsables de jeunesse

Le Bureau International de la Jeunesse propose une série de rencontres et formations (inter)nationales à destination des anima.teurs.trices de jeunesse, responsables d’associations, etc., mais aussi des outils pour vous aider à mettre en place des projets internationaux de qualité : formations, séminaires de contact, séances d’information,… Ces activités organisées par le BIJ ou ses partenaires internationaux permettent d’échanger de bonnes pratiques et de rencontrer des partenaires potentiels pour de futurs projets. Les frais de transports et de séjour sont pris en charge par les organisateurs. Pour être informé de ces activités et poser votre candidature, rendez-vous sur le site internet du BIJ, rubrique « offres », ou abonnez-vous à leur newsletter. Le programme Erasmus+, géré par le BIJ en Fédération Wallonie-Bruxelles, permet également d’être financé pour organiser des activités de formation et de mise en réseau au niveau européen. Prochains rendez-vous : APPETIZER : une introduction aux programmes européens pour la jeunesse, en Lituanie (dépôt des candidatures le 24/7), formation Le Pouvoir de l’Éducation Non Formelle, aux Pays-Bas (dépôt des candidatures le 3/8), Solidarité : ouvrir de nouveaux horizons au volontariat, en Autriche (dépôt des candidatures le 15/8), BiTriMulti (BTM) au Luxembourg, une formation européenne pour les nouveaux venus dans le domaine des échanges de jeunes internationaux (dépôt des candidatures le 21/9), … www.bij.be