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Le Collectif 21 poursuit ses débats et rencontres autour de la question associative. Débat du jour : L’action associative comme vectrice de transformation sociale...
Pour rappel, en 2020, les ASBL ont été intégrées dans le Code des Sociétés et des Associations. Au-delà des conséquences en termes éthique, d’essence et de financement pour le secteur associatif, le Collectif 21 (s’) interroge sur le « faire association, aujourd’hui et demain ». La COJ a rejoint ce collectif, co-créé par notre OJ-membre, les CEMEA. Pour démarrer 2021, année symbolique de la loi des ASBL de 1921 désormais enterrée, le Collectif 21 a organisé une visio-conférence intitulée L’action associative comme vectrice de transformation sociale. Pour nourrir cette réflexion, deux invitées : Jacqueline Fastrès, directrice de RTA (Réalisation Téléformation Animation) et Christine Mahy, Secrétaire générale et politique du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP).
Un débat intéressant aux questions multiples : que deviennent le bien commun, l’intérêt général, la démocratie, s’ils se réduisent à l’état et au secteur privé ? En quoi l’action associative peut être vectrice de transformation sociale ?… Pour saisir les enjeux en jeu, J. Fastrès a replacé le contexte historique, en partant des travaux du sociologue Robert Castel. Selon lui, pour exister positivement comme individu, il faut avoir des droits de propriété. Il existe 3 types de propriété : la propriété de soi, la propriété privée et la propriété sociale. Conquérir ces 3 types de droits ou se battre pour leur pérennité garantissent l’émancipation des individus. Le droit de faire association est une conquête de la propriété de soi,
« car on n’est pas vraiment propriétaire de soi-même si on n’a pas le droit de faire alliance avec d’autres », explique J. Fastrès. Par propriété sociale, Robert Castel entend les droits d’accès à des biens et des services collectifs à finalité sociale (sécurité sociale, services publics). J. Fastrès conclut : « L’associatif est un rempart pour éviter que ces droits se détricotent ». Pour être moteur de transformation sociale, Christine Mahy plaide la pertinence de faire alliance avec d’autres, c’est-à-dire faire alliance avec des populations fragilisées sur le terrain, afin de combattre ensemble les injustices, et faire alliance avec d’autres associations, sortir de son sillon. Cette militante active rappelle qu’il est nécessaire de coaliser les luttes, de créer un rapport de force. Plutôt que d’être démoralisé en pensant qu’on ne peut pas agir, regardons les victoires acquises, soyons inventif pour « slalomer avec les frontières des règlementations ». Selon C. Mahy, pour continuer de défendre ou reconquérir la liberté associative, il est important de connaitre les textes de lois qui organisent l’associatif afin de « ne pas être celui qui rajoute de la règle à la règle, du contrôle au contrôle », mais celui qui voit les leviers ou dangers au milieu de ces dispositifs.
A la question posée « Que penser de l’associatif formel versus associatif informel ? », comprenez ici associations structurées / subventionnées versus associations émergentes : « Tandis que la formalisation d’une association lui permettra de durer et d’être entendue, explique C. Mahy, les collectifs qui ne se sont pas constitués en associations auront plus de liberté. Ce qui est problématique, c’est de comparer ces modèles, les opposer. On doit se nourrir de ceux qui sont nouvellement sur la place, comme eux doivent se nourrir de ceux qui sont anciennement sur la place. Faire alliance ». J. Fastrès rappelle que dans toute institution, il y a une phase instituante (se rassembler pour combattre une injustice par exemple) et une phase instituée (s’organiser pour durer en faisant des compromis). S’imprégner des phases instituantes des autres permet de se (re)dynamiser. Bref, faire alliance, se réinventer, sortir des sentiers, etc., autant de pistes pour que l’action collective soit vectrice de transformation sociale…
L’intégralité du débat est à écouter ici.
Bon à savoir : le Collectif 21 archive leurs rencontres dans des ressources et traces sur leur site www.collectif21 .