Ancienne enseignante et Inspectrice de la Culture, si vous avez un jour foulé les planches des Secteurs Jeunesse ou Culture, le nom de Catherine Stilmant vous dit forcément quelque chose. Portrait d’une “vis comica”, passionnée de ses métiers…
Nouveau bureau pour Catherine Stilmant, fraichement intronisée cheffe de chantier PECA (Parcours d’Education Culturelle et Artistique dans l’enseignement). Son bureau est à l’image de son poste : en construction. « C’est un défi de transversalité, explique-t-elle. On doit serpenter entre les décrets, le financement des activités, les plates-bandes des voisins et essayer de faire se parler les opérateurs culturels et les enseignants pour arriver à mettre en place le cours dans le tronc commun. Celui-ci doit débuter à la rentrée 2020 pour les maternelles, en 2021 dans le primaire, jusqu’en 2027 avec la fin du lancement. Un défi un peu « masochiste ». J’ai l’impression d’avoir un rôle de Google trad entre l’enseignement et la culture, deux mondes aux conceptions différentes. »
Catherine Stilmant possède beaucoup d’atouts pour relever ce défi, elle qui a traversé une carrière « OJ, enseignement, organisations de jeunesse/associatif et (inspection à la) culture ». Elle est aussi guide « touristique » bénévole au sein du réseau Greeter.
Issue de la région de Mons, C. Stilmant débute sa carrière comme institutrice, avec mari et enfant, à 20 ans, ce qui l’oblige à adopter une attitude pratico-pratique et une adaptabilité à toute épreuve : « J’ai beaucoup déménagé, vu énormément de dynamiques différentes. J’ai enseigné à Schaerbeek, à Liège ou à Quaregnon, ce n’est pas le même terrain, pas la même réalité, pour un même métier. Ça représente bien le métier d’instit’ : il/elle n’est pas parfaite en tout, n’est mauvais(e) en rien, mais s’adapte à tout ».
Catherine Stilmant deviendra ensuite détachée pédagogique aux Jeunesses Musicales (une aubaine pour cette mélomane, joueuse de contrebasse), puis à la COJ tout en étant présidente du Conseil de la Jeunesse.
C’est une petite révolution car il s’agit de la 1ère femme à ce mandat, et de surcroit, la 1ère non-politique1. Autant dire : une extraterrestre ! « Cela a ses avantages et ses inconvénients ; Je n’ai pas de couleur, donc on ne me fait pas de faveur ; Je ne suis vue ni comme une amie, ni comme une ennemie, mais bien comme un outil au service de ses interlocuteurs ». Pourtant, certains partis l’approchent, mais elle refuse. Sa décision est claire : « Je n’aime pas l’idée de compromis, je n’arriverais pas à être en total accord avec la ligne du parti et je me sentirais assez mal d’être étiquetée politiquement au sein de l’Administration. Je préfère ma neutralité ».
Par la suite, elle reprendra sa vocation d’institutrice avant qu’on ne lui propose de devenir inspectrice de la Culture (et de nos OJ), un poste qu’elle occupera pendant 10 ans. Un travail intense sur lequel elle pose un regard affectueux car tant dans le secteur des organisations de jeunesse qu’au sein de l’Inspection, elle a apprécié l’aspect de co-construction du travail. Elle partage à qui veut l’entendre que l’avenir se doit d’être collaboratif, en affirmant : « la tension [positive] qui ressort de la collaboration entre deux groupes est essentielle car c’est d’un déséquilibre que nait une dynamique ».
A-t-elle pensé coordonner une OJ ? « Ce n’est pas ma tasse de thé ». Catherine Stilmant avoue que c’est aussi cette idée de compromis dans la gestion quotidienne parfois « cannibale » qui ne l’enchante pas. « Je n’y prendrais pas assez de plaisir mais j’admire beaucoup les gestionnaires d’OJ ».
Le plaisir, c’est d’ailleurs ce qui l’anime. Cette grande dilettante le met en point central de son quotidien et prône l’humour (« On a besoin de relâcher la pression, de rire »), au même titre que la curiosité (« Ne pas explorer, c’est s’ankyloser »). Des qualités qui semblent définir Catherine Stilmant dont l’humour (de soi) fait mouche, se décrivant « patate de canapé, super motivée partout, mais un bon livre et un thé me conviendraient totalement ». Amatrice des Monthy Python, de lecture, du vélo et des concerts, Catherine Stilmant est une personnalité… « feel good ».
Quentin Pivont