Lamia Kebboul a coordonné Le CFA (Centre de Formation d’Animateurs) pendant quatre ans. Elle repart vers le soleil du Sud, du côté de marseille…
Originaire du Languedoc, Lamia Kebboul est aussi « Gauloise » que « Beur ». Père algérien, mère tunisienne, ses parents ont quitté leurs pays/familles, assez jeunes, avec pour point commun : la liberté. « La famille en a bénéficié. On n’a pas grandi avec l’idée qu’on appartenait à une « communauté », même si je connais la culture « arabe » car ma mère était plus « arabienne » que mon père. ».
A sa mère, elle lui doit sa fibre sociale et associative. « Ma mère animait des ateliers alpha pour les femmes arrivées du bled. J’ai baigné dedans. ».
A 19 ans, en 1992-1993, un animateur socioculturel fait le pari de l’embaucher au centre socioculturel flambant neuf de la commune où elle habite, avec en poche le BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateurs, l’équivalence du BACV) ! Tout va très vite. Elle crée la structure d’accueil des ados, ensuite un centre de loisirs pour les 3-6 ans. à 20 ans, Lamia Kebboul forme les animateurs bénévoles pour les centres de vacances et circule dans toute la France.
A 30, elle forme les animateurs « pros » et obtient, entre temps, les certificats-diplômes estampillés « Jeunesse et Sports ». Son métier, une passion évidente. « J’ai pris conscience en cours de route que c’était un métier. Mon engagement dans l’éducation Populaire et sa dimension politique s’est affiné et affirmé en cheminant. ». Sa carrière est un vaste panel socioculturel. « J’ai travaillé avec les différents publics et métiers du socioculturels. J’ai coordonné des maisons de jeunes, créé un service d’animation en milieu hospitalier, en maison de retraite, organisé des festivals culturels. Avec des jeunes, des vieux, des enfants, des personnes handicapées mentales, physiques. Que ce soit dans la création de structures, en animation ou en formation. ».
Arrivée à Bruxelles, elle découvre le secteur jeunesse en relevant le défi de la coordination du CFA. « J’avais envie de changer d’air. Le travail n’a pas été évident mais intéressant sauf que le ciel gris me mine ! De plus, à voir la France d’aujourd’hui, son racisme décomplexé, y compris dans le secteur jeunesse, j’ai besoin d’y retourner. »
Une occasion en or de comparer ses expériences France-Belgique. « Je rêverais de transposer l’organisation institutionnelle et associative belge en France. Le secteur associatif français est dans un triste état. Les appels à projets deviennent la règle mettant ainsi les associations en concurrence. C’est ce que je vois – dans une moindre mesure – arriver en Belgique. Mais, ici, j’ai été frappée par l’audace du monde associatif qui a encore la possibilité de présenter/défendre ses projets. Le tout dans une politique de subventionnement incomparable avec la France où c’est aléatoire (liés aux projets), sans aides à l’emploi ou dérisoires. Les associations belges peuvent être hautement subventionnées sans perdre leur indépendance, ni s’autocensurer. Impensable en France. Et puis, ici, tout est simple. La Ministre et ses collaborateurs sont accessibles, l’administration travaille vraiment en partenariat avec nous. Enfin, en France, le métier d’animateur s’est quasi fonctionnarisé. On devient, par exemple, « un agent d’animation » lié à une commue. En formation, il devenait difficile de parler alors de la dimension engagée du métier. La Belgique m’a réconciliée avec le secteur socioculturel et son engagement citoyen. »…
Un bémol ? « L’art du consensus ! J’ai très peu assisté à des votes à main levée. Ici, on fait consensus (chacun selon ses forces, ses leviers, ses relations…). Déboussolant au début, cela me servira sans doute. ».
Des anecdotes ? Lamia nous en donne deux. 1. « Première réunion d’un « mandat » politique. à ma droite, les Catholiques, à ma gauche, les Libéraux. Venant de l’associatif laïque et républicain, j’ai trouvé cela… surréaliste. ». 2. « Les Scouts ! En France, ils sont plutôt catalogués de droites, cathos, réacs. Quelle n’a pas été ma surprise d’entendre de nombreux collègues du secteur dire que leurs enfants faisaient « des camps Scouts » ! J’ai finalement compris que les Scouts de Belgique sont progressistes, rien à voir avec les Scouts français. ».
Lamia Kebboul est passionnante et passionnée de son métier, du coup, on a oublié de s’attarder sur ses loisirs. Réponse : la lecture, la capoeira, le flamenco,… à nous de nous étonner de cette coordinatrice qu’on a aimé croiser !