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Rencontre & Réflexion

Qu’est-ce qu’il va se passer pour ma génération ?

  25 Déc , 2017       COJ

Dans mon cours de géographie, j’ai commencé une nouvelle matière parlant de l’accroissement naturel. De fil en aiguille, on a abordé l’état-providence, cette conception de l’état qui intervient dans les domaines socio-économiques : retraites, allocations familiales, allocations de chômage, allocations pour les handicapés, assurance maladie.

L’état-providence se développe en Europe dans la période après-guerre (2ème). Il se caractérise par une forte croissance économique, un fort taux de natalité, beaucoup d’emplois, la consommation de masse qui se développe énormément aussi. La cause de ce développement est qu’après la guerre, il fallait tout reconstruire. Les états-Unis ont financé cette relance pour que l’URSS ne puisse pas amadouer l’Europe. Grâce à tous ces facteurs, les gouvernements eurent beaucoup d’argent et purent donc fournir une bonne protection sociale au peuple.

Et puis, on a abordé la fin de l’état-providence car, en Europe, l’accroissement naturel baisse depuis plusieurs années parce que l’espérance de vie s’allonge grâce aux progrès de la médecine. Les gens font aussi moins d’enfants car ils veulent d’abord s’épanouir eux dans leurs vies. Dit de façon très crue, avoir des enfants est devenu une tâche. Il y a aussi moins d’offres d’emplois qu’avant et les gens sont plus exigeants par rapport à leur travail, ils veulent pouvoir s’épanouir aussi dans leur travail. (Je fais beaucoup de généralités mais c’est la tendance globale).

Donc, d’ici peu, la société va se retrouver avec plus d’inactifs (personnes dans l’incapacité de travailler) et moins d’actifs (personnes qui travaillent ou qui sont dans la capacité de travailler) qui seront les contribuables de l’état. l’état va donc, à mon avis, encore rallonger l’âge de la pension, augmenter les impôts, être plus strict sur les allocations de chômage, diminuer les remboursements des soins de santé, etc.

J’en suis venu à me demander : qu’est-ce qu’il va se passer pour ma génération ? Qu’est-ce qu’elle pourrait mettre en place ? Pour moi, le plus gros danger est le délitement progressif. Que cela se passe petit à petit, sans réel (électro)-choc pour nous réveiller les consciences. On pataugera dans un comportement « passif », acceptant notre sort, « normal », impassibles devant des fossés qui se créeront entre les classes sociales, devant une société capitaliste pointue ! Confrontés à l’avenir climatique et alimentaire à l’ « effondrement » plus rapide que ce que l’on s’imagine où la politique ne saurait apporter des solutions, coincée dans son système. Flippant, non ? Pourtant, ma vision utopiste des choses me fait espérer que la solution viendrait de la création de systèmes indépendants à petite échelle : un quartier, un village, peut-être même une ville. Ces microssystèmes devraient s’auto-suffire un max d’un point de vue alimentaire et politique. Imaginons un village au système politique participatif où les habitants s’occuperaient de la gestion du village, d’un potager permettant de subvenir aux besoins alimentaires de la population. Et pourquoi pas ? Comme le dit Pablo Servigne1 dont je m’inspire beaucoup dans cet article : « Quand un grand chêne tombe dans la forêt, il laisse place à toutes les nouvelles pousses. »…

Elie Scorier, Chronique d’un ado ordinaire

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1 Pablo Servigne se définit comme « chercheur in-terre-dépendant, auteur et conférencier ». Né en France en 1978, formé à Gembloux (ingénieur agronome) et à l’ULB (docteur en sciences), il se consacre à la transition écologique. Viens de paraitre :  L’entraide, l’autre loi de la jungle, Ed. LLL-Les Liens qui Libèrent, 400 p., 22 €. www.pabloservigne.com  (NDLR)