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Abigaïl Coster

Rencontre & Réflexion

Je vais mal… et toi ?

  20 Jan , 2021   , , , ,    coj

J'avoue que pour cette chronique, je n’avais aucune idée de sujet. Je n’avais pas envie de parler « encore » de la Covid, que ce soit de loin ou de près, mais de quoi parler d’autre ?


Depuis mars, la seule chose que j’entends à la radio, à la télévision, dans la cour de mon école et même souvent chez moi, c’est Covid19… le grand méchant Coronavirus !

Depuis 10 mois, oui, un virus s’est glissé, insinué de manière violente et omniprésente dans ma vie ! Et le pire, c’est qu’il rend malade le monde autour de moi, j’observe, impuissante, la mort sociale prendre le dessus sur les morts physiques un peu plus chaque jour…

Il est là le virus, à un point tel, que j’ai presque l’impression, qu’en 2020, rien n’a d’intérêt à part lui. J’ai l’impression d’être obligée de regarder le monde avec les « lunettes Covid », celles qui disent « Attention danger, gardez vos distances, mesures strictes, peu d’espoir, … ». Et j’ai beau faire semblant et dire que tout va bien, parce qu’après tout, j’ai de la chance, je ne suis pas malade, ma famille non plus… et bien aujourd’hui, j’ose dire que « non, je ne vais pas bien ! ».

Je me sens triste, triste d’être passée à côté de presqu’un an de ma vie (d’ici le 1er février on y sera…), triste d’avoir 14 ans et d’être confinée les ¾ du temps, à part pour me rendre à l’école une semaine sur deux. Triste de vivre l’école dans des conditions difficiles, avec le port du masque en continu, sans aucune sortie pédagogique, avec une ambiance pesante et des profs qui, en présentiel, nous traitent « d’élèves fainéants », parce qu’ils estiment que la classe n’est pas assez « performante » pendant les cours à distance. Triste d’ajouter à ça, la suspension de mes cours collectifs d’équitation. Donc oui, je suis triste car pour moi tout ça, ce n’est pas rien ! Je suis une ado qui manque de vie sociale, d’activités et d’expériences vécues !

Alors, aujourd’hui, je me donne le droit de dire que ça ne va pas, que je suis fatiguée de devoir être toujours plus motivée, plus performante, plus rapide, plus docile, plus gentille, et surtout toujours plus connectée… dans une situation sans vie sociale

Alors, aujourd’hui, je me donne le droit de dire que ça ne va pas, que je suis fatiguée de devoir être toujours plus motivée, plus performante, plus rapide, plus docile, plus gentille, et surtout toujours plus connectée… dans une situation sans vie sociale (pas de contact avec mes amis pendant les week-ends ou les congés), c’est juste inhumain non ? J’ai l’impression de prendre sur moi, en permanence, pour respecter les règles, sans rien dire et en prétendant que tout va bien.

Si cette chronique n’est pas très réjouissante ou pleine d’espoir, c’est parce qu’elle reflète mon état. Mais peut-être, pourrait-elle être une aide pour d’autres ? Car peu importe l’âge ou la place que l’on occupe dans la société, nous avons tous des raisons de nous sentir mal, de le reconnaître et de l’exprimer. Je pense sincèrement qu’il est normal d’être désemparés. Le plus important pour moi, c’est de l’exprimer, de le partager, peut-être aussi pour me rendre compte que je ne suis pas seule dans le cas… Ensuite, je vais essayer de comprendre pourquoi je vis les choses comme ça, quelles sont les raisons exactes de ma déprime pour tenter de voir ce que je peux apprendre sur moi et finalement, en tirer du positif. Optimiste ? Consolation ? Instinct de survie ?

Aujourd’hui, je suis convaincue que l’on n’a jamais eu autant besoin les uns des autres qu’en cette période ! C’est pourquoi, je pense qu’il est primordial d’arrêter de juger et de renvoyer la faute à l’extérieur de moi. J’ai envie de dire quand ça ne va pas et d’être à l’écoute, non pas du premier ministre, ni de l’arrivée du vaccin, ni des spécialistes, ni des médias, … mais de moi-même et aussi des gens qui m’entourent, pour qu’ensemble nous parvenions à aller mieux ! Et si j’enfilais « les lunettes Entraide », celles qui disent « Salut, moi c’est Abi, je ne vais pas très bien aujourd’hui. Et toi, tu te sens comment ? »

Abigaïl Coster, chronique d’une ado ordinaire (COJ#27)