Je rêve, je rêve d'un jour ou nos avis seront vraiment entendus, d'un jour où nous aurons réellement l'impression d'impacter notre quotidien, l'impression de ne pas être coincé dans un système où l'on ne fait que subir ce qui nous arrive.
Je rêve de révolution quand je vois les infrastructures mises en place pour chasser les SDF, les empêcher de pouvoir s’asseoir, s’allonger, tel que des bancs avec accoudoir au milieu. Ou quand j’entends parler de certaines villes qui interdisent la mendicité. Ou quand j’apprends que l’on pénalise le squat de bâtiments.
Je rêve de révolution quand je vais en rave-party. Ce sont des fêtes basées sur l’autogestion, l’entraide, la face éphémère des choses et qui permettent aux gens de faire la fête gratuitement en étant en dehors des organisations commerciales visant à faire le plus d’argent possible. Aussi, hors des réseaux sociaux, toutes les informations pour les trouver se font par le bouche à oreille ou quelques flyers avec seulement une date. Ces fêtes dégénèrent seulement quand la police arrive en faisant preuve d’un comportement répressif et non négociateur, dans les cas les plus extrêmes en lâchant des chiens et en matraquant les participants comme au nouvel an 2016/2017 à Vilvoorde. Récemment, à Frameries, les flics m’ont embarqué parce que je filmais leur descente musclée. Ils m’ont d’ailleurs confisqué mon téléphone.
Je rêve de révolution quand je me fais contrôler avec mes amis et que le seul qui se fait fouiller a des origines nord-africaines, et qu’une des personnes censées représenter la loi dit à une amie fille : « une femme qui sent la bière, c’est vraiment dégoutant ! ». Pensent-ils qu’ils représentent la loi et la justice en sortant des réflexions machistes comme ça ?
Je rêve de révolution quand je pense à certains membres du gouvernement prêts à instaurer des rafles pour chasser les sans-papiers. Quand j’apprends que le gouvernement négocie des affaires migratoires avec des dirigeants de pays où la torture est en vigueur. Quand Theo Franken qualifie les actions de MSF de « trafic d’êtres humains ». Un comportement écoeurant qui prouve que notre gouvernement fonctionne par la répression.
Je rêve de révolution quand choisir des études manuelles est considéré comme un choix de dépit.
Je rêve de révolution quand j’entends les différences de salaires entre les employés et leurs patrons. Ceux-ci sont bien plus remplaçables que leurs salariés. Il existe le salaire minimum et pourquoi pas le salaire maximum ?
Je rêve de révolution quand je me rappelle du nombre de fois (depuis mon enfance) où l’on m’a dit de faire attention à ne pas user trop d’eau, de bien éteindre la lumière quand je sors d’une pièce et que je vois des centaines, des milliers de magasins où les lumières sont allumées 24h/24, les pièces surchauffées et les portes ouvertes.
Je rêve de révolution quand je me rends compte que toute ma vie est conditionnée par la publicité, qui ne suscite aucun jugement moral des autorités et qu’on me dit d’être maître de mes choix.
Je rêve de révolution quand je pense au fait qu’on ait pu créer une énergie aussi intolérable que le nucléaire, explosif dangereux pour toute une population et par notre incapacité à gérer les déchets qu’il génère, déchets qui seront encore radioactifs donc potentiellement nocifs pendant encore des milliers d’années. On se retrouve bloqués avec ce danger si proche, contre notre volonté.
Je rêve de révolution quand j’observe que nous sommes opprimés par cette société capitaliste avec des clowns comme emblème dont les marionnettistes sont de grosses multinationales.
Je rêve mais suis prêt à en faire une réalité.
Elie Scorier, chronique d’un ado ordinaire.