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«La volonté de se positionner politiquement de manière indépendante et d’aller à la rencontre de la jeunesse inorganisée a engendre la création de la COJ.» Née en 1975, la COJ a aujourd’hui 40 ans et défend 37 organisations de jeunesse. 40 ans, l’occasion d’un festival jeunes - Mon(s) Expression - et d’un manifeste politique. Interview de Yamina Ghoul, Secretaire generale de la COJ.
On aurait pu faire ça à Bruxelles, Liège, Namur, Charleroi, etc. Mais l’année 2015 est marquée par cet évènement de Mons, Capitale européenne de la Culture. Avec cette dimension de décentralisation, de culture et d’Europe, on a eu envie de monter dans cette locomotive pour nos 40 ans, on a eu l’opportunité de rencontrer les organisations. Notre festival jeune dans la ville, en entrée libre, offrant avec une série d’ateliers participatifs concoctés par nos organisations de jeunesse rejoint, mine de rien, le côté d’une jeunesse engagée et investie de Mons 2015. Une carte associative qui plaît a d’ailleurs une place conséquente au sein de la programmation (plus de 1000 activités et évènements) de Mons 2015. De plus, le secteur jeunesse (et l’associatif en général) fonctionne par partenariat. Notre partenariat avec Mons 2015 est au bon endroit pour nos 40 ans.
En effet, 40 ans, ce n’est pas seulement une fête. C’est aussi un moment de réflexion puisque depuis janvier 2015, on travaille sur une note politique avec l’ensemble de nos membres. Une note «manifeste» sera probablement diffusée à la fin de cette année commémorative. En quatre décennies, c’est l’occasion d’une réflexion politique sur le secteur associatif en général et sur la place des jeunes en particulier. Certaines de nos OJ se sont d’ailleurs retournées vers leurs jeunes pour enrichir cette réflexion.
On a fêté nos 10 ans, nos 20 ans, nos 30 ans et aujourd’hui nos 40 ans. A chaque fois dans la réflexion. Nos 10 ans, en partenariat avec une école sociale de futurs assistants sociaux, nos 20 ans avec un colloque sur la « rupture ou non » entre la jeunesse et le monde associatif. Pour nos 30 ans, nous avions axé notre anniversaire sur la dimension internationale en invitant des intervenants d’autres pays (France, Portugal, etc.). Certes, on aurait pu se mettre autour d’une table avec un grand gâteau. Mais chaque décennie est le moment pour la COJ de s’interroger. La Confédération est en mesure de se dire de quelle manière elle a évolué et/ou comment les jeunes ont évolué dans la société. Bien sûr, cela ne nous empêche pas d’organiser une petite fête d’anniversaire classique. Pour nos 40 ans, on est donc dans un moment de réflexion et un arrêt «festival» avec Mon(s) Expression (lire par ailleurs). De plus, tous le long de l’année, nos organisations estampillent leurs activités de cet anniversaire. Mon(s) expression est le moment un peu plus «phare».
Aujourd’hui, on est à 37 organisations de jeunesse, avec des investissements d’OJ au sein de la COJ qui bougent d’année en année. Certaines de nos organisations de jeunesse remontent plus vers un engagement au sein de la Confédération, ainsi qu’au niveau de la réflexion politique de la COJ- qui s’affirme plus qu’auparavant. Toutefois, la COJ avec son Bureau et son CA s’assure que son positionnement politique adhère un maximum de ses OJ membres. De plus, la COJ a démarré à deux, aujourd’hui nous sommes à dix pour défendre 37 associations.
L’autre bilan (plus global) est la professionnalisation du secteur. Au niveau du terrain, la professionnalisation a toujours existé notamment parmi les bénévoles. Mais depuis les années 2000, le secteur s’est professionnalisé par des descriptions de fonctions avec des barèmes du secteur socio-culturel à respecter. Cela a aussi amené des moyens financiers, même si cela reste insuffisant.
La COJ est indépendante et pluraliste mais pas neutre. Elle mène des combats progressistes (sur la dépénalisation de l’avortement, sur la dépénalisation du cannabis, etc.). Des combats progressistes sur des sujets qui touchent la jeunesse, la société et le secteur associatif. Indépendante, elle n’a aucun sujet tabou.
Aujourd’hui, on défend le développement des organisations de jeunesse (leur maintien dans le décret, la défense des subventionnements, des emplois…) mais aussi la participation/engagement des jeunes notamment au sein des associations.
Par ailleurs, la COJ mène une vigilance. Elle peut à tout moment s’organiser pour créer un groupe de travail sur une thématique qui préoccupe ses membres (ex.: autour de la mobilité des jeunes, des Visas, etc.). Si il y a revendication, de la mener à bien jusqu’aux ministres concerné(e)s et, certainement, auprès de la ministre de la jeunesse pour attirer l’attention et attendre son soutien.
On a le monopole mais on garde la tête froide! La COJ n’est pas liée – de près ou de loin – à une couleur/parti politique comme d’autres fédérations (libérale, socialiste, catholique…). Notre poids peut donc être relatif. Cependant, c’est vrai, on a un poids qui nous permet de franchir certaines barrières avec aisance. On le doit par le travail mené au quotidien par la Confédération, par sa force de travail et son sérieux.
Vu l’évolution de la jeunesse et de la société, j’aurais imaginé la disparition de la pilarisation. La COJ, indépendante et pluraliste, a connu cette forte période de pilarisation des partis politiques (libéral, socialiste, catholique) de la Belgique à papa. Aujourd’hui, les curseurs ont bougé mais le secteur reste encore cloisonné et pilarisé.
Propos receuillis par Nurten Aka
Mons 2015, Capitale européenne de la Culture, a donc donné une place à la jeunesse avec son programme Mon(s) Idéal, orchestré par Lucie Fournier dans lequel s’inscrit Mon(s) Expression, le festival de la COJ. « Le projet jeunesse est devenu Mon(s) idéal avec comme fil conducteur la question des utopies et des idéaux, avec l’envie de réfléchir à l’après 2015, de rendre le jeune actif, participatif. Avec la COJ, nous étions dans les mêmes objectifs : rendre le jeune acteur. Naturellement, on l’a intégré à Mon(s) Idéal. ». Cet été, ce projet jeunesse se métamorphose en… Mons Invisible. Leur QG ? Le Jardin Suspendu qui accueille notre festival. « En fait, explique Lucie Fournier, c’est un peu le volet alternatif de Mons 2015. Le Jardin accueille plein d’activités (four à pain, résidences d’artistes, ateliers créatifs, durables, etc.) où l’on travaille à l’impalpable : le lien social. Il y a un côté berlinois alternatif. Au début, on a eu des difficultés à mobiliser les jeunes. Ici, c’est étonnant, sans avoir fait de grande publicité, on les voit débarquer, s’installer, étudier, participer aux activités du Jardin Suspendu. L’identité du lieu crée cela. Bucolique, de bois et de cabanes, un peu en marge, cela plait aux jeunes mais aussi aux couples, aux familles, aux enfants. Il y a une bonne ambiance ! » (www.monsinvisible.be).
Pour ses 40 ans, la COJ y sera avec son festival jeunes – Mon (s) expression – du 6 au 10 juillet. Au programme: vélos-énergie, impro théâtrale, animation sur l’alimentation, projection et micros-trottoirs, conférence gesticulée… à travers cinq journées thématiques : « ouverture », « environnement », « art engagé », « utopie » et « paroles multiples ». L’occasion pour les organisations de jeunesse de la COJ de montrer, comme l’écrit en ouverture du programme, Semra Umay, présidente sortante de la COJ, que « la culture n’est pas un objet évènement créé par un petit nombre pour un petit nombre mais un objet créé par tous et toutes »…