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Yamina Ghoul défend sans compter les droits de nos organisations de jeunesse, aujourd’hui à 37 membres. Négociatrice coriace, intransigeante face à l’injustice, notre Secrétaire générale est toujours passionnée par son boulot qui en épuiserait plus d’un.
On peut le dire : la relation est viscérale dans le couple « Yamina + COJ ». « J’ai l’impression d’être née dedans, confie-t-elle. J’ai mis beaucoup d’efforts, de temps, de sacrifice, mais la confiance que me font ses membres n’a pas de prix ». Lors de négociations, elle peut se montrer entêtée si le combat est juste. « Si je me suis fixé un objectif à atteindre, je l’ai calculé pour les besoins des OJ de la COJ et j’ai évalué ce à quoi nous avions droit, en fonction de notre poids dans le secteur. Si la COJ a droit à tel volume d’emploi ou tel montant de subventions, je vais le défendre et ne pas lâcher prise. Cela me prend aux tripes, après je suis épuisée ».
Flashback. Fille de parents algériens émigrés dans le Borinage, notre Secrétaire générale entame sa vie professionnelle à 19 ans à l’ambassade d’Algérie de Bruxelles. Elle y travaille 8 ans puis, au changement d’ambassadeur, elle postule ailleurs et atterrit à la COJ. « Un choc. Le bâtiment : un escalier avec une marche sur deux, aucune armoire ne tient debout, aucune chaise avec quatre pieds. Voilà mon entrée dans le socioculturel, loin des salons luxueux de l’ambassade ! Je ne connaissais ni le secteur associatif ni même le fonctionnement d’une ASBL ! Lorsqu’on parlait de « président », c’était le président de la République algérienne, pas celui d’une ASBL ! » . Au final, aucun regret, « les équipes, les débats et les combats pour la jeunesse et l’associatif étaient – et sont toujours – passionnants ».
Engagée en mars 1983, elle devient 10 ans plus tard Secrétaire générale. « J’avais dit au Président de la COJ de l’époque : j’accepte le poste à la condition de ne prendre aucun mandat politique ». Que nenni ! S’ensuit une négociation avec les autres fédés pour attribuer la charge fort convoitée de présidente de la DOJ (l’actuelle CCOJ). « Il y a eu un show. à la fin, le président de la COJ demande une interruption de séance et va fumer sa cigarette. Il revient et dit : je vous informe que la présidence va être occupée par Yamina. » La douche est froide, à la faire pleurer car jongler entre ses nouvelles tâches de Secrétaire générale, ce poste qu’elle ne connait pas du tout, et deux enfants en bas âge, la pression est intense. être aux responsabilités, c’est dur, ce secteur ne fait pas exception. Mais elle assume, avec aujourd’hui mille anecdotes en poche… «Et avec les mandats, l’appétit vient en mangeant », explique-elle. « Avec ce que j’ai appris et ce que j’ai vécu, je ne pourrais plus m’en passer », acceptant dernièrement la présidence de la CESSOC, la confédération patronale pour le secteur socioculturel. Et la politique, y a-t-elle songé ? « Bien sûr, mais il faut choisir : ici on traite de politique de jeunesse, de politiques liées à l’emploi, cela reste abordable, à dimension humaine. Je serais certainement plus seule en politique. Cela ne m’intéresse pas, je suis une femme de contact ».
En 32 ans de service, elle aura vu la COJ passer de 25 à 37 OJ, d’un à dix permanents. « Compter 37 OJ est une force mais aussi une faiblesse ! Il faut composer avec nos membres, gérer un CA de 22 personnes, arriver à un consensus. Cela demande beaucoup d’attention, de vigilance et de soutien. Certaines OJ s’autogèrent, elles ont suffisamment d’expérience, ce qui permet de prendre du temps avec les OJ plus récentes dans le secteur ». Pas évident, sans compter qu’elle aura vu défiler 11 président(e)s COJ et 9 ministres de la jeunesse. Elle se sera exténuée plus d’une fois, que ce soit en négociant le décret de 2009 (un sympathique marathon de 24h) ou le partage des postes APE.
Mère courage, Yamina Ghoul a des points faibles : l’idée de faire une valise pour partir en vacances la fatigue ! Pour décompresser ? Il n’y a que son… chat ! Qu’il se pose sur ses dossiers et elle arrête tout, fin du round… momentanée. Car inépuisable, cette force de la nature – souriante en plus – est du genre à vous dépanner à toute heure et à enclencher ses coups de fil professionnels dès 7h dans la voiture. La folie généreuse.