« Cela me rend triste de voir qu’un monde où le culte du nationalisme, de l’identité nationale, du sang et du sol, peut encore nous attendre au tournant… «
En Autriche, Sebastian Kurz est le plus jeune dirigeant du monde, avec une politique anti-immigration et conservatrice ! En Italie, la ligue du Nord, au Brésil, un président (élu donc), conservateur à fond, militant pour le port d’arme, ouvertement raciste, homophobe, sexiste. En Belgique, aux élections communales le Vlaams Belang fait plus de 40% à Ninove ! L’extrême droite monte partout dans le monde et ça me rend triste.
Je me demande comment on peut arriver à concevoir qu’il y ait des humains – qui n’ont pas de grade ou de statut à part celui qu’on peut leur attribuer, tels que « les migrants » ou « les étrangers » – soient la cause des maux d’une population ? Par conséquent, je me demande comment on peut attribuer à des humains, qui n’ont rien fait d’autre que d’aller ailleurs par insécurité ou avoir des origines étrangères une étiquette de voleurs, profiteurs, magouilleurs, et bien d’autres accusations…
Je trouve ça dégoutant qu’on puisse diaboliser des gens qui ont déjà un parcours de vie tellement rude. Et je trouve ça carrément répugnant que, dans les faits, on enferme des familles en « prison » (car je préfère utiliser le mot « prison » pour ne pas banaliser en utilisant « centre fermé »). Ça me révolte !
Comment peut-on avoir à la tête de démocraties, qui sont censées être des Etats de droit, des personnes qui ne respectent pas les droits de l’Homme ? Quant à la population, aux citoyens, je ne comprends pas pourquoi des gens veulent se replier sur leur pays, sur une identité nationale. Certes, c’est beau d’être fier de nos traditions mais je trouverais ça bête de se fermer aux autres cultures, qu’elles soient proches ou lointaines.
Dans le brassage des migrations, il peut y avoir tellement de partages à faire, d’apprentissages, de valeurs, à en tirer. Par exemple, je joue de la Darbuka, c’est une percussion turque, sans l’immigration je ne sais pas si j’aurais été amené à en jouer…
Et puis, qu’on le veuille ou non, on vit dans un monde où les infos vont de plus en plus vite, viennent de plus en plus loin, les moyens de transports sont de plus en plus rapides. Nos frontières imaginaires sont fragiles. N’est-ce pas voué à l’échec de vouloir les renforcer ?
Enfin, je me dis qu’en tirant des conclusions négatives sur une masse de gens et en se repliant sur soi, cela ne pourra qu’aboutir à des comportements de haine et de peur. Personnellement, quand je suis face à des inconnus, je vais surement avancer avec à priori, alors qu’en s’ouvrant à l’autre, dans des relations de communication, je ne pourrais que sortir de mes représentations, soit en les désapprouvant complètement ou en les confirmant mais sur base de quelque chose de tangible.
Je n’ai pas d’amis d’extrême droite. En fait, je ne sais pas quel comportement a l’électorat d’extrême droite. à quoi il ressemble ? Est-ce « monsieur tout le monde » ? Je connais bien quelques exemples de skinheads qui tabassent des étrangers, vu des commentaires de réac’ et racistes sur les réseaux sociaux, mais ce milieu me parait tellement loin du mien.
Qu’est-ce qui pousse à voter pour l’extrême droite ? La peur de l’inconnu ? Les médias (où l’information devient de la désinformation) ? Un passé d’oppression ?
J’ai encore bien des choses à creuser pour cerner le pourquoi du comment, mais je sais que ça me rend triste. Alors que je vois, que, pas à pas, un monde de tolérance et d’acceptation de l’orientation sexuelle, du genre, de l’origine, de la classe sociale se construit chez les jeunes qui m’entourent de près ou de loin, cela me rend triste de voir qu’un monde où le culte du nationalisme, de l’identité nationale, du sang et du sol, peut encore nous attendre au tournant…
Elie Scorier, chronique d’un ado ordinaire…