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2019 : les filles en cuisine, les garçons en menuiserie ?

  29 Mar , 2019   , , , ,    COJ

Les Ceméa ont présenté le rapport final du projet, initié par la Fédération Wallonie Bruxelles , intitulé Favoriser la mixité de sexes en maisons et centres de jeunes : un enjeu pour les filles et les garçons, un enjeu pour la société. Avec, en plus, la sorite d'un MIX'Outils pour tous.

Durant l’année 2018, les équipes des Ceméa ont rencontré 12 maisons de jeunes situées dans toute la Fédération Wallonie-Bruxelles, de Bruxelles à Rochefort. Objectif ? réfléchir sur la mixité des sexes et créer, in fine, un outil pédagogique. Sur le terrain : questionnaire, activités, rencontres avec des animateurs et animatrices, des coordinateurs et des jeunes. Trois filtres ont été posés pour aborder la mixité :  les activités, les relations et l’espace. Trois dimensions que l’on retrouve dans leur outil pédagogique : Mix’Outils, vivre et faire vivre la mixité entre filles et garçons en centres de jeunes.
« Via les fédérations, nous avons sollicité plus de 60 maisons de jeunes, explique Marie-France Zicot des Ceméa, co-pilote du projet. Une quinzaine ont répondu favorablement. Beaucoup de maisons de jeunes n’avaient pas le temps. Mais, on a aussi senti que le sujet était un peu tabou car cela reviendrait à questionner les équipes. Cela peut bousculer jusque dans les modèles de notre vie privée (notre couple, notre éducation, nos choix de vie, etc.). Au niveau des constats : parfois, on pense qu’on est en train de développer une mixité mais on ne fait que juxtaposer les filles et les garçons dans des rôles qui leur sont assignés par exemple, les filles en atelier cuisine, les garçons en menuiserie. Certains diront « c’est culturel » ou que c’est une « complémentarité » quand, même inconsciemment, on assignera la douceur à l’animatrice, l’autorité à l’animateur. Il y a aussi pas mal d’activités non-mixtes où se pose la question de la pertinence. Pareil pour les espaces qu’on a pu observer avec, par exemple, d’entrée de jeu, un baby-foot, des posters de foot, etc. ».

Les moyens de sa réflexion

Les maisons de Jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles sont principalement fréquentées par des garçons. « Seul un tiers d’entre elles déclarent accueillir un public tout à fait mixte, signale la FWB. « Comment faire venir les filles ? C’est une des préoccupations majeures des maisons de jeunes, poursuit Marie-France Zicot. Dans notre société, il y a toujours des pressions sur les filles et les femmes dans l’espace public. La maison de jeunes n’est pas une bulle. Elle est perméable au quartier avec l’œil des parents et du voisinage rivé dessus.  Les jeunes disent : « à l’intérieur des maisons de jeunes, on fait des activités ensemble. En dehors, on est séparé sinon on ne pourra plus revenir ». Autre constat :  les maisons de jeunes peuvent être démunies au niveau des outils mais aussi de leurs conditions de travail. La plupart des animateurs travaillent à temps partiel. Il y a un turn-over qui fragilise le travail au long cours. Peu de place donc pour se poser et réfléchir à son fonctionnement. »

Le soutien institutionnel et structurel par les fédérations, les services de l’Inspection et la Fédération Wallonie-Bruxelles est d’ailleurs une des recommandations du rapport. Les Ceméa recommandent entre autres : que la non-mixité des activités soient un moyen (pertinent et à durée déterminée), non une finalité. Ou encore : la formation continue qui permettrait de « lutter contre les assignations au sein des équipes d’animation ».

Avec une expertise reconnue en jeunesse et égalité des genres, les Ceméa avaient remporté ce marché public lancé par l’ex-Ministre de la jeunesse Isabelle Simonis qui avait aussi à sa charge le droit des femmes (une première en Belgique) et l’égalité des chances.  Aujourd’hui, l’initiative est saluée par le nouveau Ministre de la jeunesse, Rachid Madrane 1 « L’étude des Ceméa a le mérite de nommer les choses et, surtout, de proposer des outils qui pourront irriguer le cadre et les pratiques des travailleurs. Toutefois, l’enjeu de la mixité de genre dépasse le rôle d’un seul ministre et d’une durée. Cela doit traverser les formations politiques et les législatures ».

Prochaine étape des Ceméa : des journées de sensibilisation au Mix’Outils, en Wallonie et à Bruxelles pour tout le secteur jeunesse. Disponible en téléchargement, il sera par ailleurs envoyé à l’ensemble des centres des jeunes et des organisations de jeunesse.  

Nurten Aka

Projet à suivre sur www.cemea.be

 

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1.  En charge aussi de l’Aide à la jeunesse, Rachid Madrane a le souci de lancer prochainement une IPPJ mixte. Ce serait une première en Belgique.