Pandémie et confinement de la population : les organisations de jeunesse (OJ) ont aussi été impactées, à se réinventer dans l'urgence pour garder un lien avec leurs jeunes confinés. Nos OJ témoignent de leur créativité, de leurs difficultés, de leurs inquiétudes . Mentor-Escale, EGD, Réseau Infor Jeunes, AFS Programmes Interculturels.
« L’accompagnement physique a été remplacé par un accompagnement virtuel, les situations spécifiques (nécessitant des contacts physiques), par un accompagnement sur mesure. Les réseaux sociaux nous ont permis de proposer certaines activités et de garder le lien, grâce notamment à des challenges hebdomadaires. Varier les contenus, proposer un rendez-vous hebdomadaire, amener les jeunes à participer en individuel, informer… ont été nos mots d’ordre pour garder le contact. Le confinement a aussi été révélateur de la fracture numérique car notre public est souvent isolé du numérique. Toutefois, grâce à une action d’Oxfam-Solidarité, nous avons pu offrir 30 ordinateurs aux jeunes les plus en difficultés scolaires. Notre public est constitué de jeunes réfugiés ou des demandeurs d’asile, des filles et des garçons, de 14 à parfois plus de 26 ans, issus de dizaines de pays et donc de cultures très différentes. Dans leur parcours d’exil, ils sont souvent déjà confrontés à un manque de lien, de réseau ou à l’isolement, mais sont également à des stades d’autonomie, d’apprentissage et un niveau de compréhension de la langue variables. C’est pourquoi les moments collectifs sont très importants pour eux. Aujourd’hui nous sommes de retour au bureau, fonctionnons majoritairement sur rendez-vous, en pratiquant la distanciation sociale. Le suivi socio-éducatif se fait sur rendez-vous et la reprise de contact avec les jeunes s’organise en petits groupes à l’extérieur. L’été sera l’occasion de réintégrer nos bénévoles dans nos activités. Nous proposerons encore un programme d’activités co-construites avec nos jeunes pour leur permettre de bouger, de tester des nouveaux sports, de visiter des musées, ou toute autre activité leur permettant de s’ouvrir, de créer du lien, de rompre l’isolement et de favoriser leur accès à la culture. Notre objectif est de se revoir et de réactiver le contact social qui nous a manqué à tous.. » Mentor-Escale
« Dès le début du confinement, nous avons créé des activités d’éducation à la Paix à réaliser à domicile. Notre réflexion s’est portée vers tous ces enfants en confinement qui allaient peut-être s’ennuyer et vers ces parents qui allaient bientôt manquer d’inspiration pour occuper leurs enfants. De plus, le confinement peut provoquer des tensions familiales. On s’est dit : « Ne pourrions-nous pas leur permettre de partager ensemble un moment autour d’un message de paix et créer une activité suffisamment diversifiée pour que les enfants aussi puissent continuer à avancer sur cette activité tout seul ? ». Une mise en situation/débat, un jeu coopératif, un défi à relever par l’enfant, etc. Des activités que nous avons partagées sur nos réseaux sociaux et sur différents groupes d’entraide aux parents et des groupes d’activités pour enfants. Nous avons tenté de faire de ce confinement un moment d’innovation et de créativité, un arrêt pour réfléchir et produire de nouvelles activités, pour expérimenter un nouveau rapport à l’autre, aussi dans nos relations professionnelles où nous tentons d’intégrer les familles à notre travail, nous avons expérimenté des formations à distance en y intégrant nos dimensions habituelles de développement des sociabilités et de la coopération. Le confinement chez EGD pose la question de la durée (même avec confinement partiel) : allons-nous pouvoir continuer nos activités habituelles, nos animations dans les écoles si les enfants et les jeunes n’y sont presque pas ? Si non, quelles seront les conséquences économiques pour faire perdurer nos activités ? Par ailleurs, quels seront les problèmes de société qui s’en suivront ? Allons-nous continuer à avoir peur de « l’autre » ? avec une définition très restreinte de l’autre, à savoir, celui qui ne loge pas sous notre toit ? Allons-nous rester cloîtrés chez nous pour ne pas devoir faire face au risque « de la contamination » ? Allons-nous analyser toutes les relations macro-sociales en termes de risques et de complot et encore diminuer notre confiance dans les pouvoirs politiques ? Allons-nous saisir l’opportunité de cet « arrêt » pour redémarrer plus en harmonie avec la nature ? Ou était-ce juste un temps d’arrêt pour redémarrer au mieux la consommation effrénée ? Ce confinement (nous) a posé beaucoup de questions essentielles. » EGD, éducation Globale et Développement.
« Derrière nos écrans, confinés à la maison, nous avons malgré tout réussi à toucher, informer et répondre aux interrogations des jeunes. Job étudiant, enseignement, mobilité internationale, protection sociale,… Les mesures de restriction prises face au coronavirus impactent le quotidien des jeunes et ils se posent un tas de questions ! Il fallait être créatif en cette période de confinement : lives sur les réseaux sociaux, entretiens par Skype avec les jeunes, vidéos informatives, création d’un groupe Facebook pour mettre en relation les rhétos en pleine orientation et les étudiants en supérieur, lancement de challenges créatifs et réflexifs, publication d’une FAQ informative sur le coronavirus, etc. Cela étant, nous n’avons pas manqué de briser la monotonie du confinement en relâchant la pression en fin de semaine entre collègues, photo à l’appui… » Réseau Infor Jeunes
« Avec le confinement, le suivi personnalisé de chaque jeune et famille en programme a été renforcé pour faire face à ce changement soudain. Être au plus proche des participants dans un contexte international incertain était primordial… À la rentrée scolaire, quelques 100 jeunes belges partiront vivre une aventure interculturelle avec AFS aux quatre coins du monde. À l’inverse, AFS Belgique accueillera une centaine d’étudiants étrangers. À ce stade de l’année, nombreux sont celles et ceux qui attendent toujours les coordonnées de leur famille d’accueil belge et, ce faisant, la confirmation qu’ils seront en mesure de venir. Mais quelle sera la suite pour 2021 ? Les jeunes vont-il pouvoir voyager à l’étranger en 2021 ? Devons-nous laisser une place plus importante aux échanges virtuels ? Quel sera l’impact d’une récession économique sur les inégalités ? Une partie de la réaction d’AFS est par exemple de travailler sur des pistes potentielles de nouveaux mécanismes pour offrir plus de bourses de participation. On devra faire face à toutes ces questions… » AFS Programmes Interculturels