Nombreuses Organisations de Jeunesse s’occupent de près ou de loin de l’accrochage (scolaire) comme l’Asbl Sorlidarcité, membre de la COJ. L’Asbl accueille des jeunes pour des projets à long terme intitulés « années citoyennes ». Une façon de (re)mettre le jeune dans la Cité, l’impliquant dans un projet de société (rénovations, bâtiments, construction, animaux, théâtre etc.). L’occasion d’interroger le terrain avec Thipaine van Renterghem, responsable du suivi individuel à Solidarcité. Interview.
Nous accueillons des jeunes de 16 à 25 ans, souvent un public fragilisé. Ce sont rarement les écoles ou les CPMS qui viennent vers nous. Ce sont plutôt les jeunes qui, par le bouche à oreille d’un pote qui est passé par là, viennent nous voir ou alors un parent qui nous a découvert sur les réseaux, sur Internet. Les jeunes que nous accueillons ne sont pas tous en décrochage scolaire. Ce n’est d’ailleurs pas la majorité. Un mineur est en obligation scolaire et nous ne sommes pas l’école. Nous ne sommes pas non plus reconnus comme une alternative
« officielle » comme un CEFA (Centre de Formation en Alternance) par exemple. C’est d’ailleurs une des difficultés. Il y a des jeunes qui marquent une pause dans leur scolarité et qui ont besoin d’un moment pour eux, pour se découvrir autrement. Il y en a d’autres qui ont décroché depuis très longtemps, d’autres encore qui cherchent un sens à leur vie…
En effet. Pourtant, cette année par exemple, pas mal de jeunes qui sont passés par une année de projet citoyen sont retournés vers un parcours de formation. Des jeunes à qui… il ne fallait pas parler d’école. Une jeune fille ayant participé à un projet « bois » s’est découvert une vocation. Elle a maintenant entamé une formation de menuisière. En cela, on est dans de l’accrochage très concrètement.
Les jeunes ont conscience d’avoir vécu quelque chose de particulier. Sans vouloir jeter la pierre à l’école, ce sont bien souvent des jeunes qui ont été abimés par leur parcours scolaire. Avec nos projets collectifs étalés sur une année (au sein d’un groupe composé d’un public diversifié, c’est très important), les jeunes se découvrent autrement, se sentent utiles, donnent leur avis, prennent des initiatives, se rencontrent. Ils parlent souvent de ces rencontres qu’ils n’auraient jamais faites ailleurs. Ils reprennent confiance en eux, ils se nourrissent de ce parcours. Certains jeunes reviennent même longtemps après et donnent de leurs nouvelles. Ils expliquent que ce passage a été leur bulle d’air.
Actuellement, nous avons très peu de contact avec le monde scolaire ou les CPMS (centres psycho-médico sociaux -ndlr). Peu à peu, des conventions se mettent en place avec certaines écoles. Mais c’est encore assez rare. Il faut veiller à proposer des projets variés, des alternatives afin que tous les jeunes puissent y prendre part et trouver leur place dans la Cité. Certains jeunes vivent des situations tellement compliquées qu’ils ne sont pas toujours disponibles pour vivre des projets de longue durée. Il y a peu d’alternatives à l’obligation scolaire et beaucoup de jeunes qui en ont besoin pourtant. Il faut offrir des pistes à ces jeunes. Il y a d’autres compétences à développer que celles de l’école qui peuvent (re)donner confiance aux jeunes et les aider à trouver leur voie.
Pour des jeunes de 16-18 ans, il faut une reconnaissance, une forme de « dérogation scolaire » pour pouvoir permettre aux associations de proposer une alternative officielle et d’entrer de plein pied dans ce processus d’accrochage scolaire via les SAS (Services d’accrochage scolaire, lire article ci-contre – ndlr) par exemple, travailler en collaboration avec les CPMS… Le statut de volontaire doit être reconnu. Alors là, on pourra avoir un réel partenariat avec les écoles.
Propos recueillis par Virginie Pierre