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Rencontre & Réflexion

A bas la société de la connaissance !

  20 Sep , 2016   , ,    COJ

C’est formidable ! On sait de plus en plus de choses…

… Des plus futiles aux plus importantes, des plus communes aux plus pointues et spécifiques. Pour les futiles, la visite de certains sites Internet d’infos grand public organisant l’info selon le nombre de clics, ce qui nous renvoie souvent sur l’actu People ou les comportements de consommation. Et on ne sait toujours pas lécher son coude pour autant… Mais ça c’est physique, et l’évolution permettra peut-être un jour à l’Humanité cet exploit.

On sait de plus en plus de choses donc. Cette connaissance cumulée – et vraisemblablement sans fin – devrait nous ouvrir des perspectives de progrès. Et pourtant…

Du côté des connaissances, après de longs et savants calculs, actons que le 8 août dernier était le jour du dépassement1, c’est-à-dire le jour de l’année 2016 où nous avons consommé les ressources produites par la planète pour cette même année. A 60% de l’année à peine, nous puisons, irrémédiablement, dans les réserves de la Terre.

D’autres calculs nous proposent également la distribution des richesses2 à l’échelle du monde :

  • 10 % de la population mondiale possède 86 % des ressources disponibles ;
  • 50 % de la population mondiale ne possède (quasi) rien ;
  • 40 % de la population mondiale -la classe moyenne- se partage le solde de 14 % des ressources mondiales.

Ne partant que ces deux éléments très significatifs pour le devenir de notre Humanité, nous ne pouvons nier qu’il y a comme un léger problème auquel on peine à apporter des solutions avec de réels effets. Le jour du dépassement progresse depuis plus de quarante ans et la mainmise d’une faible part de population sur la quasi-totalité des ressources mondiales est plutôt constante dans l’histoire.

Connaitre ne suffit donc pas… Il y aurait peut-être même un vrai souci à confondre connaissance et intelligence, c’est-à-dire amalgamer une forme d’analyse et de compréhension des caractéristiques d’un fait, d’un objet ou d’un phénomène avec le fait de penser une situation pour choisir des moyens d’action. Le lien de l’un à l’autre ne serait donc pas fait, ou à tout le moins, pas à suffisance au regard des urgences citées plus avant. Il y aurait de réelles difficultés à agir, au-delà de savoir.

C’est ici – précisément – que la culture prend tout son sens, puisqu’elle allie connaissances, savoir-faire, créativité, traditions, transgressions… propres à un groupe humain. Mieux, elle transforme ces dimensions en art de vivre très concret et opérationnel. Elle met les éléments en tension, en débat, en scène ou en perspective… et participe, à l’appropriation consciente par les protagonistes du groupe humain de la pratique et du sens de celle-ci.

Mais quelle place est aujourd’hui encore accordée à la culture (pour tous et par tous) ? Dans la hiérarchie sociétale, face au savoir, la domination de ce dernier est significative. à titre d’exemple et sans nier la nécessité de l’enseignement pour notre société, le rapport des moyens alloués entre l’enseignement et la culture, au sein du budget 2016 de la Fédération Wallonie-Bruxelles3, va de 1 à plus de 11. Autrement dit, la culture ne représente que 8,52 % du budget de l’enseignement.

Malgré nos connaissances donc, et au regard des moyens accordés à la culture, les transformations utiles ne sont pas pour demain. A moins qu’une révolution culturelle ne s’annonce et bouge, très ostensiblement, les lignes !

Abbé Tise – Chronique à contre-courant

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1. http://www.footprintnetwork.org/fr/index.php/GFN/page/earth_overshoot_day/

2. http://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/alain-badiou-penser-les-meurtres-de-masse-du-13-novembre-version-texte (partie II. Effets sur les populations)

3. http://www.budget-finances.cfwb.be/index.php?id=12502