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Politique

Carte Blanche : La culture, un rempart démocratique nécessaire contre les régimes autoritaires

  24 Fév , 2025    coj

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La COJ est co-signataire de la carte blanche : La culture, rempart contre les régimes autoritaires.

Depuis quelque temps, une tendance inquiétante se dessine dans le discours de certaines personnalités politiques : la remise en question du caractère politique de la culture. 

La culture est un outil de transformation sociale et de critique du pouvoir. En co-signant cette carte blanche, la COJ affirme son engagement pour une action socioculturelle capable de bousculer les idées et de défendre ses valeurs d’égalité et de solidarité. 

La culture est politique. Elle ne doit pas être dépolitisée mais rester un espace de critique et de changement. Résistons ensemble ! 

La carte blanche a été publiée dans la Libre ici .

La carte blanche :

La culture, un rempart démocratique nécessaire contre les régimes autoritaires

Depuis quelque temps, une tendance inquiétante se dessine dans le discours de certaines personnalités politiques : la remise en question du caractère politique de la culture. Ce discours qui confine la culture à une forme de divertissement, est en réalité une tentative de neutralisation de son pouvoir de transformation sociale. Car oui, la culture est politique parce qu’elle dit le monde tel qu’il est et esquisse des pistes d’évolutions. Elle s’est toujours située dans le champ politique et doit le rester.

Un outil humaniste de transformation sociale

L’Histoire nous montre que la culture a toujours été un levier de changement. Des chants révolutionnaires aux fresques murales engagées, en passant par la littérature contestataire et le cinéma social, l’art est un moyen de questionner, de dénoncer et de réinventer nos sociétés.

Les régimes autoritaires, voire totalitaires, ont toujours cherché à museler les artistes et à orienter la production culturelle vers une vision simpliste, univoque et dogmatique. L’Histoire regorge d’exemples tristement célèbres où la standardisation culturelle visait à priver l’art de sa fonction critique, à étouffer les voix dissidentes et à instrumentaliser les activités culturelles au service de la propagande du régime dominant.

Une culture qui se contenterait d’être une forme de divertissement de masse, une simple modalité de production économique, dénuée de toute réflexion sur la société constituerait en soi une forme de propagande visant l’inaction et l’indifférence.

Un pilier de la démocratie culturelle

Derrière cette offensive contre la culture se cache une vision réactionnaire qui rêve d’une culture homogène et dépolitisée, se contentant de la reproduction sociale comme horizon. Pourtant, la diversité des expressions culturelles est un fondement de la démocratie. Une démocratie vivante est une démocratie qui permet la confrontation des idées, qui encourage l’expression des personnes en marge et des minorités, qui donne la parole à celles et ceux qui sont invisibles ou que l’on cherche à invisibiliser, qui empêche toute domination d’une forme de culture sur une autre, d’un groupe sur un autre.

Marcel Hicter, grande figure des politiques culturelles en Communauté française de Belgique, a défendu l’idée de la démocratie culturelle comme un espace où chaque individu a le droit d’accéder à la culture, mais aussi d’y contribuer activement. La culture ne se résume pas à la consommation passive d’une production culturelle, elle est un vecteur d’émancipation et de prise de conscience collective. Elle doit permettre à chacun et à chacune de devenir acteur ou actrice critique, responsable et éclairé·e de la société.

Une mission de critique des pouvoirs en place

Dépourvue de sa fonction critique et transformatrice, la culture devient un simple outil de légitimation des pouvoirs en place. Pourtant, l’une de ses missions fondamentales est d’interroger les structures établies, d’interpeller les institutions et de mettre en lumière leurs incohérences et injustices. Les artistes, les penseurs, les penseuses, les créateurs, les créatrices… ont toujours eu pour rôle d’exposer les dérives du pouvoir, d’offrir des contre-récits et de stimuler le débat démocratique.

Dépolitiser la culture, c’est en réalité la dévitaliser, la priver de sa force critique, de sa capacité à rêver les utopies, à inspirer des changements, à provoquer des prises de conscience. C’est aussi, et surtout, ouvrir la voie à une culture instrumentalisée par celles et ceux qui prétendent la « protéger ».

Un État qui se veut démocratique doit soutenir la contestation

Si la culture est un rempart contre les dérives autoritaires et une voix essentielle dans la critique des pouvoirs établis, alors elle doit être soutenue par des politiques publiques ambitieuses. C’est pourquoi l’existence d’un ministère de la Culture fort et doté de moyens suffisants est une nécessité. Le financement public de la culture n’est pas un luxe, mais une garantie démocratique et un devoir éthique. Il assure que les artistes et les acteurs et actrices culturel·les et socioculturel·les puissent mener des actions et créer librement, sans dépendre exclusivement de mécènes privés ou d’intérêts commerciaux qui pourraient brider leur liberté d’expression.

L’État démocratique ne doit pas seulement financer la culture, il doit aussi financer la contestation et toutes formes de contre-pouvoirs. Une culture vivante et dynamique est une culture qui interroge et qui bouscule. C’est en permettant l’émergence d’œuvres critiques, en soutenant les artistes et les productions culturelles, en garantissant l’accès de toutes et tous à la diversité culturelle que l’on renforce véritablement la démocratie.

Restons vigilant·es et engageons le combat

Face aux attaques répétées contre les politiques culturelles, nous appelons tou·tes les représentant·es et mandataires politiques à rester vigilant·es et à affirmer le rôle essentiel de la culture dans la défense des valeurs d’égalité, de solidarité et de liberté. Loin d’être une tour d’ivoire, la culture est un champ de bataille des idées et des projets de société où s’esquisse et se colore, constamment et dans la contradiction, le futur de nos sociétés.

Refusons donc cette tentative d’aseptisation et rappelons-nous que chaque acte de création est un acte politique. Rappelons-nous surtout ces exemples du passé qui nous ont conduits à crier haut et fort « PLUS JAMAIS ÇA ».