Interrogeant le « faire associatif, aujourd’hui », le nouveau Collectif 21 (lire COJ#24) a diffusé son troisième débat, confiné et en ligne, sur internet. Un débat de circonstance intitulé Résilience et place du secteur associatif face aux politiques publiques.
Pour ce débat confiné, trois intervenants : Jacques Moriau (Sociologue et chargé de recherche au CBCS – Conseil bruxellois de coordination sociopolitique), Céline Nieuwenhuys (Secrétaire Générale de la Fédération des Services Sociaux) et Arianne Estenne (présidente du MOC). Ensemble, les trois intervenants ont exprimé leurs inquiétudes pour le secteur associatif face à la crise : gestion des urgences sociales, risques sanitaires auxquels les professionnels sont confrontés, fatigue, travailleurs laissés pour compte par les pouvoirs publics) … Triste tableau rehaussé par une pointe d’optimisme par Arianne Estenne (« cette crise donne davantage de sens à notre travail » , « on est aussi plus proche de notre essence ».). En effet, les travailleurs sociaux ont fait preuve de créativité pour répondre aux besoins des citoyens en difficultés, fragilisés. Le débat du Collectif21 a aussi pointé le fait que la crise du coronavirus a amené l’opportunité de mener un débat collectif et épingler par ailleurs la résilience associative et citoyenne. Ainsi, après deux décennies marquées par des crises (celle de 2008, les attentats en 2015-2016, et l’actuelle crise sanitaire du COVID-19), des mesures d’urgence ont été prises par l’État sans qu’il y ait un réel débat citoyen sur ces questions. Ceux-ci répondent alors par la spontanéité et la capacité à mettre en place des réseaux d’entraide et de solidarité. De quoi se poser des questions : l’État se désinvestirait-il de ses fonctions ? Que penser de ce réseau (informel) associatif « caritatif et citoyen » sur lequel s’appuie l’Etat en vis-à-vis de l’associatif professionnel et institutionnalisé ? Une entraide citoyenne, en mode caritatif, gratuite, bénévole sur laquelle se repose l’Etat qui doit aussi soutenir l’associatif professionnel, rémunéré) … Céline Nieuwenhuys confie son inquiétude par rapport aux acteurs sociaux qui vont se retrouver avec le double de travail demain. Alors que les autorités régionales ont été réactives par rapport à la situation d’urgence, les budgets pour le secteur social et de la santé ne sont malheureusement pas toujours à la hauteur. Alors comment peut-on se mobiliser face aux urgences ? Des pistes sont lancées : par la création de nouveaux outils, en hiérarchisant les priorités, ou encore en partant des foyers de luttes existants. Exemple avec les luttes féministes et l’évolution de foyers jusqu’à de fortes mobilisations. Le mouvement #MeToo (lancé par Tarana Burke en 2007, médiatisé par l’affaire Weinstein en 2017) a mis en question les pratiques de chacun. Et aujourd’hui, il y a une grève des femmes qui est mondiale. C’était perçu comme utopique il y a 10 ans, et aujourd’hui cette grève existe)… Le débat est à (ré)écouter ici.