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La rentrée de nos OJ, témoignages 2/2

  7 Oct , 2020   , , ,    COJ

Une rentrée scolaire 2020-2021 pas comme les autres, des organisations de jeunesse de la COJ témoignent du défi.

« Pour les sourds, qu’ils soient oralistes ou non et pour toute personne signante, le port du masque est très déstabilisant car l’expression faciale fait entièrement partie de la syntaxe de la langue. « 

© CREE« Pour le CREE, organisation de jeunesse pour enfants sourds et malentendants, la situation semble se stabiliser. Notre public spécifique est plus restreint que dans d’autres OJ. La non-participation de quelques enfants aurait pu compromettre l’entièreté d’un séjour. Mais le public a suivi. Les séjours et plaines se sont déroulés dans une belle ambiance. à partir de septembre, nos activités ponctuelles vont pouvoir s’organiser, le transport des enfants à partir de nos deux sites, soit Charleroi et Bruxelles également. Les partenariats avec d’autres associations semblent se poursuivre. D’après nos dernières informations (début septembre), nous allons également pouvoir poursuivre nos activités dans les écoles, le terme de « tiers présents » utilisé par le Ministère étant maintenant clarifié.

Dans les écoles, nous avons reporté les projets qui auraient dû avoir lieu du mois de mars à juin à la période de septembre à décembre, ce qui veut quand même dire que nous n’avons pas pu proposer de nouveaux projets à d’autres structures scolaires. Les activités de formation liées au décret et formation à la langue des signes se poursuivent avec des listes de participants qui s’allongent, une vraie bouffée d’espoir et un réel moteur de motivation pour les équipes. Mais tout est loin d’être rose.

Nous avons de grandes interrogations. L’obligation du port du masque en intérieur nous semble compliqué. Les enfants qui ont vécu les projets d’été vont être confronté à la distanciation avec leurs animateurs. Tout cela est fort confondant. L’inquiétude porte aussi sur les projets en résidentiel, notamment un centre de vacances durant les vacances d’automne et Noël. Y aura-t-il des mesures spécifiques comme pour les projets d’été ? De plus, comme déjà diffusé dans la presse, pour les sourds, qu’ils soient oralistes ou non et pour toute personne signante, le port du masque est très déstabilisant car l’expression faciale fait entièrement partie de la syntaxe de la langue. Franchement, la communication est compliquée. La visière pourrait-elle au moins être accordée ?…. Enfin, pas facile d’envisager le retour au bureau : travail à domicile, travail au CREE, travail sur le terrain… toute une gymnastique organisationnelle avec laquelle il faut composer pour rester bien traitant et  à l’écoute d’une équipe de 24 personnes. Jusqu’au 31 aout, pas de port du masque au sein des projets d’animation. Puis le 1er septembre, port du masque pour le rangement au sein de l’association. Pas évident de faire passer un message cohérent qui a du sens avec toujours cette crainte d’un retour en arrière, cette épée de Damoclès qui hante les esprits et qui empêche parfois d’avancer… »

CREE-Collectif Recherche et Expression, service de jeunesse spécialisé pour pour enfants et jeunes sourds et malentendants

 

 « Notre équipe reste sans cesse en alerte sur les décisions du gouvernement et l’adaptation des protocoles afin de pouvoir mener notre programme d’activités »

« C’est sûr, l’arrivée de la Covid-19 a impacté fortement notre programme d’activités. L’ensemble des activités résidentielles de groupe qui auraient dû se dérouler au printemps ont dû être annulées. Au total, on parle de 16 week-ends de volontariat et de 3 séjours à l’étranger. Toute la dimension de nos activités « volontariat international » a dû être repensée sur base de l’ancrage local. En respect des protocoles, nous aurions alors dû pouvoir organiser le départ d’urgence de tout jeune tombé malade au cours d’un projet. Ce qui nous aurait confronté à des problèmes logistiques insolubles. Pour des raisons similaires, nous n’avons pas encouragé les départs de jeunes résidents belges sur des projets court-terme à l’étranger. Les 180 jeunes qu’on envoie en moyenne chaque été sur des projets à l’étranger n’ont pas pu voyager. D’habitude, un été normal accueille entre 15 et 20 projets internationaux, cette année, seuls sept chantiers ouverts uniquement aux jeunes résidant en Belgique ont pu être maintenus. A cause de la pandémie, notre offre est moindre par rapport aux années précédentes mais le maintien des chantiers demande plus de travail en termes d’organisation : délimiter des lieux par bulle, éviter les contacts avec les locaux, diviser les groupes en intérieur/extérieur, etc.

Photo © CB

Actuellement, sous réserve d’évolution positive, nous planifions des activités de septembre à décembre. Au total, quatorze week-ends de volontariat et un séjour sont au programme. Deux échanges européens de jeunes en Belgique ont pu être reportés à l’automne. Le défi majeur ? L’évolution de la situation. Notre équipe reste sans cesse en alerte sur les décisions du gouvernement et l’adaptation des protocoles afin de pouvoir mener notre programme d’activités. C’est un défi contant. Les jeunes sont demandeurs. De nombreux volontaires rencontrés sur les chantiers ont manifesté leur joie – voire parfois leur reconnaissance – à pouvoir participer à ce type de projets malgré la situation que nous connaissons aujourd’hui. »

Les Compagnons Bâtisseurs

 

 

« Comment créer un groupe soudé si tous ne peuvent être présents en même temps ? Comment faire du théâtre ou de la vidéo, outils principaux de la formation, avec un masque ou loin les uns des autres ? »

 

© CFA« Le CFA a essayé de garder la tête hors de l’eau du climat anxiogène avec une l’équipe qui n’a eu de cesse de rebondir au fil des événements. Nous avons particulièrement été attentifs à notre manière de communiquer avec nos publics. Comment transmettre des infos fiables et rassurantes, rester en lien sans faire l’autruche ni sur-communiquer ? Nous avons maintenu le lien avec nos stagiaires en formation de longue durée en adaptant virtuellement nos contenus de formation quand c’était possible et en multipliant les contacts avec eux (en leur téléphonant régulièrement ou en organisant des soirées jeux hebdomadaires). Notre objectif était de permettre aux stagiaires de terminer leur parcours de formation. Mais tout ça n’a pas été sans incidence sur une équipe fatiguée aujourd’hui inquiète face à cette situation qui n’en finit pas, sur laquelle nous n’avons pas de prise, ou si peu.

L’angoisse du lendemain est bien présente au moment de la rentrée. Quelles activités nous allons pouvoir reprendre et sous quelles conditions ? Nous avons ainsi presque clôturé le recrutement des 26 stagiaires pour notre prochaine Formation d’Animateurs Socioculturels en un an. Mais, faute d’espace suffisant, combien pourront effectivement y prendre part ? Notre pédagogie induit des participants toujours en mouvement. Difficile dès lors de faire respecter les 1,5 mètres de distance. Comment créer un groupe soudé si tous ne peuvent être présents en même temps ? Comment faire du théâtre ou de la vidéo, outils principaux de la formation, avec un masque ou loin les uns des autres ? Il en va de même pour les formations que nous adressons à différents acteurs de l’univers jeunesse. Comment trouver des salles assez grandes pour tous les accueillir ? Autre interrogation : le soutien de nos pouvoirs subsidiants sera-t-il le même si nous ne pouvons accueillir le nombre « normal » de participants ? C’est sur la longueur qu’il faudra pouvoir tenir, professionnellement, financièrement, émotionnellement… »

CFA, Centre de Formation d’Animateurs