Ancienne directrice de la Fédération Infor-Jeunes, membre de la COJ, Gwenaëlle Grovonius est désormais une femme politique socialiste , députée fédérale depuis 2014, en campagne en 2019. L'occasion d'un portrait "retour vers le futur".
Elle nous avait reçu chez elle, à Namur, dans sa maison transformée en QG de campagne. Gwenaëlle Grovonius rempile pour cinq ans, cette fois-ci comme députée régionale. « J’aurais préféré rester au fédéral, avec les matières sur lesquelles je travaillais. Mais, il fallait prendre en compte les forces en présence et je ne décide pas de tout ! ».
Née à Namur, Gwenaëlle Grovonius a quitté sa ville pour étudier à Bruxelles, section « traduction anglais…-russe » à l’ISTI. « Mon père était un peu communiste, dit-elle, j’ai eu beaucoup de discussions sur la Russie et une fascination pour la langue. Pourtant, j’ai détesté les études, ce côté très solitaire avec son dico. Je n’ai d’ailleurs jamais travaillé comme traductrice ». Après les études, elle part tout de même quelques mois à Saint-Saint-Saint-Pétersbourg, une première vraie coupure avec son monde familier.
A son retour, elle entame un master en relations internationales et coopération au développement à… l’UCL. « Si mon père (permanent cheminot à la CGSP) avait eu son mot à dire, il n’aurait jamais accepté de m’inscrire à l’UCL. J’ai grandi dans un milieu socialiste, syndicaliste, très anti-calotin. à refaire, ce serait l’ULB. à l’époque, je ne percevais pas tout l’enjeu de la laïcité. Les récents débats sur l’avortement par exemple me poussent à moins relativiser ».
Diplôme en poche, elle se voit alors travailler pour une ONG mais une agence d’intérim lui propose un poste dans le cabinet de Benoît Lutgen. « J’ai adoré l’ambiance, la vie particulière des cabinets politiques mais le cdH n’était pas mon ADN. Après quelques mois, je suis passée au PS, chez Van Cauwenberghe, alors ministre-président ». Elle y travaillera pendant 7 ans. En parallèle, son activité politique commence, d’abord à l’échelon communal : conseillère CPAS en 2006, conseillère communale en 2009. Le train est lancé. « à partir d’un moment il n’y a plus de séparation entre travail et vie privée. Ma vie personnelle est souvent passée au second plan de mon engagement ».
« On est toujours sollicité : mails, messenger, whatsapp… Il n’y a plus de notion de temps »
Gwenaëlle Grovonius s’implique à un moment critique à la Fédération Infor-Jeunes. « Je découvre une situation catastrophique, on parle de dissolution, etc. J’avais fait le tour du travail dans les cabinets politiques. J’ai donc postulé comme directrice ». Son carnet d’adresses et sa capacité de mise en réseau font mouche. « On a recréé des liens avec les centres et lancé des projets mais le gros défi était de maintenir les gens qualifiés dans l’équipe. L’associatif n’a pas des salaires
attractifs. ».
Dans le secteur jeunesse, elle y est comme un poisson dans l’eau : piliers, répartitions d’enveloppes., etc. « Je ne m’attendais pas à un secteur si organisé, avec autant d’instances d’avis. On y perd parfois trop d’énergie et de temps ».
Vient alors la grande opportunité politique lorsque le parti socialiste cherche une Namuroise à la deuxième place sur la liste des élections fédérales de 2014. « J’étais sur le point d’arrêter la politique, suite notamment au décès de mon papa. Tout s’est enchainé très vite. Une fois élue, tu te rends compte des implications : quitter son boulot pour se retrouver dans la politique à temps-plein, avec des gens que tu connais à peine ».
Dans son nouveau travail parlementaire, au sein de l’opposition fédérale, Gwenaëlle Grovonius traitera, entre autres, des relations internationales, avec un engagement actif sur la Palestine. Et des faits qui marquent « à vie » : le centre fermé 127 bis, des centres de réfugiés au Liban, en Palestine.
La politique, c’est surtout un rythme effréné. « On est toujours sollicité : mails, messenger, whatsapp… Il n’y a plus de notion de temps ». Comment décompresser ? S’évader dans des zones naturelles, non-peuplées « Je vois tellement de gens que j’ai besoin de me sentir seule au monde ». Quid du futur ? « Je ne pense pas faire toute ma carrière en politique. Peut-être un poste à responsabilité dans un syndicat ou dans une organisation internationale ou à la… COJ. En tout cas rester dans un milieu d’engagement. ».
Mathieu Midrez