Rencontre avec la ministre de la Jeunesse, Françoise Bertieaux.
La COJ a proposé à Françoise Bertieaux, la nouvelle ministre de la Jeunesse, de créer sa propre Organisation de Jeunesse, un exercice qui lui aura permis de rêver. Son association serait, nous dira-t-elle ironiquement, non pas affiliée à la COJ mais chez Jeunes et Libres, la fédération des Organisations de Jeunesse libérales. L’exercice que nous lui proposons, qui n’est pas des plus simples, lui a donné l’occasion de se frotter, avec ses équipes, à nos réalités décrétales, tout en nous exposant l’étendue de sa créativité.
Mme Bertieaux : Mon ASBL serait orientée sur les nouvelles technologies, la découverte et l’utilisation de celles-ci. Ma préoccupation est de sortir du seul débat sur ses dangers pour se centrer sur les bons usages. Je ferais un focus sur l’apprentissage et sur leurs utilités, pour comprendre quels sont les métiers, les fonctions utiles correspondantes et les débouchées qu’elles peuvent offrir.
Mme Bertieaux : L’apprentissage des nouvelles technologies, c’est d’abord comprendre comment les choses s’articulent et les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies. Je vais assez loin dans la réflexion puisque j’envisagerais la découverte des métiers dans lesquels les nouvelles technologies sont présentes. Je pense notamment aux soins de santé. Actuellement, toutes les salles d’opération sont équipées des nouvelles technologies. Ce n’est d’ailleurs généralement plus la main du chirurgien qui va dans le corps du patient mais des machines et des caméras.
Mme Bertieaux : Tout d’abord, mieux familiariser les jeunes à cet univers qui est désormais le leur. Ensuite, cela leur permet de se projeter dans l’utilisation concrète de ces nouvelles technologies. Je prends cet exemple du chirurgien : un jeune qui croyait qu’il fallait trifouiller dans le sang avec ses mains peut ainsi se rendre compte que ce n’est pas tout à fait comme cela que ça se passe en réalité. Cela peut donner un autre intérêt aux soins de santé et aider les jeunes à se projeter dans l’avenir.
Mme Bertieaux : Je mettrais, dans certains programmes, un focus particulier sur les filles. Nous avons, et en particulier en Belgique francophone, un problème ‘STEM’ (science, technology, engineering, and mathematics). Par rapport à la moyenne européenne, nous sommes nettement en dessous en matière d’intérêts, pour les filles, concernant les sciences, la technique et les mathématiques. Toutes initiatives pour stimuler leur intérêt sont donc les bienvenues. Cela se fait souvent dans les universités mais je trouve que si nous pouvions commencer en amont, déjà avec des jeunes de douze ans, pour leur montrer que la technique et la technologie ne sont pas des disciplines qui s’adressent exclusivement aux hommes, ce serait déjà un premier pas. Il faut casser les stéréotypes.
Mme Bertieaux : En tant que nouvelle association, je ne suis pas encore en état d’être financée par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il faut donc chercher d’autres partenaires qui permettront d’avoir accès aux entreprises, à la salle d’opération que j’évoquais tout à l’heure ou à la chaine de fabrication de nouvelles technologies par exemple. On peut peut-être aussi chercher du mécénat et du sponsoring, en argent ou, pourquoi pas, en équipement. Et avoir accès, dans notre siège social, à notre petite salle IT, où les jeunes pourraient venir participer à des ateliers ou d’autres activités.
Mme Bertieaux : Je vois qu’il y a de plus en plus de particuliers et d’acteurs institutionnels qui donnent. Lors des nombreux évènements culturels, sportifs ou sociaux, il y a le logo de la Fédération Wallonie-Bruxelles mais aussi celui de banques, d’entreprises de services. Il y a de nombreuses entreprises qui disposent d’un objectif social et qui ont des équipes qui sont en charge de ces aspects. Nous n’aurons pas des millions mais il faut commencer petit…
Mme Bertieaux : Qui ne risque rien n’a rien. Il faut toujours essayer. Cela peut prendre du temps. Et puis, c’est un gage de qualité. Cela veut dire que mon association rempli un certain nombre de conditions, y compris dans le cadre de la bonne gouvernance : ce qui signifie que l’ASBL est bien constituée, que je veille à bien former les gens qui agissent au sein de la structure, que ma comptabilité est bien tenue, etc.
Mme Bertieaux : Non. La bonne gouvernance est avant tout une protection pour mon association… Pour éviter que des sous disparaissent dans la caisse ou la moindre forme d’abus de pouvoir.
Mme Bertieaux : Pour moi, ce qui est important, c’est de laisser autant d’autonomie que possible aux associations. Autant je pense qu’un ministre qui donne de l’argent public à des associations à le devoir de veiller à ce que la gouvernance soit bonne au sein de ces associations, autant il ne doit pas intervenir dans les projets. Le secteur Jeunesse doit être à la fois contre-pouvoir et partenaire des autorités publiques, car on porte un projet de société ensemble.
Mme Bertieaux : Dans un premier temps, je me consacrerais à mon projet. Ensuite, je prendrais un rendez-vous. J’essayerais de forcer les portes. J’irais voir les collaborateurs les plus spécialisés pour les convaincre de persuader leur ministre que cela vaut la peine de nous soutenir, de nous mettre en évidence, de nous reconnaitre.
Propos receuillis par François Nemeth et Manon Réeff