Dans la course à la vente de produits inutiles et abscons sur le grand marché de la citoyenneté, moult projets fleurissent qui ont pour ambition, dans le meilleur des cas, la sensibilisation des publics en difficulté à des grands enjeux de société. Dans le pire, la réparation des déviances propres à l’Etre Humain.
Dans cette foire, épinglons le projet pilote « Brevet Piéton » de la région de Bruxelles-Capitale à destination des écoles. Pour former les enfants de 5 à 8 ans à la sécurité routière en tant que piétons, le projet a pour objectif (sic) :
6 consignes, 7 étapes… Voilà de bons paramètres pour pouvoir d’entrée de jeu annoncer les éléments sur lesquels va se fonder l’obtention du brevet (7 sur 13, c’est plus de 50 %…). Les quantophrènes [1] technocratiques de l’objectivation frémissent déjà de cet imparable mesure des compétences acquises.
Pour ce qui est du dispositif : engagement de l’école, formation des enseignants et des enfants, documents et matériel pédagogique, exercices pratiques à l’aide d’un opérateur extérieur, infos aux parents, examinateurs pour les brevets…
Un véritable arsenal déployé pour faire des enfants des « professionnel-le-s du trottoir »…
Les ingrédients d’une splendide supercherie sont réunis :
Et pendant que l’on s’agite à cette mascarade, que l’on formate les enfants à devenir tantôt soldats de l’écologie (en leur donnant plein de photocopies qui expliquent bien tout cela), tantôt des modèles de civilité (tu n’embêteras point les bonnes gens par des attitudes anormales) ou encore des évangélistes d’une micro-cause quelconque, les trains passent…
Les situations de précarité s’aggravent, la domination de quelques uns sur le plus grand nombre se renforce.
L’enfer est, bel et bien, pavé de bonnes intentions.
L’Abbé Tise
[1] Quantophrénie : pathologie qui consiste à vouloir traduire systématiquement les phénomènes sociaux et humains en langage mathématique.