Qui est l’imbécile qui a dit que l’argent ne rapportait plus rien, même dans les placements à risque ? Dans l’affaire du retard de paiement des allocations familiales pour 120.000 familles, en un week-end, la Ministre de l’action sociale du Gouvernement wallon (vice première de ce Gouvernement mais aussi du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles), la sympathique Alda Greoli, a engendré un rendement moyen de plus de 600 % en voulant indemniser les familles à hauteur de 10 €. Il faut dire qu’elle était dans une colère « noire » !
Choper 10 € d’indemnité symbolique sur un week-end, pour un montant d’allocations familiales qui varie d’un peu moins de 90 € par mois pour un enfant à près de 300 € pour deux enfants dans une situation monoparentale, ce n’est pas mal. Tout ça parce que les mouvements financiers interbancaires prennent J+1 (qui se transforment en J+3 quand le week-end s’en mêle) … À l’heure où les bourses parviennent à fonctionner au 10ème de seconde, c’est ballot ! La célérité est sélective, elle aussi…
Du beurre dans les épinards ou de l’esbroufe électorale ?
Après les effets d’annonce de la Ministre, place au pragmato-réalisme. Le Comité de Gestion de Famiwal (la caisse publique wallonne en charge des allocations familiales) a reporté la décision unilatérale de verser 10 € par famille pour « s’inscrire dans un cadre légal précis ». Nous comprenons : la Ministre, dans une colère noire, a très vraisemblablement dû outrepasser ses prérogatives et les possibilités réelles d’intervention.
Si l’on prend en compte les 120.000 familles concernées – dont il ne fait aucun doute que pour certaines, les allocs constituent une ressource financière essentielle voire vitale – cela fait tout de même un petit budget d’un million deux cent mille Euros. En chiffres, cela donne plein de zéros : 1.200.000 €.
Tout ce pognon, libéré en un week-end sur les fonds propres de Famiwal, pour chaque famille indistinctement (pas de discrimination entre les riches et les pauvres), pour de sombres questions de délais interbancaires… Si l’on compare à la médiatique manifestation de charité de la RTBF, Viva For Life, c’est près d’un quart de la récolte de décembre 2018 qui a pu être mobilisée en un week-end. Si on reproduisait une telle mobilisation de moyens les 52 week-ends que compte l’année, la précarité des enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles serait éradiquée. Vive la Ministre Greoli – for Life !
Comment ne pas s’interroger1 face à ce genre de mesure politique qui a squatté l’espace médiatique tout le week-end durant. Et, quasi au même moment, une autre idée à la con était mise en œuvre par le Gouvernement wallon, à savoir une prime de 1000 € annuels pour les kots (wallons). Toujours sans distinction entre les pauvres et les riches… Probablement un « geste » à quelques encablures des élections de mai prochain… Outre les critères d’octroi des « primes Kot » dignes d’un sous-régionalisme nord-coréen (être wallon, étudier en Wallonie et avoir son domicile à une heure de trajet en voiture), l’on ne peut dans le cas d’espèce que constater une démarche bricolée et anachronique.
De plus, à l’heure des programmes européens Érasmus+ qui reconnaissent et valorisent des dispositifs de mobilité pour les étudiants et les professionnels qui dépassent largement les frontières nationales, voilà-ti-pas que le Gouvernement wallon prône de ne surtout pas se frotter aux djins qui n’causent ni wallon…
Nous serions donc soumis à une pensée politique qui n’a d’autres horizons qu’une échéance politique à court-terme et des frontières régionales ? Les utopies et l’universalisme sont relégués en zone résiduaire alors que les jeunes battent le pavé – à très juste titre – pour le climat ! Et dans les deux cas décrits, la question des revenus des bénéficiaires ne s’est pas posée… Comme une lutte active du Gouvernement wallon contre les discriminations… Prolétaires et bourgeois recevront la même chose !
Mais qui, en politique, pense encore globalement et éthiquement à l’heure de la gestion (d’entreprise) et de l’électoralisme (clientéliste) ?
Père Sévèrance
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1. « S’interroger » est une forme de langage conventionnel qui, en réalité, traduit une stupéfaction reflétant un profond dégoût de l’inconsistance politique