Notre « petite princesse » et future souveraine, Élisabeth de Saxe-Cobourg-Gotha a fêté ses 18 printemps le 25 octobre dernier. Pour l’occasion, une teuf « royale » a été organisée, commentée très positivement dans la presse… Il s’agissait, pour le bon peuple belge, d’une rare occasion de réjouissance belgicaine (avec les Diables rouges ou Angèle).
Si le débat sur les rythmes scolaires avait avancé plus vite en Belgique, probablement que le 25 octobre serait tombé durant les 2 semaines de vacances d’automne… Mais dans le cas d’espèce, pas de bol : à un jour près, c’était encore l’école !
Le Palais, malgré son respect indétrônable des lois du peuple belge, s’est permis une petite folie : faire brosser Élisabeth pour son annif. Impossible pour Philippe et Mathilde de « justifier » l’absence de la p’tite à la fin du journal de classe au motif d’un état fébrile ou d’avoir vomi durant toute la nuit… Les médias ont publié des tonnes d’images radieuses de la journée, montrant Élisabeth au mieux de sa forme.
Si on se penche sur la fiesta organisée, outre la curiosité pour les mœurs des hautes sphères, le moindre des constats est que la hiérarchie et l’ordre ont été particulièrement bien respectés.
Le matin, 80 jeunes nés en 2001 étaient conviés, histoire de donner une dimension populaire à l’évènement. Interviewé pour le journal parlé de la Première-RTBF, Clément, étudiant en sciences sociales à l’UMons, enthousiasmé par l’évènement nous informe qu’il s’est mis sur son 31 et a même loué une Porsche pour s’y rendre avec la famille et les voisins pour « marquer le coup et se mettre dans le standing de l’évènement ».
L’après-midi, Élisabeth a eu droit à une fête privée organisée par l’Association de la noblesse du Royaume de Belgique : 500 personnes de la noblesse (comtesses, marquis etc.) ont donc été invitées (sur les 800 invités qui ont cotisé pour un petit présent à l’attention de notre future souveraine) au Concert Noble.
Le soir, c’est le château de Laeken qui fut investi pour une surboum (un dîner et un bal) plus intime réunissant famille, amis et connaissances (dont certaines issues de la noblesse européenne). Sur un malentendu, sait-on jamais que l’amour naisse et rapproche certaines nations…
Alors que cela faisait un moment que nous n’avions plus connu d’évolution du nombre de jours de congés, voire même que nous en avions perdu (pour la fête du Roi le 15/11 par exemple, nous empêchant d’assister au Te Deum), voilà que la princesse Élisabeth, duchesse de Brabant initie, pour sa majorité, le concept de « congé d’anniversaire ». Elle a commencé par elle-même, certes, mais elle ouvre probablement la voie à une revendication collective. C’est du militantisme actif qui vient bousculer l’ordre établi.
Le récit de cette journée retrace, non sans paillettes, l’organisation de notre société et illustre une lutte des classes qui se poursuit. D’un côté : une population qui envie ses élites (au point de louer une bagnole de luxe pour se sentir, quelques heures, faire partie de ce monde). De l’autre : les plus aisés (et méritants ?) qui entretiennent leurs privilèges au sein de clubs fermés.
Parfois, comme l’écrivait Saint-Exupéry, l’essentiel est invisible pour les yeux.
L’abbé Cédaire