Le joli mois de mai a été l’occasion pour l’enseignement catholique de dévoiler, avec tambours et trompettes, son texte de référence1 qui définit la « Mission de l’école chrétienne » (en abrégé, « la MEC », ça ne s’invente pas !)...
Il s’agissait, selon Etienne Michel, directeur du SEGEC, le Secrétariat général de l’enseignement « d’actualiser la philosophie de l’éducation catholique dans le contexte de notre époque » et de dépoussiérer la précédente version datant de 1995. Du coup, le respect de la nature fait son apparition, et même le développement sexuel dans le paragraphe sur l’accomplissement corporel… La preuve que le réchauffement climatique, c’est aussi sous les soutanes !
Alors que la précédente version faisait apparaitre « la lumière de l’évangile » toutes les deux pages, ce nouvel opus est bien plus discret à ce sujet au motif d’un possible malentendu2 sur le prosélytisme de l’école catho qui prône « la liberté de penser et de croire ». Liberté conditionnelle tout de même, lorsque le texte oriente la spiritualité sur la foi chrétienne comme « voie privilégiée en dialogue avec d’autres formes de spiritualité » ou encore lorsque l’école catholique, s’agissant de la transmission et de l’élaboration des savoirs, reconnaît différents ordres de validité de ceux-ci, mais précise que « la religion possède son propre ordre de validité, fondé dans l’alliance de la foi et de la raison ». Comme si foi et raison étaient chou vert et vert chou. J’adore l’humour jésuite !
Soulignons encore que l’enseignement catholique du début du deuxième millénaire après Jean-Claude veut construire des hommes ou des femmes capables de se tenir debout… Mais aptes à s’ouvrir à plus grand que soi… C’est que les prières, pour être entendues par le Tout Puissant, c’est mieux à genoux !
La dernière partie de la « MEC » situe l’école libre dans l’État de droit, convoquant tour à tour la liberté de conscience, de religion et de culte reconnus à chaque personne en lien avec la neutralité de l’État, la liberté d’enseignement et le droit à l’éducation. Ce triptyque sert à justifier, avec un soupçon de malhonnêteté intellectuelle, le soutien de l’État à des structures d’enseignement confessionnelles, le fait que les autorités publiques n’aient rien à dire sur les projets pédagogiques et que les enfants qui fréquentent cet enseignement soient financés au même niveau que dans l’officiel.
Dissimulant autant que faire se peut l’aspect confessionnel, se présentant quasi comme un service public (mais en réalité largement hors de contrôle des citoyens) sans en assumer toutes les obligations et en ne faisant appel à l’État de droit que sur ce qui l’arrange, l’enseignement catholique s’applique à lui-même l’adage « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Et c’est encore la même logique lorsqu’il s’agit de parler « gros sous » dans le dossier des bâtiments scolaires3. Mais pourquoi diable l’argent public devrait-il financer du patrimoine privé ?
L’enseignement qui se proclame libre est en réalité privé et il a beau répéter en boucle qu’un enfant vaut un enfant, particulièrement lorsqu’il y a de l’argent à la clé, on sait tous que les enfants de Dieu valent beaucoup plus que les autres…
Père Pétuel