Vous, les jeunes qui commencez à lire ma chronique, vous êtes sûrement en retard pour aller au taf, ou vous êtes peut être en train de vous demander comment vous allez faire pour vous lever demain matin et revoir la tête de votre boss, ou tout simplement vous êtes en train de chercher un job pour vous payer les derniers escarpins de chez Topshop pour les filles ou acheter la dernière paire de Yeezy x Adidas pour les garçons. Vous vous demandez comment je sais tout ça ? Simplement parce que je suis dans la même galère que vous…
On se demande souvent si c’est pas plus facile et plus amusant dans les autres villes ou encore dans les autres pays. Du coup qu’est ce qu’on fait ? On part. On dégage de ce pays (La Belgique) dans lequel on doit attendre cinq mois avant d’être recontacté pour un entretien d’embauche, patienter deux jours dans la salle d’attente pour qu’en fait on nous dise que le rendez vous est reporté à cause d’un manque d’organisation, et au final perdre l’emploi qu’on nous avait proposé parce que quelqu’un de plus sociable et plus séduisant que vous s’est présenté.
Après longue réflexion, le plus simple est de prendre un billet d’avion et mettre ses dernières économies dedans pour trouver un job dans un pays où on sera surement plus chanceux que celui d’où l’on vient. Arrivé sur place, un homme aussi immigré que toi te demandera ton passeport, ta carte d’identité, ton abonnement téléphonique, ton numéro d’assurance santé et si un seul de ces documents manque à l’appel il te regardera droit dans les yeux et te dira que tu n’es pas en ordre alors que lui même ne l’est pas totalement. Première étape à passer: la langue… Se faire comprendre avec des signes corporels au début, You know what I mean ? On est tous passés par là. La seconde étape est de créer un compte bancaire local, ce qui veut donc dire passer une interview pour ouvrir celui-ci, une interview pendant laquelle la dame peut te dire que tu perdras 3000 balles tous les mois tu lui répondras « OK » car premièrement, tu ne comprends pas le sujet de la conversation et deuxièmement, tu ne sais pas si c’est une question qu’elle te pose ou pas.
Quand tous les documents administratifs sont en ordre, tu peux commencer ta tournée internationale qui s’intitulera « Prends-toi des stops dans les stores » à travers tous les commerces des rues principales de la ville dans laquelle tu as atterri.
Au bout de deux semaines un manager vous passera un appel en vous demandant de venir le jour suivant pour passer l’interview, ce qui vous paraîtra bien évidemment un point plus que positif et vous laissera croire que le job est dans votre poche. Le lendemain vous vous présenterez bien habillé, avec votre dico de traduction en poche, près à l’attaque et réaliserez ensuite que vous êtes plus de 20 à passer cet entretien. Au final le manager ne vous rappellera pas, et si il vous rappelle c’est qu’il pensait que vous étiez Marie alors que vous vous appelez en fait Julie… « Oups mauvais numéro, sorry ». Vous voulez un conseil ? Pour les filles, épousez un richard et restez dans votre canapé en vous chouchoutant les ongles. Et pour les garçons… Eh bien… Essayez encore, no pain no gain comme on dit ici à Londres. Au bout de quelques semaines, on se rend vite compte qu’on aurait bien fait de prendre un billet aller-retour.
Kénia Raphaël, Chronique d’une ado ordinaire