J'entame une nouvelle rentrée à l'école, ma dernière rentrée des secondaires. Année cruciale pour planifier mon avenir...
Vais-je faire des études supérieures en haute école ou à l’unif ? Vais-je voyager pour apprendre une autre langue et découvrir un pays ? Vais-je essayer de dégoter un petit boulot pour tout doucement arriver à une autonomie financière ? Ou peut-être suivre une formation pour apprendre un métier manuel ? Tous ces choix sont une pression énorme à laquelle j’ai l’impression d’être mal préparé.
J’ai le sentiment que si je fais un choix, ce sera verrouillé, ce sera un choix définitif, impossible de revenir en arrière. Aussi je me sens pressé par le temps. Je sens qu’il faut vite que je sache ce que je veux faire. La machine de notre société carbure tellement rapidement qu’il ne faut pas risquer de s’en faire éjecter…
Ces stress alimentent ma peur de l’avenir. Nous ne sommes pas préparés à ces choix. Il n’y a pas de moment à l’école où l’on prend le temps d’y réfléchir concrètement, où l’on explique comment surmonter et gérer ces angoisses.
Au même prix que tout ce qui est en lien avec les documents administratifs, les déclarations d’impôts, les assurances, etc., pour le moment, c’est aux parents à gérer nos angoisses, à nous éclairer dans nos choix, etc. Pourquoi n’y aurait-il pas un temps consacré à cela à la fin de la scolarité ?
De mon avenir ? Une partie de moi se dit qu’elle ne veut pas rentrer dans cet engrenage infernal qui nous pousse à gagner toujours plus. Je me demande alors si j’aurai le temps de profiter de la vie, de penser à mon bonheur et à celui de mon entourage. Mais pour arriver à un mode de vie axé sur le profit du présent, faut-il arriver à une aisance financière pour avoir un certain confort ? Ou faut-il complètement se détacher de l’argent ?
Ces questionnements m’amènent à des interrogations : les gens qui vivent en se focalisant sur les besoins primaires et le bonheur sont-ils plus heureux ? Sont-ils détachés des représentations de l’avenir ou en ont-ils moins peur ? Et puis, le rêve de se détacher d’une société hyperactive et pleine d’anxiété pour « vivre «au jour le jour n’est-il pas, finalement, concevable que pour les gens relativement aisés ? Est-ce que les gens qui ont de l’eau jusqu’au cou se laissent immerger par ce genre de scénarios (alors que leur boulot suffit seulement à leurs besoins primaires et que rester accrocher à la machine est le seul moyen de survie) ?
Je ne sais pas. Je ne sais pas comment organiser mes choix. Est-ce que je veux viser le plus haut possible dans un domaine qui me plait (et être bien financièrement) ou juste arriver à un équilibre avec un boulot plus ou moins aliénant ? Dans ces deux cas, cela veut dire rester dans un système qui pousse tout le temps à se projeter, à toujours faire plus, écrasant toujours une partie de la population. Ou alors est-ce que j’essaye de m’écarter de cette façon de faire mais en étant pas sûr du résultat (et en me confrontant à une différente réalité) ? Ou alors m’éloigner du mode production après m’être créé des bases financières ?
Je ne sais pas. Mais je sais que je ne veux pas être une fourmi et que j’ai peur d’être une cigale.
Elie Scorier, chronique d’un ado ordinaire…