Fléau toujours d'actualité(!), les inégalités scolaires préoccupent nos organisations de jeunesse comme ATD Quart Monde ou encore la Fédération francophone des écoles de devoirs (FFEDD), actives sur ce front.
L’école est importante pour les familles du Quart Monde qui vivent dans la précarité. Elles nous disent : « L’école permet d’avoir un diplôme pour assurer un avenir. L’école apprend à l’enfant à vivre en société, aide l’enfant à se développer, lui apporte un savoir qui le mènera à l’indépendance. » Malheureusement, beaucoup de familles ne trouvent pas à l’école ce qu’ils espéraient. L’école qui devrait être une chance d’aplanir les inégalités les renforce bien souvent.
Dès la maternelle, les enfants des familles du Quart Monde démarrent avec un handicap, leurs conditions de vie ne leur ont pas permis de s’épanouir comme d’autres enfants. Souvent, les enfants redoublent leur 3ème maternelle ou sont orientés vers le spécial. L’orientation vers le spécial s’accentuera en primaire. Peu d’enfants vivant dans la précarité obtiennent leur CEB. Dans leur parcours, ils sont victimes de discrimination sociale, de préjugés. Cela entraine des souffrances et des découragements dans la fréquentation de l’école et aboutit au décrochage scolaire. Communiquer avec la direction et les enseignants est souvent difficile et le dialogue entre parents et enseignants, nécessaire à la réussite de l’enfant est trop peu présent. De plus, le coût de l’école multiplié par le nombre d’enfants est aussi un problème.
En partie pour ces raisons, notre mouvement met actuellement en place un réseau de groupes de travail qui en partenariat avec la « Cgé » (ChanGement pour l’Egalité, mouvement d’éducation permanente à Bruxelles) , réfléchira à « une école de la réussite pour tous ». Dans les différents groupes de travail, on retrouvera les familles vivant dans la précarité, d’autres parents issus d’autres milieux, des professionnels de l’enseignement, des associations et des jeunes. Parallèlement, à un autre niveau, la sensibilisation à la lutte que mène ATD dans les classes se poursuit, avec cette année, comme thèmeCréons un monde où chacun aura sa place. www.atd-quartmonde.be )
La question des inégalités dans les écoles est le cheval de bataille de la FEDD depuis la naissance du secteur, il y a 40 ans. Les premières écoles de devoirs (EDD) ont été créées sur le constat que l’école – développée pour donner des possibilités égales à chaque élève – ne tenait compte de l’environnement/accompagnement de l’élève en dehors de l’école.
Aujourd’hui encore, alors que le projet des EDD a évolué pour proposer un accompagnement plus global à l’enfant (accompagnement des apprentissages : scolaire mais aussi social, culturel et citoyen), nous constatons toujours ces inégalités. L’école donne une base commune à tous mais exige, par son organisation, que l’élève finalise ses apprentissages en dehors de l’institution. Les écoles de devoirs offrent donc un lieu en dehors de l’école pour accompagner et soutenir l’enfant mais également à rebooster l’estime de soi, parfois bafouée par des échecs scolaires. Echecs souvent liés à une difficulté d’adaptation au système scolaire formaté.
Enfin la rencontre entre l’Ecole et les Ecoles de devoirs, c’est un chemin toujours en développement qui dépend de nombreux facteurs dont l’enthousiasme des protagonistes. A un niveau local, des rencontres entre animateurs et enseignants sont organisées par des EDD ou les Coordinations régionales de notre secteur. Les échanges sont riches mais l’image de l’EDD comme simple lieu de remédiation scolaire est difficile à casser ! A un niveau pédagogique, des membres de la FFEDD rencontrent des étudiants normaliens pour les sensibiliser à ces questions d’inégalités. Enfin, au niveau politique, un protocole de collaboration EDD-École est en cours de création… (www.ffedd.be )
Véronique Dossogne (ATD Quart Monde), Anne-Sophie Locht (FFEDD)