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Cultures, travail social, éducation, c’est le trio qui a façonné Anupam Premanand, co-fondateur de l’ASBL éducation Globale et Développement (EGD). Apprendre mais aussi transmettre, surtout aux plus jeunes est son credo. Né à Gondia, en Inde, Anupam est très positive attitude car « la vie doit être vécue comme un agréable voyage » …
J’ai travaillé très jeune dans le monde culturel et associatif, parallèlement à mes études en tourisme international. J’ai sillonné différentes parties de l’Inde pour le boulot et c’est un peu comme passer de la Grèce à la Suède : la langue est différente, l’alphabet est différent,… Cela m’a ouvert à la diversité et surtout m’a appris à percevoir l’unité dans la diversité ». On est dans les années nonante, Anupam va poursuivre ces jobs de formateur/coordinateur dans différentes associations pendant près de dix ans et va tomber sous le charme… d’une volontaire belge ! « On s’est mariés à New Delhi et on s’est installés un temps dans la région de l’Himalaya. Ensuite, après une première visite en Belgique, on y est revenus en 2004 et on a fondé EGD ensemble. J’avais trente ans ».
Cette expérience dans le socio-culturel, en contact avec des personnes des quatre coins de la planète, sera à la base de sa philosophie. « J’ai été touché profondément par les autres cultures et j’ai réalisé l’importance de l’éducation des jeunes, où que ce soit, afin qu’ils s’adaptent aux nouveaux défis et s’épanouissent, à un degré individuel et collectif ».
Anupam Premanand va aussi nourrir sa réflexion en poursuivant sa formation académique (littérature Hindi, arts, spécialisation en éducation pour le développement) en Inde mais aussi en Colombie et au Royaume-Uni. « Cela m’a donné une approche pratique du concept d’unité dans la diversité : nous devons apprendre à vivre dans la diversité où la mixité n’est pas une fin en soi mais sert à créer de meilleures conditions de bonheur pour tous. Dans toutes les entreprises, il y a des formations pour apprendre à travailler ensemble, du team-building, pourquoi pas dans la société ? Souvent, j’entends le terme ‘tolérance’, mais tolérer ce n’est jamais qu’accepter un minimum qui ne suffit pas pour créer une société florissante. Il faut aller au-delà : il faut apprécier ».
C’est l’ambition de leur association. « Nous enseignons différentes techniques de vivre ensemble, de travail ensemble, ce qui inclut les émotions, les attitudes, les aspects relationnels, etc. ». Le projet va grandir jusqu’à acquérir le statut d’organisation de jeunesse en 2014. « Venant d’Inde, j’avais un regard complètement neuf : je ne connaissais pas bien les contraintes, notamment avec les écoles (‘les profs n’ont pas de temps’, ‘le programme est trop chargé’, …). Je me suis dit : ‘si ça a marché autre part, pourquoi pas ici ?’. Il faut venir avec une attitude positive, ouverte. Parfois, l’ignorance est une chance ! ».
Mais Anupam Premanand n’est pas seulement une tête qui pense. C’est aussi une voix ! Il chante, en différentes langues indiennes mais aussi… en russe, japonais et mongole ! Il s’y adonne régulièrement à Nivelles, où il habite. Aujourd’hui, il est également professeur de cultures comparées à la Faculty for Comparative Study of Religion and Humanism à Anvers (pas étonnant ?). « J’adore trouver les éléments en commun de différentes cultures et construire à partir de ça. Quand j’enseigne, que ce soit les cultures comparées ou l’éducation à la paix avec EGD, je le fais aussi pour moi. Je pense être devenu une meilleure personne. C’est très pragmatique. En plus, quand on prend plaisir à faire quelque chose, on le fait bien ! »
Une application pour les jeunes ? « Très vite, nous formons les jeunes afin qu’ils enseignent eux-mêmes. C’est une excellente manière pour qu’ils deviennent des experts en ce qu’ils essayent de transmettre aux autres. Ils deviennent une influence sur leur famille et leur communauté. C’est la clé d’un meilleur futur, pour eux également ».
Et son futur à lui ? « J’ai un recueil de poésies en voie d’être publié et puis, avec EGD, j’aimerais partager encore plus ce que l’on fait, en Belgique mais aussi dans le monde. Chaque culture a des compétences spécifiques à partager, il faut prendre le meilleur de chacune d’elles ». De beaux projets en perspective, avec toujours cette ‘positive attitude’ en toile de fond…