La Garantie Jeunesse lancee par l’Union européenne souhaite que chaque Etat membre s’assure que tout jeune de moins de 25 ans) puisse recevoir soit une offre d’emploi de qualité, soit une formation complémentaire, soit un apprentissage ou un stage (en entreprise) dans les quatre mois suivant la sortie du système scolaire ou la perte d’emploi. Explication du dispositif wallon en cours par Marc Denisty, directeur de la FESOJ(1) et Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ.
Le projet a été présenté à l’ensemble du secteur jeunesse le 24 mars dernier par les représentants des cabinets des Ministres Tillieux (Emploi RW) et Simonis (Jeunesse FWB). Etaient également présents, en tant que coordinateur du plan d’action de la Garantie Jeunesse, des représentants du FOREM. C’était un premier contact avec le secteur de la jeunesse avant de mettre autour de la table le secteur de l’insertion professionnelle.
Ce qu’il faut retenir. L’appel à projets Garantie Jeunesse est pourvu d’une enveloppe budgétaire de +/- 13.000.000€. Ce budget provient d’une part de l’IEJ (Initiative pour l’Emploi des Jeunes) et d’autre part du FSE (Fonds Social Européen). Sont concernés par cet appel à projets, des publics jeunes des régions de Bruxelles, Hainaut et Liège.
Les projets d’insertion-professionnelles au sens large seront prioritaires, s’inscrivant dans des trajectoires d»accrochage» de jeunes de moins de 25 ans à savoir, des jeunes sans diplôme, sans formation et sans emploi appelés NEETS (lire p10.).
Quant au secteur de la jeunesse, il pourra s’appuyer sur le FOREM et le secteur associatif de l’ISP s’il souhaite s’inscrire dans le projet de la garantie jeunesse. Deux focus sont déterminés, à savoir : les NEETS et la formation alternée.2
Dernièrement, la FESOJ a réalisé une enquête informelle (lire ci-contre) auprès de quelques dizaines d’associations. Il est apparu qu’un bon nombre d’initiatives existent dans le secteur de la jeunesse visant à mieux outiller les jeunes dans la recherche d’un emploi. Bien sûr ce dispositif peut poser question, il n’est pas automatiquement une «action incontestable/obligatoire» à mener dans votre association. Il peut ne pas cadrer avec vos missions socioculturelles. Il n’est en tous cas pas une réponse à la carence d’emplois.
Mais pour ceux qui souhaitent davantage peser sur l’employabilité des jeunes via la Garantie Jeunesse, et obtenir des moyens pour ce faire, c’est un projet qui mérite qu’on s’y implique. Il pourrait dès lors être un outil efficace.
Enveloppe: Un euro des régions draine 1 euro du Fonds Social Européen (FSE) + 1 euro Initiative Emploi des Jeunes (IEJ).
Zones géographiques : Bruxelles, ainsi que les provinces de Liège et de Hainaut (en termes de publics).
Structure : Le dispositif fonctionne par portefeuilles de projets répondant à une même stratégie visant l’emploi des jeunes, donc un projet s’intègre dans un ensemble de projets qui est piloté par un chef de file (le FOREm), qui peut être acteur ou extérieur au portefeuille.
Projets/actions : Elles sont en lien avec les missions principales de l’opérateur et s’installent dans la durée (possibilité jusque 2017), touchant des jeunes identifiés. Pour les associations de jeunesse, ce qui est attendu vise surtout l’accrochage des NEETS (jeunes ni à l’emploi, ni en stage, ni en formation) et le partenariat avec des acteurs de l’Insertion Socio-Professionnelle.
Idéalement, un portefeuille de projets regroupe de 4 à 12 opérateurs inscrits dans la même logique, issus des secteurs jeunesse et ISP. Ils peuvent être constitués progressivement, et avec l’appui des fédérations du secteur ou du FOREm par exemple.
Contact : le point de contact pour la Belgique est Synerjob (www.synerjob.be), une interrégionale emploi-formation regroupant FOREM, VDAB, Actiris, ADG et Bruxelles Formation. C’est l’autorité chargée de piloter la Garantie Jeunesse et de coordonner les partenariats.
Acces au financement : Il devrait être structuré via 9 portes d’entrée par le FOREm, l’IFAPME3 et la porte du partenariat (réservée au NEETS). C’est essentiellement celle-là qui retiendra notre attention et permettra d’entrer des projets en provenance du secteur jeunesse.
1/ S’outiller pour mieux comprendre et mieux prendre en charge les jeunes. Il s’agit de mener une étude visant à mieux connaître le public.
2/ Adapter le processus d’accompagnement. L’accompagnement réalisé aujourd’hui par le FOREm rencontre déjà l’exigence minimale de la Garantie Jeunesse mais son impact peut être amélioré via une « dynamique jeune » notamment via l’utilisation de leurs canaux de prédilection (TIC).
3/ Développer l’identification des compétences. Généraliser les outils (bilan, screening, tests…), en développer d’autres sur le potentiel plutôt que les acquis.
4/ Intensifier les liens avec l’entreprise. Augmenter les possibilités de stage. Mettre en place la formation alternée (décret)…
5/ Développer des liens avec l’école. Développer le rôle de prévention via des actions d’information dès la 4ème secondaire confiées aux CEFO (Carrefours Emploi Formation Orientation) en articulation avec les services d’orientation de l’enseignement.
6/ Les NEETS (Not in Education Employment or Training). Ces jeunes ne sont pas connus du FOREm, il s’agit donc de créer des portefeuilles de projets rassemblant divers opérateurs spécialisés en vue de les identifier, de les accrocher, de les remobiliser en vue de la réintégration dans les systèmes organisés.
7/ En amont de la formation : intervention et activation précoce. Dispositif visant à faire découvrir des métiers via des stages chez des professionnels en activité, de manière à outiller le choix de formation des jeunes, à de découvrir la réalité du métier en entreprise.
8/ Pendant la formation: soutien à l’insertion sur le marché d travail. Favoriser l’obtention d’une qualification avec la formation en alternance, organiser des actions de soutien pour les jeunes en décrochage, intégrer des modules porteurs sur le marché du travail (développement durable, mobilité, TIC..), organiser de certification, développer la validation des compétences…
9/ En aval de la formation : faciliter le passage de la formation à la vie active via l’insertion professionnelle, avec des actions collectives et individuelles en partenariat avec les secteurs professionnels…
L’appel à projets devant démarrer prochainement, et l’expérience de nos associations avec le financement européen étant réduite, un dispositif de soutien vous est proposé, articulé autour de votre fédération d’OJ ou de CJ (le cas échéant), la FESOJ, le FOREm et le Cabinet de la Ministre de l’Emploi Eliane Tillieux. N’hésitez pas à vous renseigner.
Marc Denisty et Yamina Ghoul
1. FESOJ : la Fédération des Employeurs des Secteurs des Organisations de Jeunesse, des Fédérations des Centres de jeunes et du Tourisme social (www.fesoj.be)
2. La situation, pour Bruxelles, est différente et il semble qu’Actiris ait déjà une vision claire des actions qui seront soutenues.
3. IFAPME : Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises
La FESOJ a identifié – par une enquête informelle auprès de quelques dizaines d’associations du secteur jeunesse – différentes catégories d’actions et dispositifs contribuant à l’employabilité des jeunes. Conclusion? Elle confirme le rôle des associations de jeunesse en matière d’employabilité, a minima, sans que cela constitue un objectif principal. La poursuite des missions de CJ ou d’OJ amène ces structures à apporter un soutien aux jeunes à la recherche d’un emploi: de la mise la mise à disposition d’outils (informatique, info,…) à la confrontation aux réalités professionnelles via leur participation aux CA, à des projets citoyens, d’expression, créatifs, à des les chantiers internationaux, des comités de concert, etc. Ces différents types d’intervention sont répertoriés comme des outils permettant à chaque jeune de préciser son projet de vie et de s’en sentir le pilote. Par nature, nos associations sont ainsi des acteurs de la mise à l’emploi des jeunes.
De manière moins systématique, un certain nombre d’associations développent des actions ou projets structurés visant particulièrement à soutenir les jeunes, individuellement ou collectivement, en vue de les positionner dans la recherche d’un emploi et dans la définition d’objectifs professionnels. Ce sont ces actions-là, menées par un nombre plus limité mais significatif d’OJ et de CJ que la FESOJ veut valoriser et voir se développer au travers de la Garantie Jeunesse.
L’enquête révèle 7 types d’actions existants pour l’employabilité des jeunes.
Des actions:
1/ d’information « Formation/emploi ».
2/ d’orientation professionnelle.
3/ de formation.
4/ de «Recherche Emploi».
5/ d’«Emploi» de masse (ex. salons, zones emploi, opérations carrière, jobdays…).
6/ d’outils Internet.
7/ des « Jobs & stages ».
Ainsi, les associations travaillent avec et pour les jeunes, à s’émanciper en termes de savoir-faire, mais aussi de savoir-être, comme dans les logiques d’insertion de l’ISP. Certains vont même jusqu’à réaliser des objectifs très opérationnels de mise à l’emploi, s’approchant ainsi des missions des maisons de l’emploi.
Dans cette configuration, notre demande est d’obtenir, via la garantie jeunesse, des emplois APE qui permettront de stabiliser l’action de base des organisations de jeunesse et des centres de jeunes, et de dégager d’autres moyens spécifiques pour augmenter l’action spécifique de ceux qui travaillent de manière exclusivement opérationnelle sur la mise à l’emploi.
La FESOJ