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La parole aux jeunes

  30 Sep , 2021       COJ

Pas moins de quatre initiatives ont eu lieu, cette année et cet été, en Fédération Wallonie-Bruxelles. But : récolter la parole des jeunes. Cet "engouement" nécessaire est dû en grande partie à la crise sanitaire Covid-19 qui a particulièrement impacté les jeunes.  Leur donner la parole, écouter leur vécu, entendre leurs préoccupations reste une urgence.  Mais à quoi vont aboutir ces initiatives? Petit tour d'horizon.

Cela fut abondamment relayé par les médias, les experts et le secteur Jeunesse : les jeunes n’ont pas bien vécu les confinements successifs qui se sont succédés au cours de la dernière année et demie de la crise Covid-19. La Jeunesse a besoin de contacts sociaux, de mouvement pour pouvoir s’épanouir. Obligez-les à rester cloîtrés dans leur chambre pour suivre leurs cours en distanciel, et leur mal-être psycho-social se détériorera sensiblement. Significatif : les consultations pédopsychiatriques étaient surchargées, avec 30 refus/semaine, alors qu’avant la pandémie il y avait en moyenne 50 refus/an (1).

Face à ce constat, plusieurs initiatives ont émergé pour donner la parole à cette Jeunesse en perte de sens. Avec cette évidence de travail : si on veut pouvoir répondre à ce malaise, il faut se donner les moyens de le comprendre, que les jeunes se sentent écoutés, qu’ils puissent davantage s’impliquer pour endiguer leur décrochage. Pour certains, il fallait que cette récolte ne se fasse plus… numériquement, en ligne mais « en présentiel, « à l’ancienne », au contact humain. C’est pourquoi le Tour Bus des Compagnons Bâtisseurs (CB, membre de la COJ) et les Assises de la Jeunesse lancées par Valérie Glatigny, ministre de la Jeunesse (et orchestrées par l’Asbl Scan-R) ont été directement à la rencontre des jeunes, sur le terrain, à sillonner Bruxelles et la Wallonie, en mini-bus, pour glaner les témoignages des jeunes.

L’état d’une Jeunesse pour une future CIM

Dans quel état, ces mini-bus et animateurs.trices ont-ils trouvé les jeunes ? Un des coordinateurs CB témoigne : « Ils avaient besoin de se sentir écoutés, de se confier à quelqu’un, d’avoir des gens avec qui discuter. En tout cas, c’est quelque chose qui est pas mal ressorti. Je pense que le fait d’avoir cet espace d’expression leur a fait du bien. C’était au moment où il y avait l’assouplissement des mesures, ça leur faisait du bien de pouvoir sortir, d’être un peu libres, après avoir été durant des mois à l’école en visio-conférence. S’ils devaient rester confinés en été, ils allaient devenir fous. ».

Les Compagnons Bâtisseurs prévoient prochainement la diffusion des capsules-vidéos de leurs rencontres avec les jeunes. Le projet des Assises de la Jeunesse initié par la ministre de la Jeunesse, V. Glatigny devrait nourrir une future Conférence Interministérielle (CIM), c’est-à-dire une grande réunion avec ses collègues-ministres, concernés par la Jeunesse, de l’autorité fédérale, de la Région bruxelloise, de la Région wallonne et de la FWB afin de travailler sur une vision transversale de la Jeunesse. L’idée consiste à former un grand rapport avec tous les témoignages récoltés, et de les traduire en recommandations politiques. Celles-ci seront discutées lors de cette CIM, prévue pour le mois d’octobre, pour ensuite prévoir d’ajuster les budgets de la FWB en fonction de ces résultats lors du conclave budgétaire d’automne.

Le Forum des Jeunes, l’organe chargé de représenter les jeunes en FWB, a aussi mené son enquête : Être Jeunes en 2021. Ils ont récolté la parole des jeunes via des entretiens qualitatifs à propos de l’impact de la pandémie sur la vie des jeunes et les solutions pour pallier aux problèmes rencontrés. Le résultat de leur travail sera ajouté dans le rapport servant de base à la CIM.
Enfin, rappelons que Amnesty International Belgique, avait, en début d’année, lancé un projet similaire intitulé Mon Cri. L’initiative avait permis de récolter plus de 500 messages et 400 propositions qui ont été relayées au Premier ministre et aux autres ministres compétents. Tous ces témoignages alimenteront le travail des ministres lors de la CIM « Jeunesse ».

Cet énorme travail de récolte de la parole des jeunes mené de front par plusieurs associations et initiatives soulève de l’espoir. La Jeunesse est en demande de réformes et d’écoute, visibles dans leur réalité quotidienne. Les cartes sont dans les mains de la CIM. Espérons que les responsables politiques ne loupent pas ce rendez-vous avec la Jeunesse…

Paul Vanderstraeten

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(1). Rapport Santé Mentale des Jeunes : constats, gestion de la crise actuelle et plan de relance à long terme paru en mars 2021. Rapport réalisé́ par des experts de la Santé Mentale, soutenu par le mouvement citoyen Trace Ton Cercle/Teken Je Hart. www.tracetoncercle.be 

[ Témoignage ]

« Je trouve du sens à me lever le matin. »

Souvent, quand elle ouvre les yeux le matin, la beauté de la nature, le chant des oiseaux incitent Manuella à observer la richesse que le monde lui offre. Quelques secondes plus tard, elle se rappelle toutes les injustices commises, au même moment, aux quatre coins du monde. A priori, son unique envie est de se rendormir et d’oublier la société injuste dans laquelle elle vit et pourtant …

Pourtant …
Je parviens tout de même à me lever et je tente, dans la mesure du possible, de me battre quotidiennement contre les inégalités. Je n’ai aucunement la prétention de dire que je suis « une vraie guerrière » qui lutte et change radicalement son mode de vie. Loin de là, mes efforts sont extrêmement minimes. Avec le temps, je pense qu’une transition complète s’opèrera. En outre, je suis convaincue que si une masse de personnes se lève et met des choses en place pour changer notamment leur mode de consommation, l’impact sera nettement plus conséquent, aura des effets concrets sur la société. Selon moi cette « masse » à sensibiliser, à conscientiser et à éduquer devrait être la jeunesse. Qui demain pourra se lever et changer les choses ?

Quels demains ?
Si rien ne change, la jeunesse d’aujourd’hui est la victime de demain. C’est elle et les générations futures qui devront vivre dans un monde détruit. C’est pourquoi je suis de celles et ceux qui misent sur l’éducation et sur la jeunesse. Si demain matin, je me lève et trouve un sens à ma vie, ce sera pour lutter, à ma manière, contre les différents systèmes d’oppression tels que le sexisme, le racisme, l’homophobie et bien d’autres… Mais ce qui reste le plus urgent pour moi est d’arrêter de détruire notre chère Terre, de commencer à réparer les erreurs commises par nos ancêtres et de prendre soin de notre planète. Très peu de gens se rendent compte de l’urgence et de l’enjeu climatique.

Changeons la donne !
Une vraie question se pose à nous et nous perturbe l’esprit : est-il encore temps de changer les choses ? Le temps nous est compté et il est compréhensible que certains d’entre nous perdent espoir. Cependant, sans cet espoir, porté peut-être principalement par des jeunes, on n’avance vers rien sinon dans le mur. C’est ensemble que rapidement le changement se fera. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, me réveiller chaque matin prend du sens.

Manuella, 17 ANS,
lors de la Caravane des Assises de la Jeunesse

Pendant les mois de juillet et d’août 2021, Scan-R a promené sa caravane, ses cahiers, bics et crayons dans toute la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le but ? Écouter la jeunesse – rencontrées dans toute une série de structures qui accueillent les jeunes de 12 à 30 ans – et récolter ses avis autour de grandes thématiques qui la concerne ! Loisir, avenir, école, santé, … Les textes des jeunes sont à lire sur le site de l’Asbl : www.scan-r.be