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Rencontre & Réflexion

Les lignes, moi… je les sniffe

  19 Avr , 2015       Père Dupourdebon

Oyez Oyez !

Manants et troubadours,

Sachez qu’en ces attendus beaux jours,

La fabuleuse Ministre Milquet,

De l’avenir de la Culture,

Fait le creuset.

Son opération « Bouger les lignes »1 vise à adapter notre politique culturelle à l’évolution de la société et notamment aux grands changements suivants :

1. La numérisation et, avec elle, la globalisation

2. L’interculturalité et la diversité de la société

3. L’interdisciplinarité de l’offre culturelle

Si vous n’aviez rien compris de votre époque, doux rêveurs aux balcons de notre civilisation finissante, voilà que tout est dit ! Aujourd’hui, c’est plein de gens de partout, qui ne causent pas pareil et qui s’habillent dans des costumes folkloriques, pour vous déverser leur littérature, leurs danses, leurs coutumes, leur bouffe et leurs mœurs via Twitter et des pages Facebook…

L’opération «Bouger les lignes» assume donc sans rougir de laisser la politique au vestiaire. Il s’agit de s’adapter (sic) à la réalité, au travers d’un dispositif participatif (sic).

S’adapter, c’est bien… Parce qu’il ne faudrait quand même pas que la culture ne soit pas rentable dans notre société marchande. Ce serait un anachronisme peu flatteur pour une société dite «moderne».

Et la participation, quoi de plus démocrate en effet que de grands spectacles dans de somptueux théâtres brillant de milles feux. La parole du quotidien ne peut rien face au strass et aux paillettes… Elle n’est plus audible.

Le message le plus signifiant est donc bien celui-là. Dans notre société du XXIème siècle, ce ne sont plus les visions d’avenir, les projets de société partisans ou les transformations sociales qui fondent les politiques à mener, mais bien l’adéquation des politiques au temps présent. Que celui-ci soit le produit des crises financières, des tensions géopolitiques sur le plan international, la résultante d’inégalités structurelles de plus en plus criantes…,  cela n’a plus d’importance. Il faut vivre avec son temps, dans une immédiateté consommatoire et jubilatoire qui impose son rythme et renvoie aux périphéries sombres de l’humanité les naïfs et les rêveurs, les pauvres et les petits !

Tu croyais que la politique changeait le monde ? Ah ah ah ah ah ah…

Tu pensais que c’étaient les états qui fixaient les règles de la société ? Hi hi hi hi hi…

Tu imaginais avoir du pouvoir sur ton avenir ? Oh oh oh oh.

Ravale ces vieilles rengaines et tourne-toi vers des occupations bien plus essentielles au devenir de l’humanité : qui sera en finale de The Voice, où aura lieu le prochain attentat en occident, est-il bien normal de tenir la finale de la coupe du monde de football 2022 en hiver ?

Je m’en vais de ce pas au Pacte d’Excellence, une autre fiesta colorée et huppée où coule le Kir Royal à l’issue des représentations… Histoire de retrouver un peu de bon sens civilisé au travers de l’institution de l’école, loin des futiles apparats des cultures multiples et exotiques, voire – ultime facétie – de la démocratie culturelle, qui me donnent le tournis…

1. www.tracernospolitiquesculturelles.be/bouger-les-lignes/ , consulté le 22/03/2015