Des semaines à entendre mille scénarios possibles de rentrée (avoir cours deux jours par semaine, quatre jours par semaine, en plus petits groupes, en groupe classe entier, avec cantine, sans cantine, …) à ne pas savoir à quelle sauce on allait être mangé, et bien ce ne fut pas une mince affaire à gérer pour moi !
Je suis quelqu’un qui n’aime pas l’incertitude et qui a horreur de ne pas pouvoir prévoir. Donc, pendant des mois, la seule chose dont j’ai été certaine, c’est qu’en septembre je retournerais à l’école.
Personnellement, j’aurais préféré qu’on ne retourne à l’école qu’un ou deux jours par semaine parce que j’ai vraiment trouvé mon équilibre dans le travail scolaire à distance. Je sais bien que cette manière de travailler, qui laisse beaucoup plus de liberté et demande plus d’organisation, ne convient pas à tous. Mais cela me convenait plutôt bien, parce que j’ai le « profil scolaire » qui y correspond. Comme me l’ont déjà dit certains enseignants, apparemment je suis une élève « disciplinée », organisée, motivée, sans difficultés d’apprentissage. Je pense que la personnalité, la maturité et la situation familiale d’un élève constituent son « profil scolaire », que ce soit en classe ou à distance.
J’imagine malgré tout, que le travail à distance ne convient pas à tout le monde, surtout quand il est organisé dans l’urgence. Beaucoup de profs n’étaient pas prêts à travailler du jour au lendemain par le biais du numérique. Certains de mes profs n’ont pas donné signe de vie tout de suite voire même pas du tout.
Si je n’avais pas eu à travailler pour l’école très régulièrement, je serais complètement démotivée et dépassée pour cette rentrée. Certains jeunes vivent dans des conditions qui socialement sont déjà un obstacle à leur scolarité. Pour ces jeunes, ne plus se rendre à l’école c’est comme perdre un lien. Il faudrait en tenir compte. Le travail à distance, ce n’est pas encore au point ni pour les écoles, ni pour les profs, ni pour certains élèves. Que faudrait-il ? Du matériel adéquat et des formations pour s’en servir je suppose. Je trouverais ça tellement mieux de pouvoir alterner travail à domicile et en classe.
Pour l’heure, on reprend le chemin de la classe. Cinq jours par semaine, en classe entière, avec un masque et il y aurait même une cantine. L’idée de passer 8h avec un masque est très loin de m’enchanter ! Je pense déjà aux lectures à voix haute en classe. Mais à vrai dire, que ce soit ce scénario-là ou un autre, cette rentrée ne sera pas comme les autres avec les profs encore plus sur les nerfs que d’habitude, les directions sous pression, les parents angoissés de voir retourner leurs enfants soit pour le virus soit pour le retard accumulé, les mesures d’hygiène à respecter et les élèves revenant à l’école après six mois. Alors moi, qui ai aimé travailler (sérieusement) pour l’école « en pyjama de chez moi » – je voudrais que l’on repense le système pour organiser l’école autrement.
9 septembre 2020. J’ai donc repris l’école avec masque toute la journée, récréation y comprise. Il n’y a que les 20 minutes du repas du midi où nous sommes assis, où il nous est permis de ne pas le porter. Mes premières impressions ? Une rentrée à peu près normale à un masque près. Cette année, il faudra que je m’habitue à avoir des petits boutons au niveau du masque ou à avoir le visage collant à cause de la transpiration à force de respirer pendant huit heures avec celui-ci. Mais le plus étrange pour moi c’est qu’à presque une semaine de cours, je ne sais toujours pas à quoi ressemblent les gens de ma classe (j’ai un nouveau groupe cette année) ecol bien entendre des profs qui nous disent: « Levez la main quand vous parlez les enfants ,sinon je ne sais pas qui parle ». Ca me donne vraiment l’impression que nous ne sommes même plus des numéros, c’est quelque chose d’encore plus impersonnel et je n’aime pas ça du tout !
Abigaïl Coster, chronique d’une ado ordinaire (COJ#26)