Situé à Bruxelles, le Bureau International De la Jeunesse (BIJ) a pour mission principale de gérer différents programmes européens, internationaux d'éducation non formelle destinés aux jeunes francophones de Wallonie et de Bruxelles. Interview avec sa directrice, Laurence Hermand autour de leur « années Covid ».
Au moment où la crise s’est déclenchée, en mars 2020, il y avait beaucoup de jeunes en projets. Il a fallu gérer individuellement chacune des situations : ceux qui voulaient rester, ceux qui voulaient rentrer, ceux qui sont rentrés puis repartis. Une année compliquée d’annulations, de reports, de remises en projet, etc. Beaucoup de travailleurs de jeunesse et de jeunes bénéficiaires nous contactaient aussi pour obtenir de l’aide ou simplement un soutien moral. Le volontariat européen a continué dans beaucoup de cas. La quasi-totalité des projets hors Europe ont été annulés. Le BIJ est autonome, nous avons pu rapidement modifier nos programmes. Nous avons lancé des appels à projets sans dimension internationale comme Citoyen en actions et Droits humains. Deux appels à projets locaux qui ont eu un énorme succès (plus de 240 projets ont été déposés). Nous avons aussi mis l’accent sur Bel’J, un programme de volontariat entre nos trois communautés et Minimum, un appel à projet de petite mobilité (d’un jour) pour des groupes de jeunes en difficultés ou qui vivent dans des zones rurales. à chaque fois, il fallait s’adapter aux mesures sanitaires en vigueur. Cela demandait un énorme accompagnement et, administrativement, c’était lourd. C’était une période intense mais on avait l’impression d’être utile.
Certains projets annulés de 2020 sont reportés à cet été, en Europe. Les projets de groupe hors Europe sont toujours en attente. Cela reste très compliqué à réaliser. Par contre, les départs individuels sont en train de remonter. On a, à nouveau, de plus en plus de dépôts pour des projets individuels.
Chaque année la Commission fait son cahier des charges. Cette année, elle a mis en évidence la santé mentale des jeunes. Mais il n’y a aucune obligation de thématique pour ce programme. Les projets de volontariat peuvent toucher toutes les thématiques pour autant qu’il y ait un lien avec la solidarité. Il y des projets liés à l’aide aux personnes, à l’environnement, des projets plus sociaux, intergénérationnels, etc. Le programme a été lancé en avril pour les 7 ans à venir. Le premier dépôt de projets a été fixé en mai dernier, le suivant, en octobre prochain. Ce programme permet aux Organisations de Jeunesse d’envoyer des volontaires dans le réseau européen et d’en accueillir. La Fédération Wallonie-Bruxelles via le BIJ a reçu 1.226.000€ pour l’année 2021.Les choses ne seront plus comme avant.
Il va y avoir ce qu’on appelle la « blended mobility », la mobilité mixte avec des parties de projet qui se feront plus en distanciel mais la partie de rencontre physique restera toujours très importante.
Le changement, ce sont les « projets de participation », un nouveau type de projet qui vise à soutenir et favoriser des projets de participation des jeunes à la vie démocratique. C’est une nouvelle action. Nouveauté aussi avec l’action « ka2, partenariat stratégique » qui est désormais divisée en deux (à petite et plus grande échelle). Elle permettra aux associations plus locales comme les Maisons de Jeunes et les Organisations de Jeunesse d’avoir plus accès à cette action de partenariat. Pour le reste, il n’y pas vraiment de changements. Les quatre grandes priorités pour ces programmes sont : le « green » (tout ce qui a trait à l’environnement), l’inclusion de tous les jeunes (avec plus d’accès à la mobilité pour les jeunes qui ont moins d’opportunités), la participation (aux processus démocratiques) et le développement du numérique.
Les choses ne seront plus comme avant. Il va y avoir ce qu’on appelle la « blended mobility », la mobilité mixte avec des parties de projet qui se feront plus en distanciel mais la partie de rencontre physique restera toujours très importante. Beaucoup de travailleurs de la Jeunesse et d’organisations nous demandent de remettre en place des projets internationaux. Je pense qu’il y a ce besoin d’ouverture et de découverte qui est d’autant plus fort qu’on s’est senti, avec la crise, très enfermé. Là, on a besoin d’horizon, d’ouvertures et de perspectives de rencontres.
Propos recueillis par Nurten Aka.