Logo COJ

En direct des OJ

ONG, OJ, CJ > même combat

  25 Juil , 2022   , , , ,    COJ

Dernièrement, la COJ co-organisait une journée autour de l'Éducation à la Citoyenneté Mondiale et Solidiare (ECMS). Une rencontre entre les Secteurs ONG et Jeunesse. Au programme : échanges de regards et d'outils à travers des ateliers pratiques. Retour sur la rencontre et son sujet, l’ECMS ou la mission CRACS des ONG…

La citoyenneté, l’engagement, l’interculturalité, l’accessibilité, les publics vulnérables, l’écologie, le vivre ensemble, les questions de genre, les enjeux internationaux, la jeunesse, comprendre le monde, se donner les moyens d’agir, sensibiliser,… à travers ces thèmes variés, la journée réunissait plus d’une centaine de participant.e.s travaillant pour des Organisations de la Société Civile (OSC, nouvelle dénomination pour ONG), des Organisations de jeunesse ou Centres de Jeunes, chacun avec son expertise de terrain.

L’initiative a été lancée par ACODEV(1), la fédération francophone et germanophone des associations de coopération au développement. « On a cartographié les secteurs où nous étions peu présents, explique son directeur, Raphaël Maldague, le privé, le culturel, le secteur carcéral, les communes, etc. Finalement, on a choisi de contacter le Secteur Jeunesse qui avec leurs propres référentiels/pratiques pouvait nous s’inspirer et peut-être ensemble créer des dynamiques communes. Pas mal de nos ONG actifs en ECMS sont aussi reconnus dans le secteur de l’Éducation Permanente ou Jeunesse (2). C’était une expérience évidente, intéressante. Il y a une volonté de poursuivre le travail entamé que ce soit par des outils à partager ou des nouvelles journées plus thématiques ».

En effet, cousin de nos missions Jeunesse CRACS, l’Éducation à la Citoyenneté Mondiale et Solidaire (ECMS) n’est un pas un concept nouveau, ni propre à la Belgique. « Avant, on parlait d’éducation au développement. Il y a souvent une confusion car quand on parle d’ECMS, cela regroupe trois piliers d’actions : le plaidoyer politique. Par exemple, des actions pour des lois environnementales, pour une justice sociale, etc., nécessitent des volontaires, des manifestations, et donc il y a une forme d’éducation derrière le plaidoyer. Le deuxième est la mobilisation (exemple, nous essayons d’accompagner les jeunes qui organisent des marches pour le climat). Enfin, le troisième volet, le plus connu, qui est l’éducation, les approches pédagogiques auprès du monde scolaire. »

« On ne peut plus se permettre d’avoir un langage paternaliste envers les pays du Sud qui, pour certaines thématiques, se débrouillent mieux que nous. »  Raphaël Maldague, directeur d’ACODEV

Nouveaux habits Nord/Sud ?

A l’ère de la mondialisation et du XXIe siècle, on peut se poser la question si l’Éducation à la Citoyenneté Mondiale et Solidaire des ONG à l’étranger n’est pas un succédané des rapports Nord/Sud du siècle passé ? « On préfère parler d’actions avec nos partenaires locaux ou partenaires des pays du Sud. C’est une évolution liée à la décolonisation. Le débat a déjà été pris en compte. On ne peut plus se permettre d’avoir un langage paternaliste envers les pays du Sud qui, pour certaines thématiques, se débrouillent mieux que nous. De plus, il y a toute une série de pays (la Chine, les pays islamiques, le Brésil,…) qui ont aujourd’hui leur propre coopération au développement avec des pays d’Afrique ou de l’Asie du Sud-est. En termes de volumes, de programmes, ces pays sont plus importants que ce qu’on pourrait voir venir du monde occidental. On ne peut plus parler de Nord/Sud, même si cela reste difficile à cause des flux financiers qui viennent du Nord vers le Sud, où un bailleur peut interférer dans la volonté d’avoir de vraies relations égalitaires. Le débat est dépassé mais les réflexions doivent se poursuive. »

Aujourd’hui, la citoyenneté « mondiale » est une réponse au monde globalisé dont les enjeux ne peuvent plus être résolus chacun dans son coin-pays. Quant à la citoyenneté universelle, elle reste, pour l’heure, une utopie – même pour l’ECMS. « Il y encore une forme d’inégalité profonde. Si je veux partir au Bénin, cela va me prendre 1/2h pour avoir le visa tandis qu’eux, ils peuvent toujours rêver. Il y a un énorme travail à mener, qui est dans l’esprit de tous les forums sociaux internationaux comme Porto Alegre. L’ECMS recouvre actuellement une citoyenneté « morale », mondiale et solidaire ».

N.A.

____

1. ACODEV réunit 74 Organisations de la Société Civile (Oxfam, Avocats Sans Frontières, Caritas international, Fairtrade Belgium, Médecins du Monde, …) actives dans la solidarité internationale, l’aide humanitaire et l’ECMS. La journée d’échanges a été co-construite avec la COJ et d’autres fédérations d’Organisations de Jeunesse – la Coordination-CHR, Relie-F – ainsi que ses membres, la Fédération Francophones des Écoles de Devoirs (FFEDD) et la Fédération des Maisons de Jeunes (FMJ).
2. A la COJ, Défi Belgique Afrique (DBA) ainsi que SCI-Projets internationaux sont aussi membres d’ACODEV, ndlr

 

@Témoignages

« Pour commencer cette journée de rencontre, nous avons participé à une animation sur la citoyenneté. Au départ d’une fresque d’émergence, nous avons exploré la manière dont est envisagée la citoyenneté dans le secteur Jeunesse et dans les ONG qui font de l’éducation à la Citoyenneté Mondiale et Solidaire. Assez rapidement, nous avons pu constater que nous arrivions à définir ce concept de manière commune et large. Notre groupe s’est mis d’accord pour définir la citoyenneté comme un processus de transformation qui s’appuie sur un collectif, qui s’inscrit dans l’action et qui pousse les individus à s’engager et à devenir des acteurs de changement. J’ai été positivement étonnée que nous arrivions conjointement à cette définition complexe qui va bien au-delà de la définition basique du citoyen qui exerce ses droits et devoirs. J’ai été enchantée de découvrir que nos deux secteurs avaient beaucoup de choses en commun : des valeurs, des méthodes d’animation, des outils pédagogiques… même si nous évoluons dans des cadres administratifs fort éloignés. Cette journée laisse présager de nouveaux échanges et futures collaborations enrichissantes pour les associations. » Nathalie, Fédération des Maisons de Jeunes (FMJ)

 

« Nous voici à Citymagine, ville au 6 quartiers bien typés. La participation et la citoyenneté s’organise dans chaque quartier … Mais a-t-on les forces et les personnes pour l’établir ? Des essais se transforment en réalité, d’autres piétinent, d’autres encore n’arrivent pas à s’organiser… faute de personnes disponibles ou de moyens financiers. Et les actes ou les événements pèsent parfois lourd … telle décision diminue la qualité de vie et il en faut du temps pour la récupérer collectivement. Entre les 6 joueurs et l’animatrice, l’ambiance est bienveillante et constructive, nous nous sentons jeunes et dynamiques. Et dans la vraie vie où les 6 deviennent 600 ou 6000 … comment cela se passe ? Quelle coopération au développement ? Quelle place pour chaque personne et pour le collectif ? Et si le Monde devenait magique … »  Claude-Etienne, Nature et Loisirs

 

« Enfin, rencontrer les autres organisations, jeunes, citoyennes et mondiales, concrétiser nos liens et échanger nos savoirs. Pour Julien et moi, qui avons commencé dans notre OJ en plein confinement, quel plaisir de rencontrer réellement les autres animateurs.trice.s d’OJ et d’OSC. Pour ATD Quart Monde, cette journée était une occasion de montrer les deux aspects caractéristiques de notre organisation : d’une part des engagements citoyens locaux avec des familles et jeunes dans les quartiers défavorisés, par exemple avec les bibliothèques de rue et les rencontres jeunes 16-30 ; d’autre part la dimension internationale du mouvement présent dans plus de 40 pays. Nous avions choisi de présenter une recherche menée en partenariat avec l’Université d’Oxford intitulée les Dimensions Cachées de la Pauvreté (disponible sur notre site et You Tube). Cette recherche a ceci de particulier qu’elle a été réalisée avec des personnes vivant la pauvreté en tant que co-chercheur.euse.s, sujets d’étude et non comme objet d’étude. Il s’agissait d’insister sur la participation de tous et toutes, et quelles étaient les conditions pour réussir cette participation. Nous avons pu avoir de bonnes discussions, que ce soit sur la précarité grandissante chez les jeunes, en rappelant par exemple le grand besoin de colis alimentaires des étudiant.e.s durant les années précédentes. D’autres ont également réagi à propos des préjugés des jeunes plus privilégié.e.s sur les personnes en pauvreté, entendus lors des animations dans les écoles. Un appel à plus de continuité avec la jeunesse entre les formations et les groupes jeunes, afin de militer pour un monde plus conscient et solidaire ? » Katia et Julien, ATD Quart Monde Jeunesse.

 

« Nous avons participé avec curiosité et enthousiasme à cette journée d’échanges. Le matin pour suivre l’atelier du Monde Selon les Femmes, l’après-midi pour animer nous-mêmes un atelier sur les questions de genre. Deux occasions de présenter des outils et les valeurs qui nous animent à des personnes investies et concernées. Dans la bonne humeur et avec intérêt, chacun et chacune s’est prêté.e.s au jeu, a essayé, testé, manipulé ces outils et, avec bienveillance, a pu nourrir des échanges constructifs et positifs. Cette petite pause dans un quotidien bien chargé « sur le terrain », était une belle respiration, qui permettait ouverture, réflexion, échanges et partages, animés par l’envie commune de s’investir auprès des jeunes pour leur bien-être et pour défendre des valeurs collectives. » Kevin, Alter Visio

 

« Nous avons testé des parties de notre outil Dezobeyi*, en évoquant à chaque étape ce que cela permettait d’offrir comme échanges avec les jeunes. Le groupe partageait le constat qu’il était intéressant de partir de la désobéissance au sens large (que les jeunes rattachent généralement à l’école ou la famille) pour ensuite aborder la désobéissance civile à travers des personnages auxquels les jeunes peuvent s’identifier. On a beaucoup parlé de la nécessité de s’adapter à nos publics, et de partir de ce qui les concerne (notamment concernant les exemples de luttes amenés). On a également partagé des situations vécues d’animations, dans lesquelles on était partagés entre l’importance de la liberté d’expression et la nécessité de cadrer les échanges pour éviter des propos blessants (par exemple sexistes, homophobes, racistes…). Tout en ne tombant pas dans la censure pour que les pensées des jeunes, quelles qu’elles soient, puissent tout de même être entendues et qu’on puisse faire un chemin ensemble à partir de là, de déconstruction des préjugés/stéréotypes et d’élaboration d’une analyse collective. Un autre sujet de discussion était l’importance de proposer des projets à plus long terme (en évitant les one shot), et la possibilité de proposer l’outil Dezobeyi pour initier une réflexion plus large sur la désobéissance civile et l’engagement. Comme pistes de collaborations, certain.e.s parmi les participant.e.s avaient déjà utilisé l’outil avec leur public auparavant. Une collaboration autour de la sérigraphie avec une maison de jeunes qui a du matériel a aussi été évoquée (les jeunes pourraient ainsi réaliser des sérigraphies de slogans ou personnages/collectifs du jeu. » Pauline, Quinoa ASBL  – * Dezobeyi est un outil pédagogique sur la désobéissance civile et le combat pour les libertés. Plus d’infos: www.desobeyi.net  )