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Le Manifeste politique de la COJ vient de sortir, couplé à un programme d'activités 2016-2017. A la base, un constat : "les faits et les pratiques des organisations de jeunesse réfutent qu'il y aurait quelque chose de pourri au royaume de la jeunesse.Mais pour voir et prendre mesure de la place de la jeunesse, il faut changer d'échelle et de lunettes."
Le manifeste démarre son propos d’un « Arrggh les jeunes ! » et poursuit comme un coup de gueule : « On est gavés du cliché. Les jeunes ne s’engageraient plus dans la politique, le social, la culture, la vie. Ils consommeraient vaguement des années d’étude dans l’attente hypothétique d’un emploi… Ils y consacreraient leur peu de connaissances et de qualifications sans trop d’enthousiasme dans la mesure où cela n’entamerait pas trop leurs plages de loisirs. à défaut, ils se contenteraient de se vautrer dans un stage, soutenus par le subventionnement familial, en attendant de pouvoir accéder à celui de l’état. Noyée dans le cliché, cette génération émergera-t-elle ? … ».
On le sait, pour ses 40 ans, en 2015 et durant un an, la COJ a semé la réflexion dans son atelier politique pour accoucher d’un Manifeste Jeunesse vous avez dit ? sous-titré Les 12 chantiers politiques de la COJ. Un texte court qui affiche ses douze indispensables pour dégager l’horizon sombre de la jeunesse. Douze thèmes (lire encadré) qui vont de la réussite scolaire pour tous en passant par la promotion du développement durable, de l’engagement associatif, de la mixité sociale et territoriale, de la mobilité pour tous… Des enjeux de société connus. Le manifeste ouvre-t-il des portes ouvertes ?
« Le manifeste n’a pas été pensé pour une île déserte mais pour la jeunesse d’une société d’aujourd’hui et de demain. Ces enjeux la concernent ! Ce serait un comble si le manifeste ne défendait pas ces indispensables. Ainsi, du thème de « la réussite scolaire pour tous », toujours sans garantie dans une société qui se dit démocratique et progressiste ! » s’exclame Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ.
Le manifeste va donc porter ces douze chantiers pour la Jeunesse à travers un programme d’activités « COJ » 2016-2017. à terme ? « Le manifeste, souligne Christine Cuvelier, présidente de la COJ, a été envoyé à près de 500 personnes (secteur non-marchand, ministres et députés, journalistes, etc. Il sera distribué lors de nos activités publiques. C’est aux politiques de s’en saisir, aux organisations de jeunesse de se l’approprier au quotidien. D’où une série d’activités qui explorent ces 12 chantiers. Ensuite, on verra. Le manifeste a mis un an de réflexion, puisant dans l’expérience de terrain des organisations de jeunesse de la COJ. Donnons-lui le temps de s’épanouir ».
On n’en espérait pas tant mais l’ambiance était très bonne pour la présentation du Manifeste politique de la COJ à l’Auberge de Jeunesse Génération Europe, située à Molenbeek, dont on salue le superbe accueil, chaleureux, généreux – et le gâteau-surprise de Sabine. Merci aux artistes de la FBIA d’avoir théâtralisé à l’impro quelques thèmes du Manifeste, interpellant le public qui devait se manifester en levant… le poing au fil des saynètes (pas de bus pour les handicapés, punition cauchemardesque à l’école, « partage » de spaghettis en Kot… ». Ambiance « politique et humour » réussie à voir la ministre éclater de rire. Plus sérieusement, la ministre de la Jeunesse a salué le « sens du chantier de la COJ » dans un discours-analyse fort intéressant. Extrait : « Avec son Manifeste et les actions qui y sont liées, la COJ s’est donné les moyens de faire vivre une réflexion que tous les acteurs du secteur de la Jeunesse peuvent s’approprier. Les 12 axes du Manifeste balayent les éléments essentiels que l’on veut voir imprégner le secteur : mettre la démocratie en actes n’est pas aussi simple qu’il n’y parait ! Chacun sait ici qu’intéresser le jeune au fonctionnement de la démocratie n’est pas chose évidente, que ce soit par le biais des conseils d’administration ou par la création d’activités qui font sens. Replacer l’humain, et plus particulièrement le jeune, au centre du projet de société, c’est retourner aux sources mêmes de l’action politique. Envisager l’épanouissement socioculturel des jeunes, vous l’avez très bien dit, c’est investir davantage dans la culture et la citoyenneté. Augmenter les opportunités de participation des jeunes à tous les échelons de décision de l’action politique. Veiller à un enseignement de qualité pour toutes et tous qui soit un outil d’égalité des chances et non un bassin de reproduction des inégalités sociales. Passer du vivre ensemble au faire ensemble… Et si nous ne sommes pas capables de relever les défis liés à la mixité sociale, au développement durable, à l’engagement associatif, à l’environnement, à l’enseignement, à la mobilité et à l’exercice démocratique en général, nous leur laisserons un monde en bien mauvais état. Retrouver le sens de l’éducation populaire dans une dynamique de long terme me parait urgent. Rassembler les bonnes volontés et les travailleurs du secteur autour d’un idéal commun est encore possible et des initiatives comme la vôtre vont clairement dans ce sens. C’est avec conviction que je m’associe donc à cette démarche. « Une action est une pensée qui se manifeste » a dit Paulo Coelho. J’ajouterai que la pensée qui sous-tend votre Manifeste est une action manifestement utile dont on ne peut que souhaiter le bon aboutissement… »
Avec des partenariats associatifs et quelques événements publics, le Manifeste de la COJ a mis en chantier ses thèmes à travers un ample programme d’activités de ses OJ (animations, formations, rencontres et débats). Cet été, à la Fête des Solidarités à Namur, les 27 et 28 août, le Fiej et le C-paje proposeront des animations politico-créatives par le biais de la création d’affiches. Ici, la revendication – thème 4 – de « l’implication des jeunes » dans la Cité. En partenariat avec Radio Campus 92.1 FM, l’émission Histoire de Savoirs du 23 juin interrogera « l’apartheid social » en compagnie du sociologue Andréa Réa, d’ATD-Quart Monde Jeunesse et de Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ. Au centre de l’échange : le thème 6 « pour une mixité sociale et territoriale ». Cet été encore, toujours à la Fête des Solidarités, on retrouve le thème 9 sur le « développement durable » à travers des ateliers interactifs sur la simplicité volontaire et la fabrication de produits naturels par la Croix-Rouge Jeunesse. De son côté, CREE proposera une animation sur le thème 12 du « vivre ensemble… » à travers un jeu de rôles : se mettre dans la peau d’un sourd pour commander à boire et à manger lors d’un festival . Affaire à suivre sur la page « jeunesse vous avez dit? » de notre site.
Plutôt que de maintenir la jeunesse dans une inacceptable posture d’insuffisance, il est indispensable de mettre en chantier ce qui suit :
1. Démocratie, solidarité et participation : des mots en actes !
2. Investir plus dans la culture et la citoyenneté, ici et maintenant.
3. La participation des jeunes dès leurs premiers actes en société : une évidence.
4. Pour une implication directe des jeunes.
5. La réussite scolaire pour tous.
6. Pour une mixité sociale et territoriale.
7. La mobilité pour tous.
8. L’indifférence économique est une violence faite aux personnes et un déni de démocratie.
9. Promouvoir un développement durable de la société qui place l’humain et l’environnement au centre de ses préoccupations.
10. Une société qui tire bénéfice de ses ressources individuelles est une société qui progresse.
11. Encourager l’engagement associatif.
12. Du vivre-ensemble au faire-ensemble.
Extrait du Manifeste 2015 de la COJ