Logo COJ

En direct des OJ

MENA & OJ, une rencontre solidaire et créative

  9 Jan , 2020   , , , , , ,    COJ

Ces dernières années, pas mal de nos organisation de jeunesse ont mis en place des projets solidaires et créatifs avec les MENA, les Mineurs Etrangers Non Accompagnés. La Fédération des Maisons de jeunes, Le C-paje (Collectif pour la Promotion de l'Animation Jeunesse Enfance) et les Compagnons Bâtisseurs témoignent.

La FMJ (Fédération des Maisons de Jeunes)

Jeunesse Nomade de la FMJ © François Dvorak

« Depuis leur création dans les années 60, au gré des catastrophes naturelles, crises économiques, dictatures et guerres à travers le monde, les Centres de Jeunes –  implantés dans des quartiers ou des villages – ont toujours accueilli des jeunes issus d’un parcours migratoire. En 2016, dans un contexte de dérive médiatique et en lien avec les politiques « d’accueil » mises en place par le Gouvernement, la Fédération des Maisons de Jeunes (FMJ) et ses membres se questionnent : comment ces jeunes sont-ils accueillis ? Où sont-ils ? Leurs droits sont-ils respectés ? Certains Centres de jeunes vont aller spécifiquement à la rencontre des centres d’accueil pour faciliter l’accessibilité de leurs infrastructures et activités aux jeunes migrants. À partir de là, nous décidons d’agir ensemble afin que ces jeunes puissent y rencontrer d’autres jeunes, vivre des amitiés, s’exprimer, participer à des activités et projets, etc. D’une part, via des formations à destination des équipes d’animation pour permettre de comprendre les causes des migrations, les parcours vécus, les raisons pour lesquelles on en arrive à quitter son pays, et décoder le discours médiatique autour de ces réalités. D’autre part, via de nombreuses actions allant de la récolte de vivres ou de vêtements pour répondre à l’urgence, à la réalisation de créations collectives artistiques – les spectacles du projet Jeunesse nomade (photo) -, en passant par des performances dans l’espace public comme la campagne N’expulse pas mon pote ! Aujourd’hui, à travers notre dispositif « Métis » (qui combine trois méthodes : l’interculturel + l’éducation permanente + les pratiques artistiques), nous poursuivons nos actions afin de construire des ponts réels entre les jeunes des CJ et ceux vivant dans des centres d’accueil et ainsi combattre un certain repli des centres sur eux-mêmes quant à l’accès à la culture et aux loisirs. En 2020, notre thème- action sera : « Il est temps de parler de la colonisation ».  C’est aussi une façon de faire entendre l’importance de tout ce qui est lié à l’intégration de ces jeunes dans l’espoir que cela ait un impact dans les prises de décision du CGRA (Commissariat Général aux Réfugiés et Aux Apatrides) car les refus d’autorisation de séjour sont toujours vécus comme un déchirement et provoquent un sentiment d’injustice chez les autres jeunes avec des réactions de solidarité pour soutenir les jeunes migrants. » 

 

Le C-paje (Collectif pour la Promotion de l’Animation Jeunesse Enfance)

Platines & Darbuka du C-paje © Maïlis Snoeck

« En 2017, nous avons lancé avec différents partenaires (maisons de jeunes et Croix-Rouge) de la région liégeoise, un projet d’expression musicale, Platines et Darboukas, avec une présentation publique annuelle, en juin. C’est un prolongement aux activités mises en place à la Croix-Rouge de Fraipont (qui accueille les MENA) à partir des années 2010 tant avec les enfants de la région que les MENA y résidant mais aussi avec ceux d’une IPPJ voisine. L’objectif premier ? Faciliter l’accès pour le jeune à la culture et à l’expression afin d’ouvrir le champ de compréhension et d’appropriation du monde qu’il soit mineur en exil ou non. Le travail collectif est un outil puissant au service de cette ouverture. L’expression des jeunes en exil n’aborde pas nécessairement leur migration, nous ne les orientons pas sur une thématique précise. Ils parlent et s’expriment sur ce qu’ils veulent ou ont décidé ensemble. Bien sûr, leur expérience migratoire est présente mais elle n’est pas centrale dans notre démarche. ».

 

Les CB (Compagnons Bâtisseurs)

Chantier de volontariat avec les Mena © Les Compagnons Bâtisseurs

« En 2018, avec le soutien de Fedasil, les Compagnons Bâtisseurs ont lancé le dispositif JACTIVE, qui a pour finalité de faciliter l’ancrage des jeunes en exil – dont les MENA – dans la communauté locale, à travers des activités de volontariat que nous organisons avec des partenaires et volontaires locaux. Avec ce dispositif, nous avons constaté que le volontariat intéresse directement des jeunes en exil, désireux de se rendre utiles tout en sortant de leur cadre de vie quotidien, de partager ou de développer des compétences et d’élargir leur réseau de connaissances. Les jeunes sont ainsi soutenus dans un processus utilisant le volontariat comme outil et nous travaillons à lever/atténuer les obstacles qui peuvent limiter la participation des jeunes à une activité. Ces freins sont très variés : la méconnaissance du fonctionnement de la société d’accueil, la barrière de la langue, la méconnaissance du concept de volontariat, l’isolement géographique de la plupart des jeunes demandeurs d’asile qui résident dans des structures collectives d’accueil, l’incertitude par rapport à une procédure qui les empêche de prendre un engagement trop loin dans le futur, une autonomie relative, parfois des troubles de la santé mentale,…

Chaque jeune vient avec un passé, une situation présente et un background différents, qui sont effectivement parfois très durs et complexes. C’est particulièrement le cas des MENA qui ont migré seuls. Quand un jeune participe à un projet avec les Compagnons Bâtisseurs, c’est avant tout sa qualité de « jeune » qui est mise en avant et, le cas échéant, les compétences qu’il a déjà et qu’il trouve intéressant de mettre en pratique ou de développer sur le projet. Au-delà de faciliter leur participation, c’est leur permettre de sortir de leur quotidien, de s’occuper le corps et l’esprit pour mettre un peu de côté leur situation administrative (procédure d’asile,…) que nous visons. Il s’agit aussi de briser l’isolement social qui affecte régulièrement les personnes en exil. Pour les jeunes qui le souhaitent, nous les accompagnons aussi dans un processus qui leur permet d’envisager de nouvelles perspectives en leur permettant de participer à différents projets et à prendre davantage de responsabilités (volontariat long terme type service citoyen ou Corps Européen de Solidarité, formation à l’animation). On accueille ces jeunes dans nos activités au même titre que les autres jeunes sans les pointer du doigt comme « MENA »/« migrant», mais sans pour autant nier leur parcours, leur identité et les difficultés auxquelles ils peuvent faire face en participant à  nos activités. Ceci implique de pouvoir prendre en compte régulièrement des besoins spécifiques. C’est par exemple, accepter qu’une procédure (d’asile, de régularisation,…) soit souvent en cours et qu’on n’a aucun impact sur celle-ci. Ceci implique de pouvoir soutenir au mieux le public de l’association face à la violence que peut générer un ordre de quitter le territoire adressé à un jeune volontaire qui a été débouté. L’impact est d’autant plus important quand le jeune s’était inscrit dans la durée. Un des défis est de savoir reconnaitre ses limites en tant qu’OJ et ne pas hésiter à faire appel à d’autres acteurs qui ont l’expertise dont on ne dispose pas nécessairement. JACTIVE, par exemple, repose sur un travail en relais avec le réseau accueil mais aussi, à termes, avec d’autres acteurs associatifs. D’ailleurs, on participera le 21 janvier prochain à une rencontre sous forme d’ateliers, organisée en coopération avec le BIJ, autour des programmes jeunesse comme opportunités pour développer des projets à destination de jeunes migrants et locaux. On aimerait y travailler avec d’autres OJ de la COJ. On va d’ailleurs contacter la FMJ, la CRJ, SCI, et Mentor Escale… De plus, avec JACTIVE, on ne vise pas seulement les mineurs (à partir de 15 ans), on vise aussi les autres jeunes en exil qui rentrent encore dans la catégorie « jeune » (jusque 30 ans, donc). »

Suite du dossier MENA & Organisations de jeunesse  :

Les MENA, une jeunesse en exil

Mineurs en exil : les défis actuels