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#25 – Covid-19 : retour à l'(a)normal?

  9 Juil , 2020    COJ

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"Un monde durable, humain, solidaire et équitable se réanime de plus en plus auprès de citoyens, jeunes, vieux, bourgeois, prolétaires.  En plein confinement, des gens se sont démenés pour aider les plus démunis. En plein confinement, des gens ont bravé l’ordre  pour crier leur colère contre le racisme et les violences policières.  Gardons cette lueur d’optimisme."

Edito

Une fenêtre d’opportunité ?

Des morts par milliers, les inégalités aux premières loges, une mondialisation montrant ses limites, la mainmise des gouvernements « en temps de crise » sur les citoyens mais aussi le pouvoir « rebel » des citoyens portés par la solidarité ou la colère, la vie confinée, les enfants, les vieux, les artistes, les oubliés, le télétravail, le chômage, la créativité comme outil de survie… « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » écrit Jean de La Fontaine dans la fable Les Animaux malades de la peste.

Qui n’a pas été abasourdi par la pandémie Covid-19 ? Quelles seront les séquelles individuelles, collectives, planétaires ? Et quand sortira un vaccin ? …

Lors d’un webinaire de l’ULB sur L’exacerbation des inégalités sociales durant la pandémie covid-19, le sociologue Andréa Rea rappelait l’essai de son confrère allemand, Ulrich Beck qui, en 1986, au lendemain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, publiait La Société du risque.

Ulrich Beck annonçait une société nourrie à la mondialisation et au développement technico-industriel où les causes du risque viendraient des activités humaines. Bhopal, Tchernobyl, Fukushima, vache folle, grippe aviaire, risque nucléaire, risque terroriste, risque financier, coronavirus… qui fait qu’aujourd’hui, le risque semble devenir la mesure de l’action.  « Les gens prennent conscience, disait U. Beck, dans une interview en 2003, que les risques sont transnationaux et commencent à croire en la possibilité d’une énorme catastrophe telle qu’un grand changement climatique, une attaque terroriste, etc. De ce fait, nous sommes liés à d’autres, au-delà des frontières, des religions, des cultures. Le risque produit une certaine communauté de destin et peut-être même un espace public mondial. » Un essai écrit en 1986, une réflexion faite en 2003. Nous sommes en 2020, confinés par une pandémie mondiale. Cela donne à réfléchir sur le futur, ici et maintenant.

A la COJ, et probablement dans l’associatif, nous restons des pessimistes optimistes. Nous rejoignons le sociologue Andréa Réa lorsqu’il conclut son intervention : « Dans l’étude des politiques publiques, en général, les grands changements viennent à des moments qui sont considérés comme externes. Cette pandémie est externe à l’agenda politique existant, externe à l’agenda économique existant. C’est donc un moment que l’on appelle « une fenêtre d’opportunité » pour réfléchir autrement. Il est temps de reconsidérer la production économique du monde actuel autour de la durabilité, des questions climatiques et de l’égalité sociale. Des éléments fondamentaux pour pouvoir réfléchir à un futur ».

On le voit, on le sent, on le vit. Un monde durable, humain, solidaire et équitable se réanime de plus en plus auprès de citoyens, jeunes, vieux, bourgeois, prolétaires.  En plein confinement, des gens se sont démenés pour aider les plus démunis. En plein confinement, des gens ont bravé l’ordre  pour crier leur colère contre le racisme et les violences policières.  Gardons cette lueur d’optimisme.

(Dé)confiné, le COJ#25 raconte notre chamboulement, la gestion de crise à la COJ, les témoignages de nos organisations de jeunesse, le déconfinement de notre chroniqueuse ado, le coup de gueule du Père Dulabataille (à Contre-Courant) et, une première dans nos pages, une nouvelle littéraire de Marc Chambeau qui nous emmène au cœur d’une famille confinée.

Enfin, comment ne pas penser aux artistes et remercier les institutions culturelles, mises à mal et à sec, qui nous offrent encore un fois, des entrées aux expos pour cet été déconfiné en bulles. On en est là.

Portez-vous bien.

Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ