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#28 – Un an sous co—1,5m—vid

  1 Avr , 2021    COJ

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 » Quelle ironie, alors que le secteur Jeunesse a pour mission de former des CRACS (Citoyens Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires), le Politique est en train de former des Citoyens Révoltés, Abimés, Critiques et Solidaires. On récolte ce que l’on sème ? « 

Edito

La fureur de vivre ?

1 an sous Covid-19, la colère résonne de toutes parts : les vieux, les jeunes, les travailleurs de l’Horeca, les artistes etc., et, de plus en plus, au sein du secteur Jeunesse qui a longtemps joué la carte de la « réinvention de soi en temps de crise ».    

Depuis le début de la crise, le COJ récolte les témoignages de nos OJ. Aujourd’hui elles épinglent l’importance du lien, de l’urgence du présentiel face à « l’emplâtre » du distanciel, l’absence de débat démocratique, la désobéissance civile face à l’absurdité de certaines règles…   

Au moment d’écrire ces lignes, mi-mars, la nouvelle vient de tomber : les jeunes majeurs peuvent se rassembler à 10 en extérieur dans le cadre des activités jeunesse. Avant cela, c’était interdit alors que ces rassemblements, dans le cadre privé, étaient permis.  

Au-delà de l’absurdité de certaines règles c’est l’ensemble du secteur qui se questionne sur le déni du politique quant à son travail de terrain. Ces règles changeantes font naitre un sentiment d’éloignement face à notre réalité. Comment d’ailleurs faire cela en extérieur ? Nos formations volontaires, les activités avec les membres, les affiliés ou les professionnels du secteur, les réunions entre encadrants, les échanges de pratiques ? Il est temps que l’utilité de nos activités soient reconnues et qu’elles puissent être organisées dans de bonnes conditions.

Face à la détresse des jeunes, face à des protocoles successifs imposés, en février dernier, la Fédération des Maisons de Jeunes a ainsi lancé SOS Jeunes en détresse dans l’espace public et sur les réseaux sociaux. On découvrira la poésie-rap, Covid-Deux d’Elodie Raithier (« … C’est saoulant / Cassure du temps / Fêlures pour nous les adolescents / Que peut-on faire ? / A part nous taire ? / Ça nous met en colère…»).   

Même monsieur Pierre, 92 ans, raconte comment il est privé de sa vie, comment on lui prend le temps qui lui reste. Lui pour qui « perdre son humanité est un traumatisme ».    

La santé mentale a fait la une de l’actu cet hiver. Au printemps, la révolte risque-t-elle de reprendre le fambeau ? Derrière ces rébellions, n’est-ce pas finalement, la vie, la fureur de vivre, individuelle et collective, qui semble animer l’humain ?  

Aucun État ne peut avancer sans en tenir compte. Si les citoyens savent obéir à un système, ils savent aussi se révolter.  Surtout quand un système perd de son crédit, quand des dirigeants politiques n’entendent plus la Cité. La Cité se fera entendre.

Quelle ironie, alors que le secteur Jeunesse a pour mission de former des CRACS (Citoyens Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires), le Politique est en train de former des Citoyens Révoltés, Abimés, Critiques et Solidaires. On récolte ce que l’on sème ? 

Yamina Ghoul, Secrétaire général de la COJ