"Etrange enjeu : en période de grande turbulence, le politique pousse la société/le citoyen à avancer à la normale, peu adepte de la « slow life ». Un objectif qui semble avoir oublié une notion, certes à la mode, mais fort juste : le BIEN-ETRE."
«J’ai donc repris l’école avec masque toute la journée, récréation y comprise. Il n’y a que les 20 minutes du repas du midi où nous sommes assis, où il nous est permis de ne pas le porter… le plus étrange pour moi c’est qu’à presque une semaine de cours, je ne sais toujours pas à quoi ressemblent les gens de ma classe (j’ai un nouveau groupe cette année) ou bien entendre des profs qui nous disent: « Levez la main quand vous parlez les enfants ,sinon je ne sais pas qui parle ». ça me donne vraiment l’impression que nous ne sommes même plus des numéros, c’est quelque chose d’encore plus impersonnel et je n’aime pas ça du tout ! ». C’est ce qu’écrit Abigaïl Coster, 14 ans, notre chroniqueuse ado (lire p19).
Une amie nous disait : « du voile on passe au masque et là, ce n’est plus une question de religion mais bien une question de protection » tant les débats font rage autour de cette rentrée scolaire masquée.
Etrange enjeu : en période de grande turbulence, le politique pousse la société/le citoyen à avancer à la normale, peu adepte de la « slow life ». Reprendre les cours, en classe masquée, avec l’objectif déclaré de l’« évaluation et l’identification des retards et difficultés des apprentissages liés au confinement ». Un objectif qui semble avoir oublié une notion, certes à la mode, mais fort juste : le BIEN-ETRE.
Le bien être au sein de l’école, le bien-être des élèves et des enseignants qui doivent désormais forcer la voix sous le masque. Des profs déjà sous pression. « Pour moi, témoigne une enseignante bruxelloise, le plus stressant, c’est la matière à voir car il faut rattraper 3 mois de cours mais c’est possible en allant à l’essentiel, en supprimant la session de décembre et en supprimant les sorties… ». Allons-nous au casse-pipe ?
Comme l’écrit Virginie Pierre dans notre dossier spécial rentrée : « La vigilance quant au bien-être des élèves devrait être la boussole de cette année scolaire particulière ». En Fédération Wallonie Bruxelles, +/- 900.000 élèves dans l’enseignement obligatoire sont concernés. Les politiques et les experts devraient peut-être méditer cette conclusion d’un parent fâché : « Face à cette crise sanitaire, n’y avait-il pas mieux à construire comme rentrée scolaire ? Tout cela manque d’imagination, d’écoute, d’humanité. Tout cela manque d’échanges entre nous, les parents, enfants, enseignants, et les dirigeants-décideurs. Je suis fâchée. Je me sens seule. Tout ceci est accepté comme un « destin » auquel on ne peut échapper. Je crois qu’on peut malgré tout améliorer la qualité de vie de nos enfants. Ils le méritent. Ici, ils payent les pots cassés des adultes. ». Dossier à lire pp 8-15.
Face à la Covid-19, la société entière est sur le qui-vive, les organisations de jeunesse n’y échappent pas. Toutefois, elle sont munies d’une boussole C.R.A.C.S plus nécessaire que jamais, histoire de privilégier l’humain au système et non l’inverse.
Bonne rentrée, faites-vous du bien, à vous, à votre environnement, à votre système immunitaire, la tendance du moment pour la traversée automne/hiver…
Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ