Travailler à l’heure « COVID », suite… Avancer dans le flou, continuer ses missions C.R.A.C.S, (télé)travailler, se retrouver au chômage temporaire, se fatiguer des vidéoconférences, manquer à ses collègues, perdre le sens, rester efficace, s'inquiéter pour l'avenir, ré-adapter ses activités, garder le lien avec les jeunes de son association, interpeller le politique, se mobiliser, se réinventer… Comme dans nos précédents numéros (lire COJ# 25, 26 & 27), les Organisations de Jeunesse-membres de la COJ témoignent de l'aventure inédite que nous vivons. 3 Questions à Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ, sur le "pont" depuis le début de la crise...
Avec plus d’ampleur, de réunions et d’inconnues à gérer. Nos membres ont des réalités et des questions particulières auxquelles il faut répondre. Puis-je faire une consultation avec un jeune par rapport à son orientation scolaire ? Mon organisation s’occupe de jeunes sourds et malentendants, puis-je poursuivre les cours théoriques pour le permis de conduire ? Certaines organisations accueillent des jeunes en difficulté et se demandent si elles peuvent les accueillir et les soutenir. Même si notre ministre de tutelle, Mme Glatigny, a multiplié les réunions pour nous informer des nouvelles décisions, les questions appelaient des réponses pointues que l’on n’a pas forcément, vu que différents protocoles (École, Jeunesse, ONE, Culture…) s’entrecroisent, se succèdent et parfois se contredisent. Cela rend difficile les partenariats avec les écoles mais aussi les activités des associations. Aujourd’hui, à la mi-mars, on en est à « quémander » la possibilité d’avoir des activités pendant le congé de printemps (Pâques) avec une ministre qui est prise entre le marteau et l’enclume, entre les experts scientifiques et les décisions fédérales du CODECO et le secteur de terrain ainsi que l’urgence des jeunes en désarroi extrême. Le ras-le-bol est général et la santé mentale, au mieux, en équilibre précaire.
Nous exposons constamment la détresse des jeunes et nos difficultés de fonctionnement. Pourtant, les protocoles ne semblent pas en tenir compte. . De plus en plus de jeunes sont dans une profonde détresse, voire en dépression. Nos Organisations de Jeunesse sont inquiètes. Il faut imaginer : tout un travail a été fait en 2019 et s’est arrêté en 2020. Comment retrouver ces jeunes – et dans quel état – un an après ? Au-delà de la colère, il y a une demande d’être entendu et pris en compte. Pourtant, le prochain CODECO est le 26 mars à la veille des congés de printemps. Qu’est-ce qu’une organisation peut encore imaginer/organiser/réserver suite à ces décisions « last minute » ? L’évolution des protocoles n’a pas été à la hauteur de ce que le secteur a manifesté comme désarroi et comme demande d’urgence de relancer les activités. Après près d’un an de patience constructive, le secteur Jeunesse a décidé de se faire entendre à travers des actions qui se préparent.
Cette réforme est prévue dans la Déclaration de Politique Commune (DPC). Toutefois, quelle est son urgence alors que nous sommes dans une situation de pandémie qui nous paralyse, que la priorité pour le secteur de la Jeunesse est de relancer les activités. La simplification administrative comme « prétexte actuel » peut s’amorcer hors de la réforme. Je pense qu’une réforme de décret se fait en présentiel, en consultation avec l’ensemble du secteur, avec des moyens budgétaires nouveaux et sur base d’une évaluation qui a déjà était faite par l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse ( OEJAJ). Le moment est très mal choisi.