Logo COJ

#08 Le repli

  8 Avr , 2016    COJ

   Télécharger en pdf
Et la Mixité? Bordel ! La question est d'actu. On creuse le sujet avec Edouard Delruelle, prof de philosophie politique qui parle de racisme culturel et préconise un nouveau contrat social. A lire aussi Député, just for one day , un jeu de rôle politique pour les jeunes ou encore, question juridique :  comment devenir tuteur MENA... Car comme le disait Christiane Taubira : "Il faut refuser, malgré les intimidations, de capituler intellectuellement".

Edito

La dernière en date. à la Philharmonie de Cologne, alors que le claveciniste irano-américain Mahan Esfahani introduisait, en anglais, sa pièce, un spectateur a rétorqué : « Faites-nous le plaisir de parler en allemand ! ». L’absurde là où on ne l’attend pas. Telle notre Europe qui perd la boule, impossible d’humanisme (?). Là on décide de spolier les biens des migrants, là on ferme les frontières, là on expulse sans ménagement des hommes, des femmes, des enfants, des gens à bout de souffle qui ont fui des guerres, où la main de l’Europe n’est pas tout à fait innocente (?).

La crise est humanitaire et l’Europe est incapable d’y répondre, voire elle l’a créée. Les membres de l’Union y voguent en solo, certains ont retrouvé le goût des barricades et des frontières. La démocratie est malade.

Et la honte d’être européen. Il faut donc moult réunions/tractations entre dirigeants pour « accorder » aux enfants réfugié(e)s errants la permission de rejoindre un membre de leurs familles installées dans un pays européen. Dans quelle société humaine vit-on ?

C’est vrai que voir des images de migrants entassés dans des abris de fortune, accablés de rumeurs grossissantes d’agressions sexuelles, de vols et de bagarres par des migrants musulmans « sauvages » a de quoi diffuser la peur, même aux plus progressistes d’entre nous. « La peur est compréhensible, la haine est inacceptable » souligne le philosophe Edouard Delruelle.

De cette actualité folle, dans les pages du COJ, nous avons interrogé ce professeur de philosophie politique, ancien directeur du Centre pour l’égalité des Chances, sur la mixité et le vivre ensemble. Où en est-on ? Réponse : dans des crispations, chacun dans son ghetto, dans un nouveau racisme basé sur nos identités culturelles. Pour lui, « la mixité ne peut fonctionner que s’il y a davantage de convergences sociales et un socle citoyen solide » qui passerait par l’Europe, et par les fondamentaux : logement, emploi et école. Interview à lire en pages 6 et 7.

Heureusement, des ouvertures existent. Elles tiennent debout.  Pour le COJ, nos organisations de jeunesse donnent leur avis sur la mixité, certaines n’ont pas attendu la/notre crise des migrants pour créer des ponts avec les jeunes réfugié(e)s.

Ouverture et repli filent entre nos pages. Ouverture avec le jeu de rôle du Parlement Jeunesse et le témoignage Député, Just For One Day. Ouverture aussi avec le jeune photographe, volontaire dans un centre pour réfugié(s)s. Et même ouverture, in extremis, avec le nouveau Conseil de la Jeunesse…  De quoi paraphraser Eluard, « Solidarité, j’écris ton nom » …

Yamina Ghoul