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#21 – Le volontourisme ou la marchandisation du volontariat

  1 Juil , 2019    COJ

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Aujourd’hui, des agences proposent aux Occidentaux des « packages » allant jusqu’à 2000 euros pour des projets de volontariats internationaux, là où une ASBL demandera des frais de participation de 200 à 300 euros. Mirage et perversion...

Edito

Anecdote significative. En voulant illustrer notre dossier sur le « volontourisme » nous avions choisi une superbe photo de couverture : deux Africains, le visage peint, le costume bigarré, les yeux écarquillés. Pas de doute : magnifique, expressive, exotique, la photo avait le rythme qu’il fallait pour accrocher notre sujet.  Ne trouvez-vous pas ?

Et pourtant. La conférence et l’interview passionnantes sur le volontourisme avec notre OJ, SCI-projets internationaux, nous avait sensibilisé à 4 postures-pièges, idéaux du « Blanc » engagé dans le volontariat international : le sauveur, le manipulateur, le voyeur, le romantique.

Des postures sur lesquelles s’appuient des agences privées spécialisées dans le volontourisme, ce concept bâtard qui allie « volontariat » et « tourisme ». Aujourd’hui, des agences proposent aux Occidentaux des « packages » allant jusqu’à 2000 euros pour des projets de volontariats internationaux (Afrique, Asie, Amérique latine, Europe du Nord, de l’Est, …), là où une ASBL demandera des frais de participation de 200 à 300 euros.

« C’est une perversion du volontariat qui devient une attraction touristique, un concept ’Bongo’ » dénonce la SCI-Belgique. Les projets sont des produits « magnifiés » avec « des photos de qualité professionnelle qui peuvent tromper sur la réalité des projets. Une traversée nomade à dos de dromadaire pour des ‘projets sociaux au Maroc’ ».

Personne n’est à l’abri du mirage. Pour la couverture de notre magazine d’été, COJ#21,  nous avions aussi été tenté par le cliché des dromadaires dans le désert…  

Autre enjeu alarmant : la remontée de l’extrême droite en Flandre. Rajoutez la NVA qui, dans le genre, n’est pas mal non plus. Le COJ#21 a la migraine. On creusera, dans un prochain numéro, ce mirage d’une extrême droite 2.0, à l’apparence « propre ». Au point qu’aujourd’hui, les médias peuvent afficher un tel titre (accrocheur ? maladroit?) : « Le Vlaams Belang est-il raciste ou pas ? ». Le journaliste de l’article étant pourtant un vrai progressiste et un excellent interviewer.

Il y a urgence. Si les associations, le monde culturel et les médias ne font rien, ils risquent de trinquer ! Ainsi, le Vlaams Belang aura deux administrateurs au conseil d’administration de la VRT, chaîne publique et d’autres sont annoncés dans de hauts lieux culturels comme l’AB ou le KVS !

Il serait temps que les partis progressistes flamands (et d’Europe) se réveillent, retrouvent leurs combats et leurs idéaux d’une société plus juste, touchent le cœur des citoyens (jeunes et adultes) et éteignent les populismes nauséeux.

Avant les élections, la COJ organisait la dernière étape de son projet En Campagne ? Pas Sans Nous ! réunissant au Parlement wallon, jeunes, politiciens et experts. Une journée nécessaire au vu des débats parfois controversés. Reportage et témoignages à lire en p12.

Enfin, c’est l’été. Et comme chaque été, le COJ a une pensée pour nos organisations de jeunesse qui (s’)animent  dans les plaines et les  festivals ; et pour ceux  qui soufflent :  « les bons plans de la rédac’ », histoire d’adoucir la fin d’une saison dense…

Bel été,

Yamina Ghoul, Secrétaire générale de la COJ.