De fait, à chaque époque ses nouvelles formes de participation (associative) ? La question devrait re-alimenter nos débats et nos outils de ces prochaines années...
« Devenir trésorier, secrétaire et président, quand il en y en a (dans le collectif où je suis, il y en a très peu), c’est chiant. En réunion, le lundi soir, on est six, mais en manifs, on est mille. Et ce n’est pas grave. J’entends que les petites et grandes institutions ont du mal à mobiliser les jeunes. Rassurez-vous : on a du mal à se mobiliser entre nous aussi. Je pense qu’on a besoin d’abord de se structurer entre nous, d’apprendre par nous-même (le terrain, la mobilisation, …) pour après, entendre qu’on a besoin du soutien des institutions, des associations. »… Ceci est le témoignage éclairant d’une jeune militante de 23 ans lors d’un récent colloque sur l’engagement et la participation organisé par la Croix-Rouge Jeunesse. Le COJ#32 en a fait son dossier de printemps.
On le sait, la participation et/ou l’engagement est une question qui occupe le monde associatif en général, le secteur Jeunesse en particulier. Soit dit en passant : la société actuelle nous appelle aussi à participer, chacun devenant acteur, de son bien-être, de sa santé, de la planète, de la politique. Un parti politique (le cdH) vient de se métamorphoser en mouvement « Les Engagé.es » (sic) et appelle tous citoyens à amender leur programme (déjà bien) en cours.
Si la participation reste un outil concret pour l’émancipation personnelle et l’action collective, méfions-nous : son injonction à tous les échelons creuse un boulevard à l’individualisme ambiant, éloignant le sujet du « commun », dédouanant les responsabilités du système. Entre la liberté d’écrire sa participation, de trouver son engagement et celle imposée aux forceps, à l’injonction, il n’y a parfois qu’un pas qui peut cacher/gâcher l’essentiel.
Au sein des Organisations de Jeunesse (OJ), les organes de gestion – l’assemblée générale et le conseil d’administration – doivent être composés d’au moins 2/3 de personnes de moins de 35 ans. Dans une société sur-sollicitée, ce quota n’est pas évident à atteindre pour tous. Certaines associations constatent, que l’engagement des jeunes se fait en dehors de ces instances plus « administratives » ; que l’action, les projets, les activités concrètes constituent le cœur de la participation et de l’engagement des jeunes. Ne l’oublions pas.
S’il est important de « démystifier CA et AG » comme le conseille Mélodie Vierendeels, 32 ans, administratrice depuis 2019 et présidente depuis 2021 chez les Compagnons Bâtisseurs, l’engagement et la participation sont, comme nous le rappelle le colloque de la CRJ un cheminement fait de rencontres où « la valorisation des projets et le sentiment d’utilité sont très addictifs et aident par conséquent à maintenir la motivation nécessaire.»
Aujourd’hui, on a dépassé le cliché que « les jeunes ne s’engagent plus ». On s’aperçoit que les jeunes investissent, de plus en plus, des collectifs informels (comme les récentes manifestations pour le climat, contre le racisme, etc.), avec des engagements nomades. « Les associations ‘installées’ doivent se faire contaminer par les associations naissantes et militantes, par les collectifs, soutenir ces émergeants, proposer des locaux, apporter un soutien humain grâce aux subsides qui sont des ressources publiques. On montrerait alors l’exemple et on permettrait à ces émergeants de rester libres et d’avoir un discours fort. » avons-nous entendu lors des derniers débats du Collectif 21.
De fait, à chaque époque ses nouvelles formes de participation (associative) ? La question devrait re-alimenter nos débats et nos outils de ces prochaines années…
Geneviève Nicaise, Secrétaire Générale de la COJ